Benoît explique à Peter Seewald le sens de sa renonciation. AM Valli reprend un article très intéressant de Maike Hickson (Life Site), à propos de la biographie parue ces jours-ci- avec en conclusion un commentaire de don Nicola Bux… que je ne reproduis pas ici.

Benoît XVI: « J’ai renoncé, mais je suis toujours pape d’un point de vue spirituel ».

Dans la nouvelle biographie de Joseph Ratzinger, publiée il y a quelques jours en Allemagne, Benoît XVI, interviewé par Peter Seewald, fait quelques déclarations qui mettent en lumière sa compréhension du renoncement à la papauté active. Dans le livre, il parle de la « dimension spirituelle » de son état actuel et le définit comme « mon mandat ». Avec la renonciation, dit-il, il s’est dépouillé de tout « pouvoir juridique concret » et rôle de gouvernement, mais a conservé un « mandat spirituel ».

Les déclarations se trouvent à la fin du livre Bennedikt XVI. Ein Leben (près de 1200 pages), dans l’interview accordée à Seewald à l’automne 2018.

À Seewald, qui fait remarquer que certains spécialistes de l’histoire de l’Église considèrent que le titre de pape émérite est inexistant, Benoît XVI répond en faisant une comparaison avec les évêques émérites qui, s’il est vrai qu’ils n’ont plus de siège épiscopal, continuent d’avoir une relation spéciale avec ce siège, un « lien spirituel » qui « se situe en dehors de la substance juridique concrète de l’office épiscopal » et est pourtant considéré comme une « réalité ». Et à ce propos, Benoît XVI déclare : « Il est inconcevable qu’un tel concept juridique ne s’applique pas également à l’évêque de Rome », expliquant ainsi que, selon lui, il a renoncé à la charge papale mais pas à la « dimension spirituelle » de cette charge.

En parlant de la figure du pape émérite, Benoît XVI fait également une comparaison avec les changements générationnels et dit qu’un père de famille peut lui aussi renoncer à « son statut juridique » tout en conservant son « importance humaine et spirituelle », et cela « jusqu’à la mort ». L’aspect « fonctionnel » de la paternité peut changer, mais l’aspect « ontologique » reste inchangé.

L’exemple vient des familles d’agriculteurs bavarois, où le vieux père, à un moment donné de sa vie, transmet la ferme principale à son fils et va vivre dans une maison plus petite, mais sur la même terre. Le fils a alors la responsabilité de fournir à son père ce dont il a besoin. « Cela signifie que l’aspect spirituel de la paternité demeure, tandis que la situation change en ce qui concerne les droits et devoirs concrets ».

Au cours de l’interview, Benoît XVI dit également qu’il ne souhaite pas commenter la question des dubbia présentés par les cardinaux Brandmüller, Burke, Caffarra et Meisner sur Amoris laetitia, car tout commentaire de sa part « l’amènerait trop dans le domaine concret du gouvernement de l’Église et dépasserait donc la dimension spirituelle qui est la seule encore propre à mon mandat ».

À propos de ses interventions rendues publiques depuis qu’il est devenu pape émérite, Ratzinger déclare: « L’affirmation selon laquelle j’interviens constamment dans les débats publics est une déformation malveillante de la réalité ». Ceux qui voient dans ses paroles « une dangereuse intervention dans le gouvernement de l’Eglise » montrent qu’ils participent « à une campagne contre moi qui n’a rien à voir avec la vérité ». Parmi ceux qui opèrent cette déformation, Benoît XVI cite notamment la « théologie allemande » qui, de manière « stupide et malfaisante », a interprété ses propos de telle sorte qu' »il vaut mieux ne pas en parler ». « Je préfère ne pas analyser les vraies raisons pour lesquelles on souhaite faire taire ma voix ».
(…)

Mots Clés :
Share This