Giuseppe Nardi: Depuis que François est monté sur le Trône de Pierre, c’est une Tradition de plus qui est ignorée, « (…) la commémoration de l’événement central pour l’Église , à savoir l’institution du sacerdoce, de la confession et de la sainte eucharistie« : le Pape préfère à l’évidence la mise en scène étudiée d’images spectaculaires du chef de l’Eglise à genoux pour embrasser les pieds de délinquants, de musulmans, ou de femmes (même s’il s’en défend, invoquant la discrétion à travers ses thuriféraires les plus zélés, elles finiront immanquablement sur les réseaux sociaux). Cette année ne fera pas exception, et comme les autres années, on ignorera jusqu’à la dernière minute où le Pape se rendra.
Dossier sur ce site:
en particulier:
- Changement du rite du lavement des pieds (Père Scalese, 24 mars 2013)
- Messe de la Cène du Seigneur (les explications de Benoît XVI)
- Et pour rire un peu avec le Père Ray Blake: Je demande pardon!
Jeudi saint : le vide béant du calendrier pontifical
SYSTÉMATIQUEMENT, FRANÇOIS REND INVISIBLE LA LITURGIE DE L’INSTITUTION DU SACERDOCE, DE L’EUCHARISTIE ET DE LA CONFESSION
En 2022 aussi, la messe de la dernière Cène est absente du calendrier des célébrations pontificales.
Giuseppe Nardi
katholisches.info/2022/04/01/gruendonnerstag-die-klaffende-luecke-im-paepstlichen-kalender/
(Rome) Les célébrations liturgiques du pape pendant la Semaine sainte et à Pâques reviendront à la normale après la pause Covid qu’il s’est imposée ces deux dernières années. Le bureau de presse du Vatican a publié les dates correspondantes. Pour la dixième fois consécutive, le Jeudi saint a disparu du calendrier des célébrations pontificales. La liturgie du premier jour du Triduum Pascal sera à nouveau occultée. On ne sait pas encore où le pape François se rendra cette année.
Depuis son élection en 2013, François se soustrait à la communauté de l’Église le Jeudi saint, se rendant invisible. Les prescriptions ecclésiastiques prévoient expressément pour le Jeudi saint que l’évêque célèbre la liturgie de ce jour avec les fidèles qui lui sont confiés dans l’église épiscopale de son diocèse. Le Jeudi saint est le jour qui devrait le mieux cadrer avec François et sa conception de la papauté en tant qu’évêque de Rome. C’est pourtant le contraire qui se produit. C’est justement ce jour-là qu’il disparaît chaque année. Il se dérobe au public en se réfugiant dans une institution quelconque, y compris en dehors de son diocèse. Depuis 2013, la commémoration de l’événement central pour l’Église de ce jour dans le ministère de Jésus-Christ, à savoir l’institution du sacerdoce, de la confession et de la sainte eucharistie, est ainsi occultée.
Comme Pierre est le véritable dépositaire de la liturgie, il résulte de la pratique de François que des éléments essentiels de l’événement du salut semblent comme abolis dans la commémoration de leur institution. Ce n’est évidemment pas le cas, et pourtant l’invisibilité systématique crée une lacune béante.
François pourrait, comme le déplorent depuis 2013 ses détracteurs, choisir n’importe quel jour de l’année pour visiter une prison, un centre de réfugiés ou un foyer pour handicapés. Mais il le fait systématiquement le Jeudi saint, pour y célébrer la messe de la dernière Cène. Il ne se contente pas de laver les pieds de tous de manière indifférenciée, mais il leur donne également la communion, car tous sont « enfants de Dieu ».
Le motif principal de son action semble être le lavement des pieds, qui fait partie de la liturgie du Jeudi saint et constitue un acte visible d’humilité et de service. Ce n’est toutefois pas l’élément le plus important de ce premier jour du Triduum Sacrum.
Les conséquences de la démarche papale ne sont pas négligeables. L’année dernière, il est apparu que même les médias du Vatican se trouvaient « dans une confusion totale », comme l’avait fait remarquer alors le vaticaniste Sandro Magister [en français ici: www.diakonos.be/settimo-cielo/communicateurs-du-vatican-en-pleine-confusion-mais-le-pape-aime-ca]. Avec cette précision : « Mais cela plaît au pape ». Selon les médias du Vatican, François avait annoncé une » nouveauté explosive « . Selon le pape, Jésus-Christ aurait institué « deux sacrements » lors de la dernière Cène : l’eucharistie et le lavement des pieds. « Incroyable mais vrai », selon Magister, et presque personne n’a remarqué l’erreur.
Normalisation après deux ans de restrictions-covid autodécrétées
En raison du covid, le Jeudi saint 2020 n’a pas eu lieu du tout dans les diocèses italiens. Ce n’est qu’en mai que la célébration de la messe a été à nouveau autorisée. En 2021, sur ordre de François lui-même, les dispositions-covid sans fondement ont continué à s’appliquer, raison pour laquelle il a dû renoncer à la visite d’une institution spécifique. Néanmoins, François s’est soustrait à son diocèse en célébrant la liturgie dans la chapelle privée du cardinal Angelo Becciu, tombé en disgrâce, qu’il a ainsi réhabilité de facto. Bien que cela ait été interprété par la suite comme un simple « acte de miséricorde », le signal de François envers le cardinal qu’il avait créé était clair.
Le cardinal Becciu a été substitut du cardinal secrétaire d’État jusqu’en 2018. Cette année-là, François l’a élevé au rang de cardinal et l’a promu préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Le 24 septembre 2020, Becciu a démissionné de toutes ses fonctions après s’être retrouvé dans le collimateur d’une enquête du parquet du Vatican pour des soupçons de malversations et d’abus de pouvoir. Les investissements de plusieurs centaines de millions dans des immeubles de luxe à Londres étaient au centre de l’enquête. Ces investissements auraient été réalisés en grande partie grâce au Denier de Saint-Pierre. Plus de 60 millions de commissions et de frais de fonds pourraient avoir été versés à cette occasion. En juillet 2021, une procédure judiciaire a été ouverte contre Becciu. Celui-ci a conservé sa dignité de cardinal, mais a déclaré renoncer aux prérogatives qui y sont liées.
Comme les années précédentes, le lieu où François se rendra le Jeudi saint ne sera annoncé que très tard.