Le franchissement du seuil de non-renouvellement des générations dans le pays le plus peuplé de la planète, et la disparition du « père » de la pilule abortive, chantre infatigable de la lutte contre la surpopulation: deux évènement presque concomitants, fondamentalement liés, dont les médias n’ont pas parlé: ils signent la fin d’un mythe imposé au monde, particulièrement depuis les années 60, à coup de prévisions catastrophistes par tous les canaux de communication du système, aujourd’hui battues en brèche par les faits (Giuseppe Nardi).
La fin d’un mythe : la surpopulation, la démographie et la mort d’Étienne-Émile Baulieu
L’humanité est plus petite, plus vulnérable – et plus précieuse – que ne veulent l’admettre les idéologues
Quelques réflexions de Giuseppe Nardi
Un évènement lourd de sens vient de se produire presque silencieusement, sans bruit, sans gros titres. Le taux de fécondité de l’Inde est passé sous la barre des deux enfants par femme – le seuil symbolique qui, démographiquement, est synonyme de pérennité. Les slogans alarmistes des idéologues de la surpopulation, diffusés pendant des décennies avec un zèle missionnaire, s’évaporent dans l’air. Pas de rétractation, pas d’autocritique, pas d’aveu public de culpabilité. Le mainstream se tait – peut-être pour pouvoir continuer à mentir demain sans être dérangé ?
Dans l’ombre de cette évolution historique, Étienne-Émile Baulieu, né Émile Blum – connu comme le père de la pilule abortive RU-486 – est récemment décédé. Un nom qui occupe une place de choix dans les annales du contrôle biopolitique. Sa vie et son action symbolisent une époque où les conceptions technocratiques de l’être humain et les politiques démographiques motivées par l’idéologie s’immiscent profondément dans le cœur des sociétés.
Entre la fin des années 1960 et le début du nouveau millénaire, une campagne mondiale de peur orchestrée par des fondations, des gouvernements et des institutions supranationales a culminé. L’homme, disait-on, était devenu un fléau pour la planète, sa simple existence une menace pour l’équilibre écologique. Une perfide déformation de la réalité : l’humanité, depuis toujours plus grande ressource de la Terre, a été déclarée problème.
L’Occident en particulier, sensible à la propagande subtile, a fait chuter dramatiquement son taux de fécondité. Les peuples d’Europe occidentale, autrefois porteurs de la civilisation grâce à la mission chrétienne, à la science et au progrès technique, se trouvent dans un déclin démographique qui est devenu depuis longtemps un problème culturel et civilisationnel. Une extinction silencieuse qui s’étend sur plusieurs générations. La Corée du Sud occidentalisée est à l’avant-garde de cette tendance : avec un taux de natalité inférieur à un enfant par femme, elle est le premier pays à s’effacer pacifiquement par son mode de vie.
En Inde également, le pays le plus peuplé de la planète, le taux de fécondité est tombé depuis longtemps en dessous du seuil de remplacement : en 2020, il a atteint la croissance zéro avec 2,1 enfants ; en 2022, il était tombé à environ 2 ; aujourd’hui, il n’est plus que de 1,94 – une baisse de près de huit pour cent en dessous du seuil de sécurité. Certes, la population absolue augmente encore, soutenue par une espérance de vie croissante. Mais celui qui ne naît pas aujourd’hui n’existera pas non plus demain. L’intérêt composé du vide s’accélère : ceux qui ne sont pas nés n’engendrent pas de descendance. Le rétrécissement est mathématiquement inéluctable.
Le Club de Rome, flanqué de puissantes fondations américaines comme la Rockefeller Foundation et la Ford Foundation, a préparé le terrain au monde, avec des images de panique déguisées en science. Dans ce qu’on nomme le tiers-monde, il n’était pas rare de recourir à des moyens plus drastiques. Famine, révoltes, violence, paupérisation – autant de scénarios de déclin de la civilisation qui ont été diffusés à grand renfort médiatique. Rien de tout cela ne s’est produit. L’homme, résistant et créatif, leur survécut aisément.
Baulieu lui-même a justifié ses recherches par la « misère » qu’il avait vue en Inde. Il tira de cette vision la justification morale du développement de la pilule abortive – un produit qui apportait la mort sous forme de comprimés. Il parlait d’ « aide aux femmes », d’ « humanité » – mais sa chimie n’aidait pas à lutter contre la pauvreté. La prospérité est venue là où l’éducation, l’infrastructure et le développement économique ont fait leur apparition. Là où l’homme a été encouragé en tant que sujet et non pas combattu en tant que facteur perturbateur.
Les bailleurs de fonds de Baulieu étaient les mêmes que ceux qui diffusaient la propagande sur la surpopulation : Rockefeller, Ford, le Population Council – une poignée de cercles d’influence qui, depuis des décennies, interviennent en profondeur dans les processus de décision politique et les discours scientifiques. Ceux qui s’étonnent aujourd’hui du pouvoir manipulateur des voix dites « publiques » et « scientifiques » oublient facilement que cette grande influence n’est pas un phénomène nouveau – mais qu’elle est exercée par exemple sur la question de la population depuis plus d’un siècle.
Comme la réalité est différente ! Malgré son nombre impressionnant, l’humanité n’occupe qu’une infime partie de la planète. Les zones urbaines habitées par l’homme ne couvrent qu’1% de la surface de la Terre. 97,3 pour cent de la biomasse vivante est représentée par le règne végétal. L’homme se limite à tout juste 2,7% – un miracle de densité, d’organisation, et non d’abondance.
Le biologiste américain et père jésuite Francis P. Filice a formulé au début du XXIe siècle une idée qui démontre toute l’absurdité des thèses idéologiques sur la surpopulation : l’ensemble de la population mondiale pourrait être logée sans problème dans un espace urbain de la taille de l’État américain du Texas. Chaque ménage disposerait d’une maison de 102 mètres carrés de surface habitable et de 222 mètres carrés de jardin. Un tiers de la surface serait réservé aux parcs, un autre aux activités productives. Le reste de la terre – 99 pour cent – resterait vide de toute présence humaine.
Baulieu est mort, mais des millions d’enfants meurent chaque année à cause de sa pilule abortive.
Que reste-t-il donc du mythe de la surpopulation ?
Il n’a jamais été que cela : un mythe, un instrument cruel d’exercice du pouvoir et de gestion de la population. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’humanité est plus petite, plus vulnérable – et plus précieuse – que ne veulent l’admettre les idéologues. Puisse-t-on redécouvrir sa valeur avant qu’il ne soit trop tard .