De la désormais fameuse interview avec la vaticaniste d’AP, Nicole Winfield, nous nous sommes focalisés ici sur ses réponses concernant l’affaire Rupnik. J’ai eu la curiosité d’aller chercher sur le site de l’agence la transcription de l’interview, dans la langue originale, l’espagnol, (on peut supposer que ce sont les mots du Pape « dans leur jus », sans embellissement ni « nettoyage » de convenance, le négligé de la syntaxe correspond bien à ce que nous savons de lui), plus précisément le passage où il est question du cardinal Zen et de l’accord avec la Chine. L’héroïque prélat, en particulier, est décrit comme un petit vieux pittoresque, sympathique, un peu paumé, qui prie et pleure devant une statue de la Sainte Vierge (qui doit beaucoup lui parler) et dont on supporte avec indulgence les excentricités en raison de son grand âge, en attendant qu’il meure – mais sait-on jamais, « comme les Chinois sont éternels, il faudra attendre, quoi, plusieurs années » avant de nommer un successeur.
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Les bras m’en sont tombés. Ou cet homme est inculte, n’a aucune connaissance des dossiers et est totalement inapte à la tâche, ou c’est un acteur de premier ordre (ou les deux) qui joue les naïfs pour décourager les questions de l’interlocuteur. Mais sous la bonhommie apparente perce un authentique mépris pour la piété du vieux lion Zen (dont on apprend qu’épuisé par son voyage à Rome, il a dû être hospitalisé – ce qui rend d’autant plus choquants les mots du pape).

apnews.com
(traduction avec Deepl, corrigée)

AP : Parlons de la Chine. Le Vatican a continué à défendre cet accord sur la nomination des évêques chinois face aux critiques qui y voient une trahison des catholiques de ce pays, et l’un des critiques les plus virulents est le cardinal (Joseph) Zen. Vous l’avez rencontré il y a quelques jours, pouvez-vous nous dire de quoi vous avez parlé et comment s’est déroulée la rencontre ?

François : C’est un vieil homme charmant. Il est charmant. Avec les Chinois, tout le monde est charmant, quand ils veulent être gentils, ils sont gentils. Il est dans un processus qui est administratif, quelque chose comme ça. Je n’ai pas bien compris ce que c’était, quelque chose comme si vous étiez pris dans la rue à conduire sans immatriculation, une chose disciplinaire. Et quand ce sera fini, ils vous feront payer une amende et c’est tout.

Que fait le cardinal Zen dans la vie ? Comme aumônier de prison. Et il est en prison toute la journée. Il est ami avec les gardes communistes, avec les prisonniers. Ils le reçoivent tous bien. C’est un homme d’une grande sympathie. Le côté combat de Zen a en quelque sorte disparu. Je ne dis pas qu’il n’est pas là, il l’est, mais il est caché derrière ce côté pastoral. Nous avons discuté pendant un moment, puis son secrétaire est arrivé. Je n’avais pas apporté de livres pour le secrétaire, comme cadeau. Alors j’ai dit, « Allons en haut chercher les livres ». Zen et le secrétaire sont venus. Eh bien, devant mon bureau, à l’étage, où se trouvent ma chambre et la salle de réception….. Ici, j’ai la Madone de She Shan qu’on m’a donnée, une statue. Zen l’a vu et, comme un enfant, s’est mis à pleurer. C’est une âme tendre, Zen, le Zen courageux. Et puis, eh bien, nous avons vu les livres qu’ils voulaient et il est parti heureux, avec beaucoup d’humour. Et il m’a dit qu’il est très heureux du travail qu’il fait, le travail pastoral chez lui.

Et comme les Chinois sont éternels, il faudra attendre, quoi, plusieurs années pour qu’il parte, mais je ne peux pas y nommer un cardinal car il y en a déjà trois. L’un succède à l’autre. L’archevêque actuel est très bon, il vient de Hong Kong. C’est un très bon jésuite, très bon.

AP : Et quelles sont les prochaines étapes de ce dialogue avec la Chine ? Considérant la relation avec Taiwan.

François : Pour les Chinois, le temps…. Mais nous prenons des mesures. Chaque cas est examiné à la loupe. Non, oui, il y a un dialogue…. Et c’est là l’essentiel, le dialogue n’est pas rompu. Et les Chinois ont aussi de beaux gestes de courtoisie à notre égard. Parfois ils sont un peu fermés, parfois non.

Il y a un autre problème que nous devons prendre en compte. S’il y a un problème ici en Italie, nous disons que nous avons un premier ministre, qu’il le résolve et c’est tout, et qu’il publie un décret. Nous avons un parlement, nous avons un décret. En Chine, il s’agit de provinces très différentes et parfois de gouvernements différents qui ne se comprennent pas tout à fait lors des réunions du parti national, qui se battent, il y a, je ne dis pas des luttes intestines, mais d’un certain point de vue… intestines.

Donc, ce qui se fait dans un gouvernorat, ce que fait un gouverneur dans une province, peut-être que l’autre gouverneur ne le fait pas, il est plus fermé, celui-ci est plus ouvert…. La Chine doit être considérée de cette manière en raison de ses différentes provinces, qui sont très diverses. La Chine est un monde. Et la Chine… Il faut marcher avec patience pour la Chine. J’admire le peuple chinois.

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