Ecole Ratzinger – De décembre 2022 à mars 2023 se tient en France la « convention citoyenne sur la fin de vie ». Elle « réunit 150 citoyens tirés au sort [!!!]. La convention est organisée, à la demande du président de la République, par le Conseil économique, social et environnemental » (www.vie-publique.fr). Un comité théodule de plus, donc, pour un de ces sujets dits sociétaux, dont on nous assure qu’il rencontre un large consensus dans une opinion publique anesthésiée, soumis à un traitement politico-médiatique « en pointillé » – on en parle quand cela arrange pour faire diversion. Gageons que la conclusion est écrite d’avance, les dernières digues vont sauter, et tout le monde se dépêchera de l’oublier.

En septembre 2010, lors de sa visite extrêmement dense au Royaume Uni, Benoît XVI avait expressément tenu à soustraire quelques instants à un agenda très chargé pour se rendre dans une maison de retraite (comme il le fera deux ans plus tard pour une maison gérée par Sant’Egidio à Rome: cf. Vieillesse). A cette occasion, il adressait aux pensionnaires un message marqué de son expérience personnelle, qui pourrait servir de boussole à une réflexion inspirée par la foi, et donc de « feuille de route » aux pasteurs.

La vie est un don unique, à chaque stade, de la conception jusqu’à la mort naturelle, et c’est Dieu seul qui donne et qui reprend

Alors que les progrès de la médecine ainsi que d’autres facteurs permettent de prolonger la durée de la vie, il est important de voir dans la présence d’un nombre croissant de personnes âgées une bénédiction pour la société. Chaque génération peut apprendre de l’expérience et de la sagesse de la génération qui l’a précédée. En effet, l’attention apportée aux aînés devrait être considérée non pas tant comme un acte de générosité que comme le remboursement d’une dette de gratitude.

Pour sa part, l’Église a toujours eu un grand respect pour les aînés. Le quatrième commandement, « Honore ton père et ta mère comme te l’a commandé le Seigneur ton Dieu », est lié à la promesse, « afin que se prolongent tes jours et que tu sois heureux sur la terre que le Seigneur ton Dieu te donne ». Ce travail de l’Église en faveur des personnes âgées et handicapées n’est pas seulement porteur d’amour et de soins pour ces derniers ; mais il est aussi récompensé par Dieu à travers les bénédictions qu’il a promises en faveur de la terre où ce commandement est observé. Dieu veut un respect vrai pour la dignité et la valeur, la santé et le bien-être des personnes âgées ; à travers les institutions de charité en Grande-Bretagne et au-delà, l’Église cherche à accomplir le commandement du Seigneur de respecter la vie quels que soient l’âge ou les circonstances.

Au tout début de mon pontificat, j’ai dit, « Chacun de nous est voulu, chacun de nous est aimé, chacun est nécessaire ». La vie est un don unique, à chaque stade, de la conception jusqu’à la mort naturelle, et c’est Dieu seul qui donne et qui reprend. On peut jouir d’une bonne santé dans le grand âge ; mais les chrétiens ne devraient pas craindre d’avoir part aux souffrances du Christ, si Dieu veut que nous luttions avec nos infirmités. Mon prédécesseur, le pape Jean-Paul II, a souffert très visiblement durant les dernières années de sa vie. Il était clair pour nous tous qu’il le faisait en union avec les souffrances de son Sauveur. La gaieté et la patience avec lesquelles il affronta ses derniers jours furent un exemple remarquable et émouvant pour nous tous qui avons à porter le poids de nombreuses années.

En ce sens, je viens parmi vous non seulement comme un père, mais aussi comme un frère qui connaît bien les joies et les peines qui viennent avec l’âge !

Nos longues années de vie nous permettent d’apprécier à la fois la beauté du plus grand don que Dieu nous ait fait, le don de la vie, aussi bien que la fragilité de l’esprit humain. A ceux parmi nous qui vivent longtemps, est donné une merveilleuse chance d’approfondir notre conscience du mystère du Christ, qui s’humilia pour partager notre humanité. Tandis que la durée normale de nos vies s’accroît, nos forces physiques sont souvent diminuées : et pourtant, ce temps peut être spirituellement parmi les plus féconds de nos vies. Ces années nous donnent l’opportunité de nous souvenir dans une prière affectueuse de tous ceux que nous avons chéris en cette vie, et pour présenter tout ce que nous avons été personnellement et tout ce que nous avons fait, devant la miséricorde et la tendresse de Dieu. Cela sera certainement un grand réconfort spirituel et nous permettra de découvrir de façon nouvelle son amour et sa bonté tous les jours de notre vie.

Animé de ces sentiments, chers frères et sœurs, je suis heureux de vous assurer de mes prières pour vous tous, et je vous demande de prier pour moi. Puissent Notre-Dame et saint Joseph, son époux, intercéder pour notre bonheur en cette vie, et nous obtenir la bénédiction d’un passage serein vers l’autre vie.

Que Dieu vous bénisse tous !

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