C’est Nico Spuntoni, sur la Bussola, qui nous les donne. Le cardinal passera un « triste Noël » en prison. Privé de messe. En attendant l’affaire continue de déchirer l’opinion publique en Australie, « innocentistes » et « culpabilistes » s’affrontent sans trêve et les soutiens du cardinal sont désignés par les médias à la haine du public.


Le triste Noël du Cardinal Pell en prison. Sans Messe

Nico Spuntoni
La NBQ
16 décembre 2019
Ma traduction

À la prison de Melbourne, où il purge une peine pour abus, George Pell passera un Noël sans messe : la prison n’a pas d’aumônier et on l’empêche de la célébrer. En attendant la Haute Cour, le climat de chasse aux sorcières continue, mais beaucoup sortent du bois pour dénoncer les accusations et montrer leur solidarité à Pell. C’est aujourd’hui le 53e anniversaire de son ordination.

Le climat de chasse aux sorcières continue d’accompagner le sort du cardinal George Pell, qui se retrouve à l’isolement dans une cellule de la prison de Melbourne pour purger une peine de six ans pour abus. Une affaire judiciaire dans laquelle il y a le doute troublant de l’innocence totale du condamné et sur laquelle, très probablement, le dernier mot sera dit par la Haute Cour australienne, qui a admis l’appel interjeté par la défense contre la sentence en appel.

Le fort soupçon que la justice australienne a jusqu’à présent envoyé un homme innocent de 78 ans derrière les barreaux unit des milliers de personnes dans le monde entier. Cette conviction est appuyée par l’opinion de Mark Weinberg, l’un des juges – le plus expérimenté des trois – de la Cour d’appel de Victoria, qui, dans un rapport long et minutieux, a démantelé la crédibilité de la preuve contre Pell, examinée par le jury du tribunal du comté. Dans ce rapport, en désaccord avec la décision majoritaire prise par ses deux collègues, l’ancien chef du ministère public fédéral avait noté « des incohérences et des divergences » dans les accusations du plaignant, tout en soulignant qu’ « un certain nombre de ses réponses n’avaient simplement pas de sens ».

Sur cette base, Weinberg concluait que l’appel de la défense du cardinal contre la peine de six ans de prison pour abus pédo-sexuels devrait être accepté. Toutefois, les opinions divergentes des juges Anne Ferguson et Chris Maxwell ont confirmé le verdict négatif rendu contre Pell, qui purge toujours sa peine à la prison d’évaluation de Melbourne.

Dans le pénitencier, qui abrite principalement des prisonniers pour des crimes tels que la pédophilie et la violence sexuelle, le préfet émérite du Secrétariat à l’économie passe ses journées dans une cellule où il a un lit simple avec un mince matelas, une télévision et des toilettes en métal. Pour sa propre sécurité, le Cardinal Pell ne peut pas entrer en contact avec d’autres prisonniers, étant donné le risque élevé auquel sont confrontés les prisonniers célèbres, mais seulement avec le personnel pénitentiaire. Parmi ses voisins de cellule, il devrait encore y avoir James Gargasoulas, l’auteur de ce que Mark Weinberg lui-même – le juge qui l’a condamné à 46 ans de prison – a appelé « l’un des pires exemples de massacre de l’histoire australienne. Le tueur qui, il y a deux ans, sur Bourke Street (rue commerçante de Melbourne), a foncé dans la foule avec une voiture, tuant six personnes et en blessant plus de vingt, souffre de schizophrénie paranoïaque et est connu de la police pénitentiaire car il dérange habituellement les autres prisonniers, parlant continuellement la nuit et se déclarant « envoyé de Dieu ».

Le Cardinal Pell passera Noël prochain en prison, toujours sans avoir la possibilité de célébrer la Messe et sans pouvoir concélébrer. La prison d’évaluation de Melbourne, en fait, n’a pas de véritable aumônier et la seule assistance spirituelle est confiée à une religieuse. Ce n’est qu’occasionnellement que le cardinal communie dans sa cellule et ce sont les seules occasions où il a accès au sacrement.

Aujourd’hui marque le 53e anniversaire de son ordination sacerdotale, une date que beaucoup de croyants et même de non-croyants – convaincus de l’innocence de l’ancien archevêque de Sydney – n’ont pas oubliée: il y a de nombreuses lettres qu’il continue à recevoir et dont il a admis tirer une grande force pour endurer la détention. Sa santé continue d’être bonne, malgré la perte de poids importante. Ces dernières semaines, un appel à écrire à l’adresse de la prison de Melbourne pour exprimer la proximité humaine avec le prisonnier le plus célèbre d’Australie a provoqué des réactions de haine dans cette opinion publique qui reste sans doute convaincue de sa culpabilité: un diacre anglais qui sur Twitter avait invité ses followers à envoyer une lettre de félicitations au cardinal pour Noël prochain a été l’objet de menaces de mort.

Le climat d’intolérance dans l’affaire Pell a également fait une illustre victime: l’ancien Premier ministre australien, Tony Abbott, « coupable » d’avoir rendu visite au cardinal en prison. Le membre du Parti libéral [grosso modo ‘à droite’ de l’échiquier politique, ndt], qui n’a jamais nié son amitié avec le cardinal et qui avait déjà avoué l’avoir appelé le lendemain de sa condamnation, a été surpris à la sortie du pénitencier par une équipe de 7News et a réagi aux questions provocatrices du journaliste, se limitant à dire qu’il avait « rendu visite à un ami ». Le geste d’humanité d’Abbott a été fortement attaqué par Daniel Andrews, premier ministre catholique professé de l’État de Victoria, et s’est retrouvé dans le collimateur de nombreux commentateurs et médias nationaux.

Malgré cette ligne intransigeante d’une partie de l’opinion publique convaincue de la culpabilité du cardinal, il y a beaucoup d’innocentistes qui sortent au grand jour (voir, parmi les exemples les plus récents, l’enquête menée par Andrew Bolt de Sky [Affaire Pell: un basculement de l’opinion publique?]), comme en témoignent les diverses initiatives prises pour exprimer son soutien à la thèse de la défense. Parmi elles, une pétition a même été lancée sur Care2 [1], dans laquelle, s’adressant directement au cardinal, sont récitées des prières et des neuvaines pour sa libération.

Les culpabilistes et les innocentistes devront probablement attendre jusqu’au mois de mars prochain, date à laquelle devrait avoir lieu la première audience de la Haute Cour, qui a accepté d’écouter les raisons de la défense et est donc appelée à se prononcer définitivement sur cette affaire, qui continue à diviser l’Australie et au-delà.


NDT

[1] Réseau social en ligne sur internet qui a été fondé en 1998 dans le but d’aider les militants du monde entier à communiquer plus facilement.
( https://fr.wikipedia.org/wiki/Care2)

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