Là est la vraie fracture entre les prétendues élites et le peuple: tandis que les médias nous parlent de fascisme, de racisme, d’homophobie et de transphobie, ce que les « vrais » gens perçoivent (au moins en occident), c’est le chômage, la précarité des situations, la promotion de la laideur, la corruption des politiques, l’immigration incontrôlée, la marchandisation des corps, la pollution (pas celle dénoncée par Greta & co), la solitude systémique, sans parler évidemment de la dictature sanitaire qui s’est installée à bas bruit à la faveur le covid mais qui aujourd’hui avance à découvert.

Croire que les vrais maux de notre présent sont ceux que pointent obsessionnellement les pouvoirs en place, les médias, le cinéma, les intellectuels alignés, c’est de la pure mystification idéologique, c’est nier la réalité et ses vrais désastres, c’est faire diversion pour ne pas voir les choses telles qu’elles sont vraiment, c’est nous faire vivre dans une bulle fausse et virtuelle, à l’intérieur d’une hallucination collective.

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Marcello Veneziani

La grande mystification sur les périls et les maux d’aujourd’hui

(Ma traduction)

Il y a une question fondamentale à poser à ceux qui désignent le Mal Suprême et Absolu qui menace le monde sous le nom de Fascisme, Racisme, Souveraineté, Homotransphobie: de quels maux souffre réellement notre société, aussi bien la société italienne que la société occidentale et mondiale?
Partons de la réalité dans son ensemble, regardons les choses telles qu’elles sont, au-delà des préjugés. Essayons d’énumérer en vrac les problèmes qui nous affligent, sans distinction de parti ou de préférence idéologique : la surpopulation de la planète, la dénatalité italienne et occidentale, la pollution de l’air, de l’eau, de la terre, la raréfaction des ressources ; les risques récurrents de contagion et de pandémie, le fléau permanent de la faim et de la misère dans le monde pauvre, la dépression et la solitude dans le monde aisé ; la peur et la difficile coexistence mondiale ; puis la dette publique colossale, la spéculation, le chômage et l’exploitation des hommes et des femmes, des peuples et des ressources ; et encore, la corruption du pouvoir, le consumérisme effréné, le lien entre laideur et dégradation ; la criminalité et la violence, les avortements, la maltraitance des personnes âgées, des femmes et des enfants… La liste est longue et pourrait être très longue, j’ai sûrement oublié un autre élément très important ou particulier.

Oublions un instant la réalité et entrons dans le monde magique des médias, des pouvoirs, des idéologies dominantes. Les maux de l’humanité changent radicalement, ils deviennent tout autres : ce sont le racisme et le nazi-fascisme, l’homotransphobie et ses dérivés, le nationalisme et le souverainisme… Allumez votre cerveau, mettez la main sur votre conscience et demandez-vous : y a-t-il un seul de ces malaises sociaux et économiques, concrets ou impalpables, énumérés ci-dessus qui puisse être ramené, même historiquement ou indirectement, au fascisme et aux phobies qui sont quotidiennement pointés du doigt comme les dangers les plus graves et les plus urgents ? Aucun, il me semble.

Le discours est valable dans la sphère nationale, comme dans la sphère européenne, occidentale et planétaire. Les véritables maux et dangers d’aujourd’hui découlent de situations réelles, des contradictions inévitables du monde actuel, des modèles d’État et de développement qui ont prévalu, ou remontent aux responsabilités des classes dirigeantes, des gouvernements et des pouvoirs de 1945 à aujourd’hui, qui étaient et sont aux antipodes des maux idéologiques désignés comme les dangers pour l’avenir. Ils ne sont certes pas issus de ces cultures d’opposition.

La « malsociété » dans laquelle nous vivons est gouvernée, depuis presque quatre-vingts ans, par une classe de pouvoir, un establishment qui s’est toujours opposé aux nazi-racismes et aux phobies énumérés plus haut, qui au contraire s’est légitimé précisément parce qu’il s’opposait à ces maux idéologiques et historiques, étant par définition antifasciste. Par conséquent, croire que les vrais maux de notre présent sont ceux que pointent obsessionnellement les pouvoirs en place, les médias, le cinéma, les intellectuels alignés, c’est de la pure mystification idéologique, c’est nier la réalité et ses vrais désastres, c’est faire diversion pour ne pas voir les choses telles qu’elles sont vraiment, c’est nous faire vivre dans une bulle fausse et virtuelle, à l’intérieur d’une hallucination collective. Pointer du doigt ces prétendus maux au lieu des vrais, c’est ne pas affronter les problèmes les plus graves que la réalité de tous les jours, d’aujourd’hui et de toujours, place devant nous, sur nous, sous nous, en nous et au-dessus de nous. Chasser les fantômes des maux ou leurs substituts, en oubliant les vrais.

Je crois que la Mère de toutes les objections que l’on peut faire à la Domination de notre temps et à ses canons de droit et de lecture, est précisément celle-ci : les individus, les familles, les sociétés, les peuples et les états, souffrent de maux qui ne dérivent pas et ne dépendent pas de votre démonologie et de votre étiologie [étude des causes des maladies, ndt], ils n’ont aucune référence dans l’histoire passée ou dans votre soi-disant Mal absolu ; les maux que vous dénoncez chaque jour n’ont rien à voir avec les choses dont nous souffrons réellement dans nos vies aujourd’hui. Et nous nous sommes arrêtés à l’évidence, aux maux les plus évidents et les plus concrets, parce que si nous devions ensuite faire un saut en avant, et traiter des motivations, des valeurs et des principes sur lesquels se fonde une société, des sphères les plus étroites et les plus privées aux sphères les plus larges et les plus publiques, alors le discours deviendrait plus polémique mais aussi plus radical dans ses conséquences : les maux de notre époque s’accompagnent de l’effondrement de la civilisation et de ses points de référence ; nous sommes dans un désert spirituel et moral, un désert de sens et de destin, de principes et d’idéaux, avant d’être un désert de valeurs. Et le désert produit des monstres, des hallucinations, la mort.

Les montants et les charnières qui sont les fondements des civilisations sont criminalisées et détruites parce qu’elles sont considérées comme porteuses de racisme et de suprémacisme, de nationalisme et de xénophobie, de nazisme, de fascisme et de diverses autres phobies. Et pourtant, elles constituent le patrimoine de notre civilisation sur le plan culturel, civique et religieux, ce qu’on appelle les traditions. Qui sont alors les moins égoïstes, particulières, brutales et négatives qui puissent exister, car elles ne concernent pas seulement un peuple, une nation, un monde, et donc sa primauté exclusive uber alles, mais touchent l’humanité entière, tous les peuples, toutes les sociétés et toutes les religions, la condition humaine. Et elles incitent un individu à se sentir membre d’une communauté. Alors, bien sûr, on peut aussi les utiliser de manière agressive et discriminatoire ; mais l’abus d’un principe n’invalide pas sa signification et sa valeur originale et universelle. Car si des viols, des meurtres et des violences sont commis au nom de l’amour, cela ne condamne pas l’amour, mais ceux qui en abusent, le déforment et le brutalisent. Il en va de même pour l’amour de la patrie, l’amour de Dieu ou l’amour du père et de la mère, de l’enfant et du frère.

En résumé, nous sommes entrés dans la guerre civile mondiale entre la réalité et sa mystification.

Nous sommes et serons du côté de la réalité autant que possible, aussi longtemps que cela sera possible.

MV, La Verità (7 juin 2021)

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