« Le continent africain reste le moins touché par l’épidémie de coronavirus. Dans un contexte où les systèmes de santé sont un désastre, le réseau d’hôpitaux géré par l’Église catholique est la meilleure alternative. Samuel Kleda, archevêque de Douala, au Cameroun, a même créé deux médicaments à base de plantes qui fonctionnent bien » [nous en avions parlé ici] . Article d’Ana Bono, spécialiste de l’Afrique, sur la NBQ.

L’Eglise et la prise en charge du Covid, l’exemple du Cameroun

Ana Bono
La NBQ
1er avril 2021
Ma traduction

L’Italie [et nous!!!], pour ne pas admettre les carences du système de santé national, les dysfonctionnements de la médecine territoriale, le nombre insuffisant de médecins et de lits dans les hôpitaux, s’entête à considérer le confinement et les vaccins comme les seuls moyens efficaces de lutter contre le COVID-19. Le résultat est que nous sommes au septième rang mondial pour le nombre de décès: 107 933; et parmi les dix premiers pour le nombre de décès par million d’habitants: 1 787 [en France, c’est apparemment un peu mieux, ce chiffre s’établit à 1447, ndt] .

De nombreux pays doivent faire face au coronavirus et ont des systèmes de santé beaucoup, beaucoup plus mauvais que les nôtres, mais ils ne souffrent pas autant. En Afrique, il y a un manque de médecins, d’hôpitaux et de médicaments. L’État africain qui compte le plus de médecins est l’Afrique du Sud, qui n’en compte que 91 pour 100 mille habitants. De plus, seule une petite partie de la population africaine est en mesure de pallier à ses propres frais les déficiences du système de santé public. En Ouganda, par exemple, la seule machine de radiothérapie est tombée en panne en 2016, et pendant deux ans, ceux qui en avaient les moyens sont allés se faire soigner au Kenya ou dans un autre État voisin. D’autres patients atteints de cancer ont été laissés sans traitement. Sur le continent, on plaisante, avec amertume, sur le « tourisme de santé » des chefs d’État, ministres et parlementaires qui vont se faire soigner en Europe et aux États-Unis.

Et pourtant, l’Afrique, en particulier l’Afrique subsaharienne pour laquelle on craignait le pire, est la zone géographique la moins touchée par le Covid-19 et on continue à se demander pourquoi. On sait qu’un grand nombre d’Africains, par nécessité et par conviction, s’en remettent aux guérisseurs traditionnels: évidemment avec des résultats dramatiques, sauf s’il s’agit de maladies qui passent toutes seules. Ce n’est certainement pas la sorcellerie qui prévient et guérit le COVID-19. Mais il existe en Afrique une autre alternative aux soins de santé publics, qui font défaut, et aux soins de santé privés, qui sont coûteux, et c’est le réseau capillaire de cliniques, d’hôpitaux, de centres de santé financés, administrés et gérés par des instituts religieux chrétiens et en particulier par l’Église catholique: la plupart d’entre eux ont été créés pendant l’ère coloniale européenne, beaucoup même avant. Ils traitent avec dévouement et professionnalisme, ils acceptent même ceux qui ne sont pas en mesure de payer. Nous savons que c’est grâce à ces structures sanitaires, avec l’aide de fonds privés et le volontariat de nombreux médecins, que des millions d’Africains sont nés, ont grandi, vivent en bonne santé et sont assistés dans le besoin. Nous ne saurons jamais combien de personnes ont été traitées et guéries du coronavirus, elles pourraient être des dizaines, des centaines de milliers, car nous savons que, là où ils existent, leur présence fait la différence.

Rien qu’au Cameroun, des milliers de personnes ont été guéries du coronavirus depuis un an grâce à deux médicaments à base de plantes, Elixir Covid et Adsak Covid, créés par Mgr Samuel Kleda, archevêque de la capitale économique Douala, expert dans l’utilisation des médicaments à base de plantes. Mgr Kleda avait annoncé en avril qu’il avait trouvé un remède qui pouvait atténuer les symptômes du coronavirus. Peu après, l’archevêché de Douala a ouvert des dispensaires pour distribuer gratuitement les deux traitements. Les gens ont afflué. Même les personnes hospitalisées ont reçu le traitement et se sont rétablies. Le pourcentage de décès parmi les personnes gravement touchées par le virus a également été réduit. « Jusqu’à présent », a déclaré Mogr Kleda à la fin du mois d’avril, « nous avons distribué le traitement à des centaines de personnes et toutes ont été guéries ». Depuis, au vu des résultats, des personnalités politiques et des hommes d’affaires ont commencé à collecter des fonds pour permettre à Mgr Kleda de produire de grandes quantités de ses médicaments. En juin dernier, la ministre de la Santé Malachie Manaouda et le Premier ministre Joseph Ngute ont rencontré Mgr Kledaaprès quoi une audition a été organisée au Parlement.

Nous arrivons à aujourd’hui avec l’annonce faite le 17 mars par Marius Macaire Biloa, coordinateur national de l’Association Catholique pour la Santé au Cameroun, que les deux médicaments seront mis sur les marchés étrangers, au prix de 30 et 36 dollars, alors qu’ils continueront à être totalement gratuits dans tout le pays où ils sont actuellement distribués dans une douzaine de centres de santé catholiques dans les deux principales villes qui enregistrent le plus de cas de COVID-19: Douala et la capitale Yaoundé.

Le Cameroun compte un peu plus de 27 millions d’habitants. Jusqu’à présent, 47 669 cas de COVID-19 ont été détectés et il y a eu 721 décès, soit environ 27 par million d’habitants [rappel, 1447 en France]. Depuis mai dernier, les règles anti-infectieuses ont été progressivement assouplies. L’ouverture des lieux publics le soir avait fait craindre une propagation de la maladie, mais cela n’a pas été le cas
Mgr Kleda, qui a été nommé archevêque de Douala par le pape Benoît XVI en 2009, est un herboriste connu et respecté. Il a commencé à travailler avec des herbes et des remèdes naturels il y a 30 ans, alors qu’il était recteur du petit séminaire de Saint-Paul-de-Guider, dans le nord du Cameroun, poussé par le manque de médicaments pour les enfants. « Nous guérissons grâce aux herbes », a coutume de dire Mgr Kleda, « et avec l’intercession de la Vierge Marie ». Un « effet secondaire » important et précieux de sa cure anti-COVID-19 est qu’elle a été l’occasion d’initier une réflexion clarificatrice, reprise par des responsables politiques, sur la différence entre l’usage médicinal de substances naturelles et la sorcellerie encore si profondément ancrée sur tout le continent africain.

Mots Clés :
Share This