Excellente analyse de Luisella Scrosatti qui examine les points au moins problématiques du document: les chiffres obtenus par sondage (même si l’ampleur du phénomène est bien réelle), les accointances maçonniques notoires du rapporteur qui, contre tous les principes d’une justice rendue librement, se trouve ici juge et parti (faisant de l’ « indépendance » du rapport, brandi par les médias comme garantie d’impartialité, une sinistre farce aux dépens de l’Eglise), le voile pudique étendu sur l’homosexualité d’une grande partie – sinon une majorité – des agresseurs, et, last but not the least, l’attaque frontale au secret de la confession.

Abus, les pièges du chantage que l’Eglise française ne voit pas

Luisella Scrosatti
La NBQ
9 octobre 2021
Ma traduction,

Les résultats de la Commission sur les abus sexuels dans l’Église française sont graves, mais vient le soupçon d’une volonté de faire chanter l’Église: le chiffre élevé provient d’estimations, l’ingérence, à propos des viri probati, du fréquenteur de Loge Sauvè, qui a présidé la Commission est suspecte car elle ne saisit pas la cause principale: l’homosexualité. Le risque, c’est que l’on touche à la confession.

Les résultats de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise française sont certainement graves, mais l’impression que l’on a en lisant les journaux ne reflète pas la vérité. Bien au contraire. Le soupçon, c’est qu’on veuille crier au scandale pour éviter de s’attaquer sérieusement au fléau, et humilier l’Église, en la faisant chanter pour qu’elle accepte n’importe quelle « solution » issue du consensus séculariste.

Tout d’abord, les 216 000 cas et les 2900-3200 prêtres prédateurs ne sont pas des données réelles, mais des estimations et des projections. Probables, certes, mais non vérifiées. On ne sait même pas exactement de quels crimes précis les auteurs sont coupables. En outre, ils représentent environ 4 % du total des cas d’abus. Encore trop, sans doute, mais attention à ce que ce ne soit pas ceux qui détiennent 96% des cas qui nous fassent la morale.

D’autre part, il est extrêmement clair que la grande majorité des prêtres abuseurs se sont déclarés homosexuels ou bisexuels ; un fait confirmé par le fait qu’environ 80% des victimes sont des garçons. On ne pas continuer à se cacher: l’homosexualité dans le clergé est le plus grand facteur de risque d’abus sur les enfants. C’est pourquoi une certaine indulgence à l’égard d’une telle « orientation sexuelle », au moins au sein des séminaires et du presbytère, ne doit plus avoir sa place. Si l’on veut vraiment s’attaquer à ce fléau, il faut briser le réseau de dissimulation des prêtres et séminaristes homosexuels, dissimulation qui rend possible un événement comme celui du diocèse de Cleveland, le père Robert McWilliam, 41 ans, ordonné en 2017 et arrêté en décembre 2019, deux ans après son ordination, pour exploitation sexuelle d’un mineur et pornographie impliquant des enfants. Le prêtre était également un visiteur assidu d’un réseau social pour homosexuels, bisexuels et transsexuels. En six ans de séminaire, personne n’aurait rien remarqué. Bizarre.

Et pourtant, la surveillance du fléau de l’homosexualité dans l’Église ne figure pas sur la liste des conseils donnés par le président de la Commission, le vice-président du Conseil d’État Jean-Marc Sauvé, qui est aussi un habitué de la Grande Loge). Au contraire, il n’hésite pas à devenir le coryphée laïciste du pire du Synode sur l’Amazonie. En quoi l’option des viri probati devrait-elle être une solution au problème de l’abus d’enfants au sein du clergé ? Étant donné que les prêtres et les religieux représentent à peu près 4 % du total des cas, et que la plupart des abus se produisent dans un contexte familial, en quoi les prêtres mariés seraient-ils une solution ? L’issue proposée par Sauvé, outre qu’elle ne tient pas compte de la réalité sacramentelle de l’Église – et la faute n’est que partiellement la sienne, puisque c’est la Conférence épiscopale française qui lui a donné carte blanche – ne tient pas compte non plus du fait que le choix du célibat ne concerne qu’un faible pourcentage de l’ensemble des abus.

Plus grave encore est l’autre ingérence de Sauvé, qui n’hésite pas à s’emparer d’un point extrêmement délicat et irremplaçable de la vie sacramentelle de l’Eglise : le sceau confessionnel, avec pour conséquence l’obligation du secret. « Ce secret, qui n’admet aucune exception, est appelé ‘sceau sacramentel’, car ce que le pénitent a manifesté au prêtre reste ‘scellé’ par le sacrement » (Catéchisme de l’Église catholique, 1467). Le sceau est considéré par le quatrième concile du Latran comme étant de droit divin ; saint Thomas en explique la raison : le prêtre agit en tant que ministre de Dieu et est donc obligé de faire comme Dieu lui-même, qui ne révèle pas le péché confessé. La demande de Sauvé d’un équilibre entre le bien privé du pénitent et le bien de la communauté ne tient pas compte d’une réalité bien plus grande, à savoir le bonum sacramenti.

C’est en vertu de l’essence du sacrement de pénitence que le sceau ne peut jamais être brisé, sans exception, quelle que soit la pression de l’autorité civile. Sauvé manque aussi de bon sens : selon lui, si la Conférence épiscopale française, prise de délire, devait illégitimement décharger les prêtres du sceau sacramentel, y aurait-il encore quelqu’un qui irait se confesser, surtout de certains péchés qui sont aussi des délits civils et pénaux ?

Il est donc clair que les conseils de Sauvé sont spécieux : ils ne résolvent pas le problème d’un iota, tout en essayant de pousser à des réformes internes de l’Église qui sapent sa structure sacramentelle. Il faudrait être un peu plus prudents avant de confier des sujets aussi délicats à de tels personnages. C’est le moins que l’on puisse dire.

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