Ce serait un point commun de plus (en tenant compte des caractères très semblables des titulaires respectifs malgré les différences de surface évidentes, mais au fond ne sont-ils pas « conseillés » par les même agences mondialistes, les McKinsey et cie?) entre la république (on n’ose dire « la France ») de Macron aux abois, et le Vatican (qu’on hésite pareillement à qualifier de « Saint »-Siège) de François en fin de règne, dont la première tâche du successeur sera de rétablir non pas une juste doctrine mais de saines finances. Eh oui, retour aux dures réalités, nous sommes sur terre.
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Dans une lettre qu’il vient de leur adresser, François réclame aux cardinaux «un effort supplémentaire» et leur demande de « viser le déficit zéro et éviter le superflu ».
« Parole, parole, parole », chantait Dalida.
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Les rédacteurs du blog romain « Silere non possum » ont recueilli les confidences d’un cardinal. Anonymes, certes, comment faire autrement, mais il est clair que rien n’est inventé.
Le pape écrit au Sacré Collège : « Travaillez à trouver des ressources économiques ».
Un cardinal lui répond.
silerenonpossum.com/it/lettera-papafrancesco-collegiocardinalizio-16sett2024/
Le pape François s’est adressé au Sacré Collège dans une lettre. Il s’agit d’une occasion plus unique que rare. Dans toute l’histoire de l’Église, il n’y a jamais eu de pontife qui ait maltraité le Collège des cardinaux comme François l’a fait. Le code de droit canonique stipule au canon 349 :
« Les cardinaux de la Sainte Église romaine constituent un collège particulier auquel il incombe de pourvoir à l’élection du pontife romain, selon les normes du droit particulier ; en outre, les cardinaux assistent le pontife romain à la fois en agissant collégialement lorsqu’ils sont convoqués ensemble pour traiter de questions de plus grande importance, et en tant qu’individus, c’est-à-dire dans les diverses fonctions qu’ils occupent, en prêtant leur concours au soin particulièrement quotidien de l’Église universelle ».
Bien que le pape ait à plusieurs reprises, dans de nombreuses interviews et aussi dans cette lettre, mis dans la bouche des cardinaux des mots et des intentions qu’ils n’avaient pas, ces princes de l’Église n’ont jamais été convoqués par François (à l’exception de quelques rares occasions où ils ont été convoqués uniquement pour écouter des décisions déjà prises), comme l’ont fait ses prédécesseurs.
Avec ce pontificat, en effet, on peut dire que le collège des cardinaux n’a qu’une seule tâche : élire le pape. La fonction de conseiller et de soutenir le travail du successeur de Pierre, en réalité, le pape l’a déléguée au Conseil des Neuf, que quelqu’un ici a rebaptisé « Conseil du roi ». Il s’agit bien sûr de fidèles avec lesquels le pontife discute de questions brûlantes, mais qui ne sont en aucun cas une urgence pour l’Église : les femmes et leur rôle, par exemple.
Le 16 septembre, François a adressé à tous les cardinaux une lettre, dans laquelle il écrit :
« Pour ces raisons, un effort supplémentaire doit maintenant être fait par tous afin que le “déficit zéro” ne soit pas seulement un objectif théorique, mais un but effectivement réalisable. La réforme a jeté les bases de la mise en œuvre de politiques éthiques visant à améliorer les performances économiques des actifs existants. Elle s’accompagne de la nécessité pour chaque institution de tout mettre en œuvre pour trouver des ressources externes pour sa mission, en donnant l’exemple d’une gestion transparente et responsable au service de l’Église »
« En ce qui concerne la réduction des coûts, nous devons donner un exemple concret pour que notre service soit effectué dans un esprit d’essentialité, en évitant le superflu et en sélectionnant bien nos priorités, en favorisant la collaboration mutuelle et les synergies. Nous devons être conscients que nous sommes aujourd’hui confrontés à des décisions stratégiques à prendre avec une grande responsabilité, car nous sommes appelés à garantir l’avenir de la Mission ».
Le vendredi 20 septembre 2024, le pape a demandé au service de presse de rendre le texte public , car bien entendu, le récit habituel doit apparaître : « Je suis bon et j’invite les mauvais et archi-dépensiers cardinaux à économiser de l’argent !«
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Nous déjeunons avec un cardinal et nous lui demandons : « Votre Éminence, de quoi parle cette lettre? »
Le prélat ouvre de grands yeux et répond : « Encore une opération de marketing. Si les gens savaient la vérité… ».
Nous lui demandons alors d’expliquer ce qu’il pense et ce qu’il en est réellement.
« Il nous a écrit, à nous cardinaux, lorsque cette Constitution apostolique [Praedicate Evangelium], qui est une ramassis d’erreurs juridiques, a été approuvée sans même nous prendre en considération. Elle nous a été présentée après coup et les considérations que nous avons faites par la suite ont été saccagées par ceux qui ont travaillé jour et nuit, suant sang et eau, jusqu’à publier un texte bourré d’erreurs ».
Nous sourions, sans pleurer, parce que nous l’avons écrit ici.
Le cardinal explique entre deux bouchées:
« A présent, la gestion économique est pratiquement sous son contrôle absolu. Il gère même les appartements, comme s’il était hôtelier. Cela fait des années qu’il dit que nous devons être pauvres, pauvres et pauvres. Sous le pontificat de la pauvreté, nous avons accumulé une dette supérieure à celle des années précédant son élection. Ses dépenses et celles de ses fidèles sont nombreuses. N’oublions pas que ceux qui entrent à Sainte Marthe le font toujours avec de belles enveloppes. Tous ces ‘grands personnages de la finance’ qui apparaissent parfois, pas toujours, dans le bollettino ne viennent pas les mains vides »
Nous demandons : « Mais où va tout cet argent ?«
Le cardinal répond:
« Il fait des virements ici et là. Si quelqu’un arrive et demande, explique, essaie de le séduire avec quelque mot magique – « migrants, pauvres, nécessiteux, transsexuels… » – il fait un chèque ».
En effet, Silere non possum a publié une vidéo exclusive de Mgr Michele Di Tolve au téléphone avec le Souverain Pontife, qui l’a rassuré sur le fait qu’il avait effectué le virement demandé et a pris soin d’anticiper qu’un autre partirait dans les jours suivants.
Mais les réalités sont multiples : pensons à Luca Casarini avec son ONG [Mediterranea Saving Humans, ndt], aux religieuses qui s’occupent des transsexuels, aux prêtres de rue, aux journalistes et aux télévisions, etc.
François ne lésine pas sur les moyens même lorsqu’il doit loger ses amis dans les meilleurs appartements de l’APSA [Administration du patrimoine du siège apostolique, ndt] .
Mais dans le même temps, il demande aux cardinaux de se serrer la ceinture.
Le cardinal, en roue libre, poursuit:
« Il s’agit plus d’opérations de marketing que de véritables changements, d’autant plus que d’ici là, il ne restera plus grand monde à la tête de certains dicastères. Comment se fait-il que le Pape ne prenne pas en compte toutes les dépenses que Mauro Gambetti [archiprêtre de la Basilique St Pierre] a faites et fait encore à la Fabrique de Saint Pierre et à la Basilique ? C’est peut-être ce qu’il veut dire lorsqu’il affirme que nous devons trouver les ressources nous-mêmes ? Devrions-nous faire comme lui ? Inviter les grands managers dépourvus de scrupules? Le pape croit-il vraiment que ces personnes nous donneraient de l’argent gratis et amore Dei ? Il est clair que ces personnes veulent quelque chose en retour. Peut-être les musées du Vatican à leur disposition la nuit avec une vue exclusive, peut-être une intercession dans la politique ou la santé… Nous savons comment cela fonctionne. Un coup de fil, « Éminence… » vous disent-ils ».
D’ailleurs, c’est François lui-même qui avait mis un frein à cela, précisément pour éviter des épisodes de corruption. Il a aussi supprimé les tarifs préférentiels sur les loyers pour les cardinaux (encore en vigueur pour la plupart d’entre eux). Enfin, ses lettres contiennent toujours des propos accusateurs, comme c’était le cas avec les prêtres romains.
Le pape écrit :
« Malgré les difficultés et, parfois, la tentation de l’immobilisme et de la rigidité face au changement, nombreux ont été les résultats obtenus au cours de ces années. Je vous remercie pour l’aide que vous avez apportée et que vous continuez à apporter ».
Le cardinal répond:
« Il accuse d’immobilisme et de résistance tous ceux qui lui disent que telle chose est mauvaise ou pourrait être faite différemment. Cela ne vous rappelle pas les enfants ? Quand vous leur enlevez le chocolat de la bouche, ils vous disent que vous les affamez. Ils ne comprennent pas qu’ils peuvent manger quelque chose de plus sain. Il n’a toujours pas compris que la résistance de certains à ces réformes, je fais référence à Praedicate Evangelium mais aussi à In Ecclesiarum Communione, n’est pas due au fait que nous sommes immobilistes ou quoi que ce soit d’autre, mais parce que nous sommes lucides sur le fait qu’il s’agit de réformes irréalisables. Nous ne sommes pas une entreprise, nous sommes l’Église du Christ ! Le pape peut-il expliquer en quoi cette réforme a porté ses fruits ? Les bureaux ont augmenté, les structures ont augmenté, les dépenses ont augmenté. Et maintenant ? Il nous demande de trouver l’argent nous-mêmes ?
Le cardinal pose sa serviette sur la table et se lève, se dirige vers la fenêtre et l’ouvre. Arrivé à la machine à café, il reprend son discours :
« Il a été à Buenos Aires pendant des années, nous sommes au service du Saint-Siège depuis toute une vie et nous connaissons très bien les problèmes, les dynamiques et les besoins. Pour arriver « du bout du monde » …., il faut aussi le faire avec humilité et comprendre qu’on n’arrive pas avec la solution sans connaître le problème. Il faut d’abord connaître et écouter. Nous ne pouvons pas nous fier à ceux dont nous nous entichons pendant quelques mois pour ensuite les mettre à la porte ».
Prenant la lettre et la posant sur la table, il ajoute:
« Vous voyez ? Il écrit ici : « pour que les efforts de ceux qui ont contribué au patrimoine du Saint-Siège ne soient pas gaspillés ». Mais combien d’argent a été dilapidé au fil des ans à cause de lui et de ses fidèles ? Il a fait juger et condamner un homme qui avait fait un investissement, comme l’avaient fait ses prédécesseurs. Si nous n’investissons pas, comment pourrions-nous faire fructifier ce patrimoine? Au lieu de se retourner contre ces laïcs qui ont mangé derrière notre dos et voulaient nous entuber, il a sévi contre un cardinal de la Sainte Église romaine. Ne serait-ce pas là gaspiller les efforts de ceux qui ont contribué à ce patrimoine ? » [Le prélat fait référence au procès du cardinal Angelo Becciu].
Pour finir, il souligne:
«On pourrait croire que nous n’avons discuté que de cela lors des congrégations générales. Ce n’est pas le cas. Certes, c’était une préoccupation pour beaucoup, étant donné ce qui s’est passé aux mains de [Tarcisio] Bertone et de sa joyeuse bande, mais les demandes, ce n’était pas ça. Ces dernières années, ils ont commencé à démanteler tout ce qui était réglementé et à confier les mêmes tâches à d’autres entités ou à d’autres personnes, sans même les normes pour les guider. En substance : « tout changer pour ne rien changer ».
Pour vous donner une idée de la considération que le Pape porte aux membres du Sacré Collège, il suffit de penser qu’historiquement, en 48 heures, un prince de l’Église avait droit à une audience avec le Saint-Père lorsqu’il la demandait. Aujourd’hui, si vous n’êtes pas dans son cercle magique, vous n’avez pas d’audience même après des années ».
Les propos de ce cardinal se retrouvent malheureusement dans les récits que plusieurs de ses confrères font depuis des années. La Constitution Praedicate Evangelium, en outre, a non seulement conduit le Saint-Siège à augmenter ses dépenses, mais elle comporte également de nombreuses erreurs en ce qui concerne le pouvoir gouvernemental.