Toute la journée d’hier, les bulletins d’information nous ont rebattu les oreilles avec la nouvelle qu’une « anti-avortement » avait été élue à la présidence du Parlement européen suite au décès de l’Italien David Sassoli (PD). Déjà, et en admettant que la qualification corresponde à la réalité, la définir de cette façon est éminemment réducteur, et surtout révélateur des priorités du « machin » de Strasbourg. Parallèlement, les milieux conservateurs catholiques, se sont réjouis de la « bonne nouvelle ». Sauf que… Madame Metsola (*) est l’archétype du fonctionnaire (ici, européen) dont les dents rayent le parquet (pour parler familièrement). Dans le passé, son attitude a été suffisamment ambigüe pour s’attirer des soutiens de tous les bords, et elle a donné des gages abondants au lobby LGBT. Et à peine élue, elle s’est empressée de proclamer son allégeance aux dogmes politiquement corrects sur « la santé reproductive » (!), les « valeurs de l’Europe », et le souverainisme.
On se disait, aussi: c’était trop beau. Mais elle n’a pas eu le choix. C’était cela… ou rien.
A noter: Roberta Metsola est « catholique pratiquante », si l’on en croit Le Monde. Elle devait relire la fameuse « Note Ratzinger » de 2002 sur les Chrétiens en politique.

(*) Une petite note personnelle en marge, et c’est une femme qui l’écrit: l’UE est maintenant « dirigée » par deux femmes: Von der Leyden, et maintenant Metsola. Sans remettre en cause leurs compétences, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle, y compris par les intégristes de la « parité ». Dans la vie courante, on a pu constater que la féminisation d’une profession (journalisme, magistrature, politique – la représentation parlementaire…) s’accompagnait souvent d’une banalisation, voire d’une paupérisation, en tout cas d’une perte de prestige. On peut le déplorer, mais c’est ainsi! Dans le cas d’instances sans légitimité démocratique comme les institutions européennes, on ne peut évidemment pas parler de paupérisation, mais la présence au plus haut niveau de femmes prend acte du fait que le pouvoir est ailleurs. Elles sont là « pour la galerie », et ce n’est pas être complotiste que de penser que les décisions sont prises à un autre niveau, où l’on ne s’embarrasse pas de parité.

Une conservatrice, vraiment?

Matserola. De pro-vie à pro-avortement. Pour le pouvoir

Lucà Volontè
https://lanuovabq.it/it/metsola-da-pro-vita-ad-abortista-per-il-potere
19 janvier 2022

L’élection, à une nette majorité, de la Maltaise Roberta Metsola comme nouvelle présidente du Parlement européen n’est pas une bonne nouvelle. Ceux qui se réjouissaient hier de son opposition à l’avortement ont très vite dû changer d’avis après ses propos sur la « santé reproductive » et le « nationalisme ». Et puis il y a son engagement en faveur des droits des LGBT.

Le Parlement européen, qui compte 705 membres, a élu hier la populaire Maltaise Roberta Metsola comme nouvelle présidente. Elle a été élue avec une nette majorité de 458 voix sur 616 votes valides. A 43 ans, accomplis hier, Metsola est la plus jeune présidente de l’histoire du Parlement européen et la première femme de ces 20 dernières années, avant elle il n’y a eu que Simone Veil et Nicole Fontaine.

Ceux qui évoquaient la position anti-avortement de la nouvelle présidente ont dû changer d’avis immédiatement. Dans son discours inaugural, elle a tout de suite mis en garde contre le « nationalisme » et, non sans une certaine ambiguïté, a prévenu qu’elle combattrait les forces qui remettent en cause « nos valeurs et principes européens », lançant un avertissement clair à ceux qui « cherchent à détruire l’Europe, qu’ils sachent que cette maison [le Parlement] est contre eux ». Ce que sont les valeurs et les principes européens et comment la nouvelle présidente du Parlement les comprend – qu’il s’agisse de ceux inscrits dans la lettre des traités ou de ceux que nous avons vu s’imposer au cours des dernières années de centralisme exaspéré de marque LGBT et abortiste – n’a volontairement pas été précisé.

Seul le temps nous dira comment Metsola comprendra son rôle. Mais il est téméraire de se réjouir de l’élection d’une catholique anti-avortement, comme beaucoup l’ont fait hier. Les faits montrent que Metsola est clairement l’un des promoteurs les plus transparents de l’idéologie gender et du dogme LGBT. Il n’est même pas nécessaire de revenir sur sa carrière politique, il suffit de rappeler que le 23 septembre 2019, elle avait participé avec l’eurodéputé Terry Reintke (coprésidente de l’Intergroupe LGBT), la commissaire Vera Jourová et plusieurs ministres et sous-secrétaires à la conférence organisée par ILGA Europe (un lobby LGBT) et par la présidence tournante finlandaise du Conseil de l’Union européenne sur l’avancement des droits des LGBT; Quelques mois plus tôt, elle avait signé le « Manifeste électoral des engagements LGBT » de l’ILGA, comme elle l’avait fait lors de la campagne électorale de 2004. Ce n’est pas un hasard si les dirigeants socialistes ont accepté de soutenir Metsola en échange d’un engagement sur les priorités politiques avec le PPE et Renew Europe, et après s’être assurés cinq des 14 postes de vice-président du Parlement, ainsi que la tête de la Conférence des présidents de commission, un poste clé traditionnellement occupé par le PPE qui coordonne le travail entre les différentes commissions du Parlement et affecte indirectement aussi le calendrier des travaux de l’Assemblée.

Tout est clair, les dogmes LGBT et la pression contre les pays chrétiens ne feront qu’augmenter dans les deux ans et demi à venir. Metsola ne fera vraisemblablement ni plus ni moins que ce que Sassoli a montré au cours de son mandat. La présidente Ursula von der Leyen, les commissaires Helena Dalli, Vera Jourová et Franz Timmermans peuvent être sûrs d’avoir un allié. Le pacte de coopération sera encore plus fort, précisément en raison du pouvoir écrasant accordé aux socialistes dans les commissions parlementaires, où les dossiers et les résolutions sont préparés pour le vote de l’Assemblée. La jubilation que suscite l’élection d’une anti-avortement à la présidence du Parlement est donc déplacée : Metsola elle-même l’a fait savoir quelques minutes après son élection, en rencontrant des journalistes de la presse internationale.

Malgré les polémiques journalistiques artificielles mettant en avant son opposition à l’avortement, fondées en fait sur nombre de ses déclarations et votes contre tous les documents pro-avortement du Parlement européen (voir le Rapport Matic), la présidente nouvellement élue, pressée lors d’une conférence de presse sur ce qu’elle comptait faire en matière d’avortement, a répondu sans hésiter :

Le Parlement européen est sans ambiguïté sur tous les droits en matière de santé sexuelle et reproductive. Il a demandé à plusieurs reprises que ces droits soient mieux protégés. Le mois dernier encore, nous avons souligné que l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive est un élément essentiel pour parvenir à l’égalité des sexes et éliminer la violence sexiste. C’est la position du Parlement et je peux vous confirmer que je me suis engagée auprès de vous tous à ce que ce soit la position que je promouvrai et que j’ai déjà défendue lorsque j’ai été chargée, en tant que vice-présidente, de représenter la présidence du Parlement.

Sur l’avortement, la conscience, les combats et les convictions de Roberta Metsola ont été mis de côté, la position et le rôle ont pris le dessus : la nouvelle Metsola est abortiste et soutiendra ces résolutions parlementaires insensées qui mortifient des pays comme la Pologne et sa propre patrie, Malte, où l’avortement est interdit.

Ainsi, pour faire carrière, les catholiques en politique doivent abandonner des principes non négociables ? Non, et les cas des courageux présidents de la République de Malte (George William Vella est prêt à démissionner si une loi sur l’avortement est votée), du Portugal (qui a refusé par deux fois de signer la loi sur l’euthanasie), de l’Équateur (qui a déclaré son veto à une éventuelle libéralisation de l’avortement dans le pays) et des politiciens au gouvernement en Pologne (sur le droit à la vie et la lutte contre les dogmes LGBT) et en Hongrie (sur la liberté d’enseignement et l’interdiction de l’endoctrinement LGBT) nous disent qu’il est possible de servir Dieu avant les vaches de César.

En lui adressant nos vœux les plus sincères de bon travail et en assurant Roberta Metsola des mêmes nombreuses prières que nous avons récitées pour Sassoli, aussi de son vivant, nous voulons simplement lui rappeler que, même en tant que présidente du Parlement européen, Dieu la voit toujours. Nous la mesurerons sur les faits, mais son changement de position sur la vie humaine de l’enfant à naître par goût du pouvoir est inacceptable.

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