« Nous vivons dans l’ère des Big. Big Pharma, Big Tech, Big Media, Big lobbies dont le trait caractéristique est le pouvoir concentré dans quelques mains avec la capacité d’influencer les pensées et les comportements au niveau mondial »; Très originale (et combien actuelle) réflexion de Tommaso Scandoglio, qui n’oublie pas de mentionner la seule « Big » qui œuvre par essence même au bien de l’homme, mais qui est de plus en plus à la remorque des autres « Big ». Au risque de devenir de plus en plus « Little »

L’ère des Big et la petite Eglise à leur remorque

Tommaso Scandoglio
La NBQ
28 mars 2021
Ma traduction

Big Lobbies

The Big Age. A bien regarder notre monde, on pourrait dire que nous vivons dans l’ère des Big.

Les premiers Big qui viennent à l’esprit aujourd’hui sont le Big Pharma, les géants de l’industrie pharmaceutique. Mais il y a aussi les Big Tech, parmi lesquels Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, toutes regroupées sous l’acronyme GAFAM. Les autres « Bigs » sont les sociétés financières et les sociétés de notation. Viennent ensuite les Big médias, les géants mondiaux de l’information. Ou les lobbies: environnementalistes, féministes, LGBT, etc. Même en Italie, nous avons nos « Big », bien que dans un format réduit: pensez au ministère public, par exemple.

Quelle est la carte d’identité du Big? Le trait caractéristique est le pouvoir, un pouvoir concentré dans quelques mains – une oligarchie – des mains qui souvent se serrent entre elles (nous ne pouvons pas le faire, mais eux le peuvent). Mais que signifie « pouvoir » dans ce cas ? Cela signifie la capacité d’influencer les pensées et donc les comportements à un niveau mondial (ou national). Quelques exemples très intuitifs. Le récit du Covid élaboré par les médias est unilatéral et la clé qu’il touche le plus est la peur. La peur conditionne les masses à agir d’une certaine manière: attention extrême aux équipements de protection individuelle, adaptation aux directives gouvernementales, disponibilité à changer ses habitudes de vie pendant une longue période, etc.

Les Big Pharma ont imposé aux gouvernements de la moitié du monde le vaccin comme seul canot de sauvetage pour sortir de la pandémie. Cette décision a évidemment eu d’énormes répercussions sur la vie de milliards de personnes, si l’on songe aux interminables lockdowns que les citoyens ont dû endurer en attendant l’avènement de la fiole magique.

Les Big Tech, comme on le sait, ont façonné, avant même le Covid, non seulement les habitudes de vie – PC, internet, boutiques et réseaux sociaux online en ce sens ont été révolutionnaires – mais aussi la forma mentis au moins des habitants du monde occidental. Les exemples pourraient se multiplier à l’infini.

Posons-nous maintenant une autre question : comment les Big conçoivent-ils des scénarios sociaux de dimensions planétaires, en les façonnant selon leurs désirs ? Grâce à la technique. Les Big sont la réalisation la plus accomplie et la plus efficace de la technocratie. Par technique, dans ce cas, nous voulons dire la possession de certaines compétences – les anglophones utiliseraient le terme skills – permettant de donner une certaine orientation au cours des événements. Nous parlons de compétences techniques, d’outils de travail sophistiqués et efficaces. Seule une habilité technique d’une grande épaisseur peut produire des vaccins anti-covid en un an, même en tenant compte du fait que ces vaccins, comparés aux vaccins du passé, sont moins fiables. Seul un développement technologique très avancé permet de construire des plateformes aussi performantes que celles de Google, Facebook, Amazon. Seule une étude minutieuse des techniques de persuasion de masse peut convaincre la moitié du monde, par la bouche d’une adolescente, que la priorité mondiale est la fonte des glaciers. En bref, les moyens dont disposent les Big sont tout aussi « big ».

Mais la technique n’est rien sans les idées. Cela signifie que pour devenir l’un des rares Big Brothers en circulation, il ne suffit pas d’avoir un talent technique – de savoir très bien faire les choses – il faut aussi avoir une vision des événements, une vision qui doit orienter les capacités techniques. En d’autres termes, il est indispensable d’avoir la capacité d’imaginer des scénarios mondiaux innovants mais réalisables, de nouveaux univers, de nouvelles vies, de nouveaux modes de vie. Il faut donc des idées, des rêves, des perspectives qui, en réalité, deviennent des enfers sur Terre. Aujourd’hui, l’union de la technique et de l’imagination peut déplacer d’énormes capitaux et permettre à un nerd [un surdoué, principalement en programmation], qui travaillait du matin au soir dans le garage de sa maison, de faire fonctionner une planète entière selon les objectifs qu’il s’est fixés.

Il va sans dire que les plans mondiaux des Big ne sont pas les plans de Dieu. L’Église elle-même est potentiellement une Big, parce que seul organisme de fondation divine destiné au salut des hommes. Les autres Big offrent aussi apparemment le salut – de la mort (Big Pharma), de la pauvreté (sociétés financières), de l’ignorance (Big Media), de l’anonymat (le secret des réseaux sociaux), du manque de sens (les lobbies environnementaux) – mais on se retrouve ensuite avec des menottes aux poignets : on propose la liberté de (da), mais on se retrouve ensuite esclave de (di).

L’Église, par contre, par vocation, est une Big qui a toutes les cartes en main pour orienter le destin du monde. Ses technologies sont les sacrements, sa vision est le bonheur éternel. Et puis elle a une diffusion capillaire et de nombreux hommes à son service (souvent mal préparés). Mais de Big, elle est devenue, parce qu’à la remorque des autres Big, très « little », une sorte d’hybride entre une ONG et un réseau d’entités diverses – religions, gouvernements, organisations – qui donne vie à des initiatives à court terme qui apportent de l’eau aux grands moulins des géants précités, un hybride qui sert simplement les objectifs poursuivis par ces derniers. L’Église se flétrit à l’ombre des vrais Big.

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