"Christ migrant" et crèches délirantes
Tous les ans vers Noël (le mot consacré est "marronnier"... qu'il faudrait peut-être ici remplacer par "sapin"!!), on nous ressort l'histoire de "Jésus migrant". Une instrumentalisation politiquement correcte qui n'a rien à voir avec la vraie histoire, à laquelle Antonio Socci rend justice ici (12/12/2018)
La crèche d'Acquaviva
A Acquaviva delle Fonti, dans la province de Bari, le comité des fêtes a fait installer, avec l'approbation du conseil municipal une crèche qui suscite ces jours-ci pas mal de protestations dans les milieux tradis, en particulier sur les réseaux sociaux.
L'explication de la crèche est donnée par les concepteurs eux-mêmes:
L'enfant naît dans la mer, où avec Joseph et Marie, les réfugiés, que personne n'accueille, vivent l'expérience que vivent de nombreux migrants dans notre mer Méditerranée.
Et la mer de plastique comme toile de fond de la Nativité est un cri d'alarme contre la pollution.
L'Évangile de Luc raconte la naissance du Christ et on peut relire l'histoire de Marie et de Joseph à la lumière de celle, douloureuse, des migrants d'aujourd'hui. Marie et Joseph ont été forcés de partir. Ils se sont retrouvés face à la chose peut-être la plus difficile : aller à Bethléem et faire l'expérience que c'était une terre où il n'y avait pas de place pour eux.
Nous voyons les traces de familles entières qui sont aujourd'hui containtes de partir. Nous voyons les traces de millions de personnes qui ne choisissent pas de partir, mais qui sont forcées de se séparer de leurs proches et de leur foyer. Dans bien des cas, ce départ est plein d'espoir, plein d'avenir ; dans bien d'autres, ce départ n'a qu'un seul nom : la survie.
Un enfant noir [ndt: initialement, il était blanc, mais ultérieurement, il changé de couleur, preuve des intentions politiquement correctes des responsables] naît dans la mer glacée en hiver. Symbole de beaucoup de femmes et de mères qui affrontent voyage pour la survie et les attentes de leur bébé. Des milliers de personnes qui n'y parviennent pas et qui meurent sans personne pour les aider, sans personne pour les sauver.
Parmi les réactions, celle que Francesco Colafemmina (que je me réjouis de retrouver ici, un peu par hasard, et qui fut lui-même candidat à la mairie d'Acquaviva) a fait parvenir à Il Giornale, le quotidien "propriété de la Famille Berlusconi" (nous rappelle fielleusemnt Republicca & Co) , qui y consacre un article, sous le titre TOLLÉ SUR LA CRÈCHE: LA SAINTE FAMILLE COMME LES MIGRANTS
À Noël, nous sommes tous meilleurs et parfois même idéologiques. Il arrive ainsi que tout le monde veuille tirer l'Enfant Jésus par les langes, d'un côté et de l'autre. Surtout dans la crèche. Le dernier cas est celui de la commune d'Acquaviva delle fonti, dans la province de Bari, où a été installée une représentation vraiment singulère de la Nativité dans laquelle Saint Joseph et la Vierge sont personifiés par deux mannequins migrants qui risquent de sombrer dans une mer de bouteilles. Une touche supplémentaire est apportée par un Enfant Jésus coloré, placé au centre d'un gilet de sauvetage. Une petite note qui, cependant, sert à donner une bonne idée de la pensée qui se cache derrière ceux qui ont tout organisé: au début, la statue du bébé était claire, mais ce n'était évidemment pas suffisant pour satisfaire le politiquement correct. C'est ainsi qu'il a été rapidement remplacé par un autre plus sombre....".
(...) Et [voici] le commentaire indigné de Colafemmina : "Pendant dix ans, j'ai lutté contre la dévastation de l'art et de l'architecture sacrée, je n'ai sincèrement jamais imaginé que dans mon pays, dans mes Pouilles, de telles horreurs pourraient se réaliser. Les Pouilles, qui ont donné naissance à de grands maîtres comme Stefano da Putignano, auteur d'une merveilleuse crèche du XVIe siècle conservée dans l'église mère de Polignano, sont devenues le théâtre de telles réinterprétations laïcistes et blasphématoires de la crèche au nom de l'immigrationisme et de l'environnementalisme.
Le «Christ migrant» théorisé par l'église bergoglienne n'a rien à voir avec le vrai Jésus.
Voilà la véritable histoire
11 décembre 2018
www.antoniosocci
Ma traduction
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Depuis 2013, année de l'arrivée du Pape Bergoglio, chaque Noël, l'idée de la Sainte Famille comme famille de migrants est invariablement relancée, avec une implication politique évidente.
Cette année, le Pape Bergoglio a même fait envoyer à don Biancalani [ndt: curé d'une paroisse de Toscane, connu comme "le curé des migrants"] par le "département migrants" du Vatican une lettre, qui se termine par la formule : «En Christ Migrant».
En plusieurs endroits, des crèches bergogliennes sur le thème de la migration ont été installées. A Acquaviva delle fonti, dans la province de Bari, ils ont réalisé une crèche où Joseph et Marie sont deux migrants qui se noient dans une mer de bouteilles et l'enfant Jésus (noir) est dans un gilet de sauvetage.
Mais cette idée du "Christ migrant" est-elle fondée ? La réponse est simple: non. L'Evangile raconte une toute autre histoire.
LA VÉRITABLE HISTOIRE
Entre-temps, il faut dire qu'il y a deux mille ans, le peuple d'Israël subissait la domination romaine et sa soif de liberté et d'indépendance était si forte qu'il imaginait le Messie comme libérateur politique de son peuple contre l'oppression de l'étranger.
Les Romains imposèrent un recensement de leurs sujets. Ainsi, Joseph et Marie aussi quittèrent Nazareth (où Marie vivait et où, probablement, Joseph vivait aussi) pour Betléhem, non pas comme migrants en terre étrangère, mais, comme tous les Juifs de l'époque, pour accomplir les formalités du recensement.
Comme Joseph - qui était le chef de famille et donc le «représentant légal» - appartenait à la tribu de Juda, pour être précis à la famille du roi David - ils devaient se rendre à Bethléem, qui était la ville d'origine de sa famille.
Cela signifie qu'en se rendant à Bethléem, ils n'émigraient pas vers un pays étranger, au contraire: Joseph retournait dans sa patrie, où il était même connu comme un homme d'extraction royale.
Bien que la lignée davidique eût décliné au fil des siècles et que Joseph fût un artisan (disons qu'il appartenait à la classe moyenne de l'époque), il pouvait être officiellement considéré comme un prince dans son pays.
Probablement, Joseph avait-il encore à Bethléem quelques biens, quelques terres, parce que plus tard Hégésippe de Jérusalem (ndt: né vers 115 à Jérusalem et mort en 180, écrivain chrétien auteur d'une Histoire de l'Église; il fut canonisé), témoigna que les parents de Jésus étaient encore vivants et connus et avaient des champs qu'ils travaillaient eux-mêmes et qui, selon les historiens, devaient se trouver dans l'"ager Bethlemiticus".
L'AUBERGE
Le voyage à Bethléem en caravane, avec d'autres gens, dura plusieurs jours et fut très fatigant parce que Marie était au neuvième mois de grossesse et qu'au moment de son arrivée à Bethléem les signes d'un accouchement imminent commençaient déjà.
L'Évangile de Luc nous dit qu'«il n'y avait pas de place pour eux à l'auberge» (2,7). Mais que signifie ici le mot «auberge»? Et pourquoi «pour eux»?
Il ne s'agit pas des hôtels d'aujourd'hui. Bethléem étant un point de passage pour les caravanes qui descendaient en Egypte, il existait depuis longtemps un lieu de repos pour ces caravanes (précisément un caravansérail, en hébreu "geruth", hôtellerie) qui avait été construit par Chamaan, peut-être le fils d'un ami de David.
Giuseppe Ricciotti, dans sa «Vie de Jésus-Christ» explique qu'à l'arrivée de Marie et de Joseph, «le petit village débordait de gens qui logeaient un peu partout, à commencer par le caravansérail».
C'était «un médiocre espace à ciel ouvert, entouré d'un mur assez haut» avec «un porche-abri» et avec «les bêtes rassemblées au milieu de la cour».
«Dans ce vacarme de gens entassés», on faisait des affaires on priait Dieu, on chantait et dormait, mangeait et faisait ses besoin».
C'est pourquoi quand l'évangéliste dit qu'«il n'y avait pas de place pour eux», il faut comprendre - explique Ricciotti - qu'en raison de l'état de Marie, sur le point d'accoucher, ce n'était pas un endroit adéquat. Il n'y avait pas l'intimité dont une jeune femme qui accouchait avait besoin.
On ne sait pas si Joseph put chercher dans les maisons d'amis et de parents (pleines aussi de gens) ou si - étant donné l'urgence absolue - il décida très vite de se réfugier dans la solitude d'un abri pour animaux qui se trouverait peut-être sur sur cette terre lui appartenant.
Certes, c'était un endroit sale, mais au moins isolé, c'était solitaire, calme et intime.
INSTALLATION À BETHLÉEM
Après l'accouchement, advenu dans des conditions d'urgence, Joseph put immédiatement trouver un logement et, en effet, la famille de Jésus s'installa avec l'enfant à Bethléem, qui était justement la ville de Joseph et de Jésus, lequel - et ce n'est pas un hasard -, une fois adulte, sera appelé par le peuple «fils de David», descendant du roi David (comme les prophéties disaient du Messie). En fait, Jésus était lui aussi de souche royale, il était un prince de son peuple.
C'est ce qui déchaîna Hérode. Sachant, dans les mois qui suivirent sa naissance, qu'un prétendant potentiel au royaume d'Israël s'était manifesté et qu'il était né à Bethléem, Hérode (idolâtre par son père et arabe par sa mère) tenta de l'éliminer.
Les Mages, qui se mirent à la recherche de Jésus quelques mois après sa naissance (donc dans une maison à Bethléem, et non plus dans la grotte), avaient laissé à l'enfant de l'or, de l'encens d'or et de la myrrhe.
Cet or fut très important pour la Sainte Famille, qui devait échapper à Hérode. Parce qu'il leur permit d'aller en Egypte (qui était toujours sous domination romaine) et à s'y installer jusqu'à la mort d'Hérode.
FUITE ET RETOUR À LA MAISON
Par conséquent, la fuite de la Sainte Famille n'est pas due à la volonté d'émigrer, mais à la première persécution anti-chrétienne.
Il en résulte que si nous voulons vraiment les rappeler comme des réfugiés, il faudrait parler davantage des chrétiens persécutés d'aujourd'hui que des migrants actuels, qui, comme nous le savons, sont principalement motivés par des raisons économiques et professionnelles. Pourtant, personne ne parle des vicissitudes de la Sainte Famille en rappelant les chrétiens persécutés d'aujourd'hui comme au contraire on le devrait.
En second lieu, on n'assistait pas à une migration massive vers un pays étranger. Il n'y avait pas non plus en Égypte de camps de réfugiés subventionnés et financés par les deniers publics et où les gens pouvaient rester pendant une longue période.
En Egypte, Joseph subvint pendant quelques mois aux besoins sa famille grâce son travail. Mais déjà l'année suivante, ils eurent vent de la mort d'Hérode et ainsi la famille de Jésus retourna chez elle, choisissant cette fois Nazareth, le village de Marie (où probablement Joseph avait aussi vécu).
C'est là qu'ils s'établirent et Jésus lui-même exerça le métier de son père jusqu'au début de sa vie publique. Nous ne voyons donc pas comment on pourrait faire un rapprochement entre leur histoire et les flux migratoires massifs actuels.
DERNIER MALENTENDU
Il y a un dernier malentendu qui doit être éclairci. Le prologue de l'Évangile de saint Jean dit: «Le monde a été fait par lui, / mais le monde ne l'a pas reconnu, / Il est venu parmi son peuple / mais son peuple ne l'a pas accueilli».
Ces mots ne font pas référence au rejet d'un «Jésus migrant» inexistant, mais au fait que son annonce n'a pas été accueilli. En effet, Jésus est mort crucifié. Ils se réfèrent à la foi chrétienne.
Jésus n'est pas venu dans le monde pour sponsoriser la politique migratoire chaotique préconisée aujourd'hui par les mondialistes, mais pour annoncer que Dieu s'est fait homme et est présent parmi nous pour vaincre le mal et la mort.
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