Cet article de Giuseppe Nardi publié sur son remarquable blog Katolishes.info peut sembler relater une simple anecdote, qui de plus se situe à des milliers de km de nous. Il n’en est rien. A travers une histoire vraie, il illustre la haine contre la Tradition, cultivée, au mépris même de la charité chrétienne, dans les milieux progressistes, et encouragée par le Pape lui-même.
Un évêque se moque de la Cappa Magna du cardinal Burke
Hostilité contre le rite traditionnel
L’humour clérical est considéré comme une catégorie d’humour à part entière. La moquerie cléricale est toujours mordante. Mgr Ángel Luis Ríos Matos, évêque de Mayagüez à Porto Rico, en a donné un exemple en visant le cardinal Raymond Burke et le rite traditionnel.
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Porto Rico est un pays peu commun. En 1493, l’île a été découverte par les Espagnols. En 1511, San Juan fut la première colonie espagnole et en 1512, le premier évêché y fut érigé. L’île est restée espagnole pendant 400 ans, jusqu’à ce qu’elle soit tout simplement conquise par les États-Unis en 1898 lors d’une guerre d’agression. Depuis lors, ce territoire d’un peu plus de 9000 kilomètres carrés a le statut de « territoire extérieur américain non incorporé », en bref une colonie, un terme que l’on évite toutefois d’utiliser aux États-Unis. La différence la plus importante par rapport au gigantesque système colonial britannique réside dans le fait que les 3,2 millions de Portoricains possèdent la nationalité américaine, mais n’ont pas de droit de codécision aux Etats-Unis, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas le droit de vote lors des élections, comme les prochaines élections présidentielles et législatives, et ne sont pas représentés au Parlement américain.
La majorité des Portoricains souhaitent changer le statut actuel et devenir le 51e Etat américain, ce qui n’a jusqu’à présent pas été bien accueilli aux Etats-Unis. Porto Rico est gouverné par Pedro Pierluisi (Parti démocrate) qui, à l’époque de la pseudo-pandémie, a adopté la ligne dure dans les mesures anti-covid.
Porto Rico et la dictature covid
Porto Rico est aussi le pays où l’un des six évêques s’est opposé – à juste titre et pour de bonnes raisons – au diktat du covid. Il s’est opposé à l’apartheid vaccinal introduit par le gouverneur Pierluisi, mais soutenu par les autres évêques. Il n’a pas imposé de vaccination obligatoire à ses prêtres, diacres et collaborateurs ecclésiastiques et n’a pas ordonné la ségrégation des personnes non vaccinées comme parias dans les églises ;.
Cet homme d’église courageux est Mgr Daniel Fernández Torres, évêque d’Arecibo. Bien qu’il n’ait fait que ce qui devrait aller de soi pour un bon pasteur soucieux des personnes qui lui sont confiées, les autres évêques et probablement aussi les autorités politiques ont intrigué contre le « déviant ». Comme le pape François avait fait sien le narratif de Bill Gates sur le covid et imposé aux employés du Vatican l’obligation de se faire vacciner, Sainte Marthe déclara que le souci paternel de l’évêque d’Arecibo relevait de l’insubordination. Mgr Fernández Torres fut purement et simplement démis de ses fonctions par le pape François. Officieusement, c’était parce qu’il « perturbait » l’unité et l’harmonie au sein de la Conférence épiscopale portoricaine.
L’évêque Daniel Fernández Torres a probablement « dérangé » dans d’autres domaines, comme le montre sa critique du document romain de bénédiction des homosexuels Fiducia supplicans , qu’il a désapprouvé en disant : « Jésus a donné sa vie sur la croix pour vaincre le péché, pas pour le bénir ».
L’un des évêques qui avait soutenu l’apartheid vaccinal et intrigué contre son confrère Fernández Torres était Mgr Ángel Luis Ríos Matos. Il avait été nommé évêque de Mayagüez par le pape François en 2020.
Mgr Ríos Matos avait acquis une notoriété internationale durant l’été 2021 en devenant le premier évêque au monde à mettre en œuvre le Motu proprio Traditionis custodes , un document hostile à la tradition. En l’espace de 24 heures seulement après avoir pris connaissance du document, il l’avait déjà appliqué rigoureusement en décrétant pour son diocèse des interdictions contre le rite traditionnel, qui ne sont même pas évoquées dans Traditionis custodes. « Ainsi je dispose et j’ordonne », signa Ríos Matos sous son décret, tout à fait dans l’esprit du régime covid d’alors.
Les moqueries de l’évêque Ríos Matos
Mgr Ríos Matos s’est à nouveau fait remarquer. Le 7 septembre, lors de la deuxième session de l’assemblée générale du synode diocésain du diocèse de Caguas (Porto Rico), il a tenu une conférence consacrée à « l’éducation théologique ». Il a parlé de « la manière de relever les défis de l’expérience pastorale en tant que prêtre et maintenant en tant qu’évêque ». La session synodale a été retransmise directement par le diocèse de Caguas sur Facebook.
L’un des points de l’intervention de Mgr Ríos Matos était le « cléricalisme », un thème également très important pour le pape François. Ecoutons l’évêque, mot pour mot :
« L’un des plus grands péchés de notre Église actuelle est le cléricalisme. […] Le cléricalisme – et cela vaut aussi bien pour les prêtres que pour les laïcs – se manifestera dans les vêtements et les dentelles… »
S’appuyant sur une citation de François sur « la dentelle de grand-mère », dont l’évêque n’a pas pu dire quand ou à qui le pape l’avait prononcée, Mgr. Ríos Matos a poursuivi pour illustrer de manière « ironique » ce à quoi la citation aurait fait référence en montrant à l’assemblée synodale une photo du cardinal Raymond Burke sur laquelle on le voit avec la Cappa Magna :
« Regardez comme c’est beau. Oh, j’aurais dû couvrir son visage … pour qu’on ne le reconnaisse pas … Eh bien ! regardez ça … regardez ce contraste. Regarde la cape… Tu n’as pas une cape comme ça, Eusebio ? [Eusebio Ramos Morales est évêque de Caguas depuis 2017.] Je te propose, Eusebio, de te faire confectionner une cape comme ça, comme cadeau pour le synode. Et s’il [si tu ?] ne peut pas l’utiliser, nous l’envelopperons dedans le jour de sa mort. Je donnerai 20 pesos, Eusebio ».
On notera le choix des mots de ce même évêque qui se voulait si « moderne », « démocratique » et modeste devant les participants au synode de Caguas, mais qui, dans la pseudo-pandémie et contre le rite traditionnel, s’est présenté en disant : « Je commande et je dispose ».
La cappa magna
La Cappa Magna, « grande cape », est un manteau avec mozzetta et traîne, réservé aux cardinaux, évêques et prélats. Elle symbolise le pouvoir de juridiction, raison pour laquelle il était d’usage que le chœur chante le « Ecce Sacerdos Magnus« . Un acolyte, appelé Caudatario, est responsable de la traîne. Ce n’est pas un vêtement liturgique pour la célébration, mais un vêtement de chœur pour la participation à l’office ou pour la procession d’entrée et de sortie d’un célébrant de rang prélat. Elle était également portée dans les consistoires des cardinaux et comprend une capuche que l’on met lors des rites pénitentiels. Pour les cardinaux, la couleur est le rouge.
La Cappa Magna n’a jamais été abolie. Même selon les dispositions actuelles, elle peut être portée en dehors de Rome lors de cérémonies particulières, ce que ne font plus que très peu de cardinaux, comme par exemple le cardinal Antonio Cañizares Llovera, qui a été préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements de 2008 à 2014, puis archevêque de Valence jusqu’en 2022 ; Albert Malcolm Ranjith, secrétaire de la congrégation pour le culte divin de 2005 à 2009, puis archevêque de Colombo au Sri Lanka ; le cardinal Michel Sabbah, patriarche latin de Jérusalem de 1987 à 2008, ou le cardinal Franc Rodé, archevêque de Ljubljana de 1997 à 2004, puis préfet de la congrégation romaine pour les ordres jusqu’en 2011. Le cardinal australien George Pell, archevêque de Sydney puis préfet du Secrétariat romain pour l’économie, décédé l’année dernière et malmené par François, portait lui aussi la Cappa Magna.
A Rome, la Cappa Magna n’est plus utilisée lors des célébrations pontificales depuis la réforme liturgique de 1969, mais cette dernière laisse les ayants droit libres de la porter en dehors de Rome. Les petits esprits « démocratiques » peuvent s’extasier sans fin sur la « pompe », le « faste » et le « luxe » de la Cappa Magna.
Dans le rite traditionnel, qui doit être distingué de la nouvelle réglementation de 1969 – ce que Mgr Ríos Matos ne sait peut-être pas, ou ce qui ne l’intéresse peut-être pas en raison de son aversion – le port de la Cappa Magna est cependant obligatoire. Le cardinal Burke ne porte pas la Cappa Magna selon ses « préférences » personnelles, mais lors des célébrations selon le rite traditionnel et donc conformément aux prescriptions.
L’hostilité envers le rite traditionnel est grande, alimentée par François, le pape régnant, lui-même.
Si l’on tape « Kardinal + cappa magna » dans Google, on obtient, avec Wikipedia [en allemand] comme source, la réponse suivante, contraire aux faits, voire à la vérité. réponse contradictoire en soi :
« Le cardinal Burke continue à porter la cappa magna avec une garniture d’hermine, contrairement aux prescriptions liturgiques en vigueur, car dans certains cas exceptionnels, la liturgie du rite romain peut être célébrée dans la version des livres liturgiques de l’Eglise catholique en vigueur en 1962 « .
C’est ainsi que fonctionne la création d’ambiance hostile : railleries, moqueries, déformations, omissions, jusqu’à la présentation erronée. Les évêques n’en sont pas exempts.