Après la Note Ratzinger de 2002 sur « les chrétiens en politique », et l’article sur le dernier tweet de François pour nous inciter à nous faire vacciner, voici une nouvelle réflexion de Stefano Fontana, prenant pour point de départ ce que la crise-covid a mis en évidence: « Le covid et la vaccination ont montré le visage totalitaire de l’État, sa volonté d’imposer, la propagande officielle, la suspension indéfinie de nombreuses libertés, l’asservissement de l’Église transformée en Église d’État, le contrôle et la surveillance des citoyens et leur fichage par le Green Pass.. »

Le léviathan de Hobbes

État-Église : repenser les relations avec le « grand animal » (/le Système)

Stefano Fontana
La Nbq
16 août 2021
Ma traduction

Le Covid et la vaccination ont montré le visage totalitaire de l’État, sa volonté d’imposer, la propagande officielle, la suspension indéfinie de nombreuses libertés, l’asservissement de l’Église transformée en Église d’État, le contrôle et la surveillance des citoyens et leur fichage par le Green Pass. Catholiques, faut-il revenir au non expedit? Il faut assurément commencer à repenser les relations afin de ne pas être complice.

Au début de l’histoire moderne du mouvement catholique, la relation avec l’État était faite de résistance et d’opposition. Le non expedit, c’est-à-dire l’instruction de ne pas prendre part aux élections et de se distancer du nouvel état anticlérical, a été appliqué pour la première fois en 1868. Il a été formalisé par Pie IX, maintenu par Léon XIII, puis assoupli et finalement levé en 1919 par Benoît XV. Depuis lors, à travers des événements complexes, les catholiques ont accepté l’État moderne et ont collaboré avec lui. D’un côté, le Magistère a tenté de théoriser la question sur le plan doctrinal en réaffirmant les lignes fondamentales de la conception correcte de l’État, comme l’a fait par exemple Jean-Paul II dans Centesimus annus; de l’autre, on a essayé de corriger son existence de l’intérieur, mais sans remettre en question ses présupposés.

Aujourd’hui, cependant, le visage de l’État (italien en premier lieu, mais pas seulement) est tragiquement sinistré, et pas seulement pour des raisons contingentes, mais précisément parce qu’il fait apparaître ses présupposés erronés. La question est si évidente que les catholiques devront repenser la question de leur relation avec l’État, en remontant aux raisons du non expedit du XIXe siècle.

Cette époque de Covid et de vaccination a montré le visage totalitaire de l’État, sa volonté d’imposer, de planifier depuis le centre, envahissant même des domaines qui ne relèvent pas de sa compétence directe comme la santé, son mépris politique pour la science, la propagande officielle pour convaincre les consciences par des moyens frauduleux, la suspension indéfinie de nombreuses libertés, l’assujettissement de l’Église transformée en Église d’État qui applique les décrets gouvernementaux sans sourciller, la suprématie de l’exécutif sur le législatif, le contrôle et la surveillance des citoyens dans des domaines sensibles de leur vie, leur enregistrement par le biais du Green Pass, l’utilisation de la « législation de récompense » pour induire de facto l’obligation de certains comportements. Phase utilisée pour renforcer encore le centralisme bureaucratique, l’étatisme et une sorte de « collectivisme sanitaire » et politique : créer des citoyens dépendants du système de santé publique et, par conséquent, du système politique.

Cependant, l' »oppression étatique » n’est pas une nouveauté de notre époque de pandémie d’Etat, car elle est depuis longtemps tragiquement évidente dans le domaine de la vie et de la famille. Dans notre pays, il y a l’ « avortement d’État » et malheur à celui qui le conteste, il y a maintenant l’ « euthanasie d’État » même si elle ne porte pas ce nom, il y a la « procréation d’État » par l’insémination artificielle et il y a aussi le « genre d’État » puisque les gens peuvent avoir une chirurgie corrective sur leur corps aux frais de l’État. La procréation est en apparence libre, mais en fait l’État la conditionne et impose qu’il n’y ait pas plus de deux enfants, sauf héroïsme du couple, que la morale d’État condamne et ridiculise.

Puisqu’il existe une « école publique » au service de l’idéologie de l’État, toutes les questions relatives à la vie et à la famille sont enseignées dans ses salles de classe, à la fois directement (et, dans un avenir proche, y compris avec le soutien d’une loi spécifique telle que le ddl Zan), et indirectement, étant donné que, quand tout va bien, on ne parle jamais de la vie et de la famille en classe afin de ne pas offenser les opinions opposées sur le sujet au nom d’une fausse « tolérance d’État ». L’école publique est au minimum orientée contre la famille. C’est pourquoi parler du mariage ou du droit à la vie ou de la famille naturelle dans les écoles publiques est soit interdit de facto, soit ouvertement contredit par des enseignements contraires. Les désirs injustes étant devenus des droits, l’État est devenu une machine qui les impose avec tous les instruments à sa disposition. C’est pourquoi l’État est aujourd’hui un « État-système », une pieuvre, un « grand animal », une machine aux mille tentacules à laquelle on ne peut échapper.

C’est un État démocratique, mais démocratiquement, il est impossible d’avoir une incidence sur lui. Avant tout, parce qu’à sa base, il y a une vision purement quantitative de la démocratie : ce sont les chiffres qui comptent, indépendamment du contenu, de la vérité, des valeurs, de la justice. Mais dans la démocratie d’aujourd’hui, il devient même impossible d’obtenir les chiffres, car les élections sont conditionnées par mille interférences, conditionnements, pressions… et surtout il y a une  » culture d’État  » qui conditionne tout le monde, de sorte que les majorités changent mais que rien ne change avec elles.

La démocratie actuelle est extrêmement oligarchique. Les candidats individuels fiables sont ensuite absorbés dans le parti, un parti potentiellement fiable est ensuite absorbé dans les convenances tactiques et le conditionnement électoral. Le système étatique tient et, en Italie, le principal gardien et garant de ce système étatique est le président de la République [non élu au suffrage universel, comme en France, mais son rôle est de premier plan, ndt]: ici aussi, nous pouvons dire qu’il n’y a qu’un seul homme aux commandes.

Maintenant, face à ce tableau, esquissé ici à grands traits, les catholiques devraient reconsidérer leur relation avec l’État. Lorsque l’on est confronté à un système – le « grand animal » de Hobbes – il devient impossible de ne pas collaborer avec le mal, car ce qui peut sembler bon en soi, est utilisé par le mal global produit par la pieuvre.

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