Ce n’est pas exactement ce qui était annoncé au départ, si l’on en croit l’excellent Giuseppe Nardi, François ayant dû se livrer à des exercices d’équilibriste (avec rétropédalage en conséquence) pour ne pas faire trop de mécontents. En attendant, Benoît XVI fait savoir qu’il s’associera, mais en forme privée… contrairement aux espoirs de certains.

Le pape François étend l’intention de consécration à toute l’humanité

25 mars : consécration « en particulier de la Russie et de l’Ukraine »

https://katholisches.info/2022/03/21/papst-franziskus-erweitert-weiheintention-auf-die-ganze-menschheit/

(Rome) Benoît XVI s’associera de manière privée à la consécration de la Russie et de l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie. Pendant ce temps, le pape François a annoncé une extension de l’intention de consécration.

Son secrétaire personnel, l’archevêque Georg Gänswein, a écrit hier dans un message électronique à la rédaction allemande de CNA :

« Le pape émérite Benoît XVI s’associera bien entendu dans la prière à l’appel du pape François pour la consécration de la Russie et de l’Ukraine au Cœur immaculé de Marie ».

Auparavant, certains avaient exprimé l’espoir qu’il puisse participer personnellement à l’acte de consécration de François.

« Vendredi prochain, le 25 mars, le pape François consacrera à Rome les deux États belligérants, la Russie et l’Ukraine, au Cœur immaculé de Marie, afin d’implorer la paix, la réconciliation et des solutions justes aux conflits ».

Telle était l’annonce initiale faite par les médias du Vatican le 15 mars. Hier, François a corrigé le tir en annonçant personnellement vouloir consacrer toute l’humanité, « en particulier la Russie et l’Ukraine ».

Littéralement, le chef de l’Eglise a déclaré :

« J’invite toutes les communautés et tous les fidèles à accomplir avec moi, le vendredi 25 mars, solennité de l’Annonciation, un acte solennel de consécration de l’humanité, en particulier de la Russie et de l’Ukraine, au Cœur immaculé de Marie, afin qu’elle, la Reine de la paix, obtienne la paix pour le monde ».

*

https://www.vatican.va/content/francesco/it/angelus/2022/documents/20220320-angelus.html

Le pape François avait été pressé au sein du Vatican d’atténuer le signal « européocentrique ». Le cardinal Tagle, président de Caritas Internationalis, avait déjà souligné quelques jours auparavant dans une interview qu’il y avait dans le monde toute une série de guerres qui revêtaient la même importance pour l’Eglise et Caritas et qui méritaient leur attention.

Avant même ce changement d’intention initiale, le Vatican n’avait pas compris la consécration comme un « accomplissement » de la demande exprimée par Marie en 1917 de consacrer la Russie à son cœur afin qu’elle se convertisse et que la paix règne. Depuis 1984, le Saint-Siège considère la consécration de la Russie dans l’esprit de Fatima comme accomplie. Néanmoins, la référence à l’apparition de la Vierge Marie dans cette localité portugaise il y a plus de cent ans est évidente et est également soulignée par les médias du Vatican.

Critique du New York Times


Dans le conflit ukrainien, le Saint-Siège s’efforce de se proposer comme médiateur de paix, raison pour laquelle il se tient à l’écart de toute forme de prise de parti directe, bien que la pression des chancelleries occidentales soit considérable pour qu’elles se rangent du côté de Kiev. Cela se traduit publiquement par des critiques dans les principaux médias de l’establishment libéral de gauche occidental, en particulier dans le New York Times et Le Monde. Jusqu’à présent, il n’a pas eu à craindre de critiques sérieuses de ce côté-là, mais il réagit de manière sensible aux souhaits de « correction de trajectoire » publiés par le New York Times. Ces dernières semaines, François a ainsi successivement durci son langage, sans pour autant s’aligner totalement sur les règles linguistiques du gouvernement américain. Lors de l’Angélus d’hier, il a parlé d’une « agression violente contre l’Ukraine », sans toutefois mentionner la Russie.

La marge de manœuvre du Vatican est toutefois quelque peu limitée, car l’Eglise orthodoxe constitue un élément de division. Celle-ci considère Rome comme hérétique d’un point de vue religieux, raison pour laquelle il ne faut pas s’attendre à une participation orthodoxe à la consécration des deux pays, ni en Russie ni en Ukraine. De plus, l’existence de deux églises gréco-catholiques unies à Rome en Ukraine constitue un obstacle majeur à un dialogue serein. Historiquement, ces deux églises, l’église gréco-catholique ukrainienne et l’église gréco-catholique ruthène, sont des parties de l’église orthodoxe qui sont retournées à l’unité avec Rome. Selon le principe territorial orthodoxe, elles n’ont pas le droit d’exister.

Giuseppe Nardi,
21 mars 2022

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