« Il est plus que légitime de s’interroger sur les raisons qui ont poussé une puissance historiquement anti-catholique (et berceau de la franc-maçonnerie) à monter au créneau pour le choix du nouveau pape. »

(Antonio Socci, ‘Il Segreto di Benedetto’)

Un livre, paru en 2017, fait le point sur le rôle joué par le Royaume-Uni dans l’élection du cardinal Bergoglio au Trône de Pierre. Soulevant, une fois de plus, le problème de la validité de cette élection, dont les circonstances contreviendraient à la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis.

The Keys and the Kingdom, Catherine Pepinster
The Keys and the Kingdom, 2017,
Catherine Pepinster

Aldo Maria Valli reprend ici un article de Maike Hickson publié le 1er août sur Life Site News.
Cette dernière soulève une question devenue cruciale dans l’atmosphère de tension qui règne en ce moment autour du Pape:

Si le récit de Pepinster laisse entendre ici qu’un gouvernement étranger a joué un rôle dans l’élection d’un pape, cela devrait à juste titre susciter des inquiétudes, et donner lieu à des enquêtes supplémentaires, y compris sur la participation des services de renseignement britanniques.

Le livre de Catherine Pepinster ne date pas d’hier, il est sorti en 2017, et nous en avions parlé ici (cf. La longue marche de J Bergoglio vers le pontificat), à travers la traduction d’un article de Marco Tosatti, lequel notait déjà que les révélations de Catherine Pepinster posait un problème grave, en ce qu’elles allaient à l’encontre des règles du conclave, établi par la Constitution apostolique de Jean-Paul II Universi Dominici Gregis, au n° 81:

«que les Cardinaux électeurs s’abstiennent de toute espèce de pactes, d’accords, de promesses ou d’autres engagements de quelque ordre que ce soit, qui pourraient les contraindre à donner ou à refuser leur vote à un ou à plusieurs candidats. Si ces choses se produisaient de fait, même sous serment, je décrète qu’un tel engagement est nul et non avenu, et que personne n’est obligé de le tenir ; et dès à présent, je frappe d’excommunication latæ sententiæ les transgresseurs de cette interdiction. ».


Le conclave de 2013. Un coup d’état made in Great Britain?

Aldo Maria Valli
2 août 2019
Ma traduction

Le Foreign Office britannique a peut-être joué un rôle important dans l’élection du pape François. C’est ce qu’affirme Catherine Pepinster, ancienne rédactrice en chef de l’hebdomadaire catholique britannique The Tablet, dans un livre dans lequel, sur la base de nombreux entretiens avec des personnalités telles que le cardinal Cormac Murphy-O’Connor et l’ambassadeur britannique auprès du Saint Siège Nigel Baker, elle affirme que l’Angleterre a joué « un rôle crucial » dans l’élection du pape argentin « appelé à secouer l’Eglise catholique« .

Comme le rapporte Maike Hickson dans LifeSiteNews, Catherine Pepinster dans son livre The Keys and the Kingdom soutient que la raison pour laquelle le gouvernement britannique se serait intéressé à l’élection du nouveau pape est liée à plusieurs facteurs.
En premier lieu, selon Baker, le réseau de relations internationales du Vatican et l’influence du pape sur l’équilibre mondial ne peuvent qu’intéresser un gouvernement comme le gouvernement britannique. Plus précisément, les domaines d’intérêt commun seraient « la paix mondiale, la protection de l’environnement et la lutte contre la pauvreté ».

D’où le rôle central que, selon Pepinster, l’ambassade britannique auprès du Saint-Siège décida de jouer lors du conclave de 2013, dans le but d’impliquer les cardinaux des pays du Commonwealth dans le choix de Jorge Mario Bergoglio, identifié comme le candidat idéal pour lutter pour la paix, l’écologie et la lutte contre la pauvreté.

Un authentique « coup d’Etat britannique »: c’est en ces termes que Pepinster définit l’action de la diplomatie anglaise en faveur de Bergoglio, expliquant que si le conclave de 2005 avait déjà été « un moment de consolidation dans les relations entre les Anglais et la papauté », en mars 2013, une action encore plus décisive de la part des Anglais a abouti à une rencontre, ou une série de rencontres, entre cardinaux de pays du Commonwealth dans la demeure de l’ambassadeur britannique.

Depuis 2005, explique Pepinster, de nombreux cardinaux anglophones des pays en voie de développement étaient exclus des réunions des cardinaux les plus influents pour décider des stratégies du conclave, huit ans plus tard, les Anglais ont travaillé pour éviter que la situation ne se reproduise et ont décidé d’ouvrir les portes aux cardinaux les plus pauvres, sans résidence adéquate ni amitiés à Rome.

A l’époque, selon l’auteur du livre, les « partis » s’étaient déjà formés et la Curie était divisée en deux camps: d’un côté les partisans du Cardinal Angelo Sodano, de l’autre ceux du Cardinal Tarcisio Bertone. Ainsi, les quatre « principaux cardinaux réformateurs européens » (l’anglais Cormac Murphy-O’Connor, le Belge Godfried Danneels et les Allemands Walter Kasper et Karl Lehmann, membres du célèbre groupe appelé la Mafia de Saint-Gall), qui avaient déjà soutenu Bergoglio dans le conclave de 2005, profitèrent de cette fragmentation pour relancer la candidature de l’archevêque de Buenos Aires.

Pour au moins onze cardinaux africains et dix cardinaux asiatiques, tous anglophones, le cardinal britannique Murphy-O’Connor devint un point de référence, et c’est dans ce cadre, soutient Pepinster, que « le Royaume-Uni a apporté une contribution essentielle » au choix du nouveau pape.

Et quel meilleur endroit pour se rencontrer et parler que la résidence de l’ambassadeur britannique auprès du Saint-Siège ?

« L’idée que les Anglais puissent offrir un lieu de rencontre aux cardinaux des pays émergents et utiliser l’occasion du pré-conclave comme opportunité de ‘networking‘ pour les représentants du Commonwealth fut lancée par l’ambassadeur britannique Baker, qui en discuta avec le cardinal Murphy-O’Connor ». C’est ainsi qu’on en arriva aux entretiens au Palazzo Pallavicini, résidence de l’ambassadeur.

Cormac Murphy-O’Connor, disparu en 2017, avait plus de quatre-vingts ans en 2013 et n’a donc pas participé au conclave, mais son influence en tant que ‘pope maker‘ était notoire. En particulier, le livre mentionne une rencontre qui se serait déroulée le 7 mars et à laquelle auraient participer les cardinaux Gracias (Inde) et Turkson (Ghana), mais dont étaient exclus les cardinaux considérés comme conservateurs, tels que Pell (Australie) et Ouellet (Canada).

Comme Murphy-O’Connor était trop vieux et que l’Écossais Keith O’Brian ne participa pas au conclave, submergé par un scandale pour « conduite sexuelle inappropriée », la Grande-Bretagne n’avait qu’un seul représentant avec droit de vote, l’Irlandais Sean Brady, mais le pressing exercée sur les cardinaux de nombreux pays du Commonwealth fut notable.

« Le cardinal Cormac Murphy-O’Connor – dit Catherine Pepinster – était un homme populaire et brillant. Derrière son aspect jovial se cachait un cardinal rusé qui savait exactement comment le Vatican fonctionnait. Et cette ruse signifiait que son ami Bergoglio serait élu pape« .

Dans son livre sur Bergoglio [François le réformateur – De Buenos Aires à Rome], Austin Ivereigh nous dit que le lendemain de l’élection, lorsque le nouveau pape rencontra le Collège des Cardinaux, il embrassa Murphy O’Connor avec une particulière affection et, agitant son index en signe de faux reproche, dit avec humour: « C’est ta faute ! Qu’est-ce que tu m’as fait! ».

Plus tard, le cardinal Gerhard Müller et Mgr Carlo Maria Viganò affitrmèrent que le pape François avait bloqué les investigations du Vatican contre le cardinal Cormac Murphy-O’Connor, lequel a fini au centre d’une enquête pour une affaire d’abus sexuels.

En ce qui concerne le conclave de 2013, Antonio Socci, dans son Il segreto di Benedetto XVI, observait qu’il est plus que légitime de s’interroger sur les raisons qui ont poussé une puissance historiquement anti-catholique (et berceau de la franc-maçonnerie) à monter au créneau pour le choix du nouveau pape.

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