Des hauts prélats trop timorés

Maike Hickson (LifeSiteNews) est perplexe devant les récentes interventions - saluées par la "tradisphère" - de trois d'entre eux, les cardinaux Müller et Eijk, et Mgr Schneider, qui ne cessent d'implorer du Pape des éclaircissements mais qui rejettent les accusations d'hérésie de la lettre ouverte aux évêques du mois dernier. Et maintenant? (24/5/2019).

C'est Teresa qui m'a menée à cet article. Il est suivi du commentaire impitoyable d'un blogueur hyper-tradi, hyper-polémique, qui écrit sous le pseudo Mundabor, et qui a clairement basculé dans le sédévacantisme - bien avant ce pontificat, apparemment, mais les critiques qu'il adresse à François sont particulièrement féroces et... disons que j'ai censuré un des noms (peu présentables) dont il l'affuble ici.
Disons aussi que je ne suis pas fan.
Cela n'empêche pas son commentaire d'être plutôt bien vu, et pour une fois, je suis presque d'accord avec lui sur le fond.

Maike Hickson

Deux cardinaux et un évêque demandent au pape de clarifier ses enseignements. Et maintenant?


www.lifesitenews.com
22 mai 2019
Ma traduction

* * *

Au cours des dernières semaines, deux cardinaux et un évêque ont publiquement demandé au pape François de clarifier plusieurs de ses déclarations, actions et documents publics.
Le cardinal Gerhard Müller a demandé au pape François de répondre à la lettre ouverte du 30 avril aux évêques de l'Église ctholique (ICI) accusant le pape François d'enseignements hérétiques, ainsi que de clarifier certaines des «reformulations des enseignements de l'Église» qui se trouvent dans Amoris Laetitia. Le cardinal Willem Eijk a demandé à plusieurs reprises au pape François de clarifier Amoris Laetitia, et sa permission aux évêques allemands d'autoriser la communion des époux protestants. Et Mgr Athanasius Schneider a appelé publiquement le pape François à corriger la déclaration d'Abu Dhabi du 4 février 2019, qui affirme clairement que la «diversité des religions» est «voulue par Dieu».
Ces trois interventions émanant de personnalités de haut rang et ces appels au pape pour la clarté doctrinale prennent la forme d'une correction fraternelle, à laquelle le pape François doit apporter une réponse honorable.
Tout comme des clercs et des théologiens laïcs ont demandé aux évêques de mettre le pape François face à certaines de ses déclarations et de ses actes qui semblent saper la foi catholique, ces trois prélats - dont aucun ne soutient ouvertement la Lettre ouverte du 30 avril - viennent de faire une sorte de critique fraternelle publique.

Le 15 mai, Jeanne Smits, de LifeSiteNews a publié une longue interview du cardinal Willem Eijk d'Utrecht (traduite en français sur le site de l'Homme Nouveau). Eijk avait déjà contribué à la rédaction du Livre des Onze Cardinaux, qui tentait, avant le Synode sur la famille de 2015, de réaffirmer l'enseignement complet de l'Église sur le mariage.
Interrogé sur son appel de 2018 au Pape François pour qu'il clarifie la question de la Communion pour les divorcés «remariés», telle qu'elle a déjà été mise en œuvre par plusieurs conférences épiscopales, le Cardinal Eijk réitère aujourd'hui sa demande. Après avoir expliqué la confusion doctrinale et pastorale qui s'est développée dans l'Église après la publication d'Amoris Laetitia, surtout «sur la base de quelques éléments et d'une note de bas de page», il dit: «Je pense que le pape doit donc faire la clarté, en termes de doctrine, par une déclaration qui puisse être dite avec certitude comme appartenant au Magistère».
En 2018, le cardinal Eijk a également demandé au pape François de faire une déclaration clarifiant la question de la communion pour les époux protestants de catholiques, après que les évêques allemands eurent publié, avec la permission du pape, un document exposant cette possibilité. Ici, le Cardinal Eijk dit: «A la suite de ce document de proposition allemand sur l’intercommunion, et en raison de ce plaidoyer explicite de cardinaux en faveur de la bénédiction des relations homosexuelles, j’ai demandé au pape de faire la clarté, tout simplement à partir des documents du magistère de l’Eglise».

Un jour après ces paroles du Cardinal Eijk, le Cardinal Gerhard Müller, ex-chef de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a donné une interview au journal catholique allemand Die Tagespost (Nouvelle interview du cardinal Müller) dans laquelle il commente la récente Lettre ouverte aux évêques. Il affirme d'abord qu'il ne croit pas que le Pape François soit hérétique, mais il ajoute ensuite qu'il comprend «les préoccupations de ces théologiens» qui ont écrit la Lettre ouverte. Il les qualifie même de «théologiens réputéa».
C'est pourquoi, dit-il, «il serait important que le Saint-Père fasse publier, en réponse, par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (et pas par la Secrétairerie d’État ni par l’un ou l’autre journaliste ou théologien ami) une mise au point officielle».
«On peut très bien comprendre la préoccupation des théologiens qui ont signé cette déclaration. Mais il faut dire aussi que l’on doit choisir les moyens adéquats pour atteindre le but légitime d’une plus grande clarté dans les déclarations du pape François», dit-il.
Plus loin dans cet entretien du 16 mai, le cardinal Müller explique aussi qu'il a «défendu» Amoris Laetitia, «même si je pense que, sur plus d’un point, la reformulation de l’enseignement de l’Eglise a besoin d’une clarification».
Ainsi, le Cardinal Müller demande au Pape François de clarifier ses enseignements sur le mariage et la famille tels qu'ils sont énoncés dans Amoris Laetitia.

Le même jour que l'interview du Cardinal Müller, Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d'Astana, au Kazakhstan, s'est entretenu avec Raymond Arroyo de EWTN.
Dans cette interview du 16 mai, Schneider se distancie de la Lettre ouverte aux évêques en disant que la lettre «va trop loin». En même temps, il indique clairement que le pape François doit apporter une correction à la déclaration commune controversée d'Abu Dhabi, qui affirme que la «diversité des religions» est «voulue par Dieu».
«En ce qui concerne la diversité des religions», déclare Schneider, «au contraire, Dieu a dit explicitement que la diversité des religions est en elle-même mauvaise et contredit Sa sagesse et Sa divine volonté. La diversité des religieux offense Dieu». Par conséquent, «une correction publique est absolument nécessaire, parce que l'expression, telle qu'elle se lit elle-même, est ambiguë - non seulement ambiguë, mais elle est fausse».

Ainsi, nous avons maintenant trois éminents prélats qui demandent au Pape François de clarifier ou de corriger ses enseignements sur diverses questions importantes de foi et de morale.
S'il veut assurer aux fidèles catholiques qu'il a l'intention de préserver et de défendre la Foi catholique dans son intégralité, il répondra certainement rapidement aux appels fraternels et charitables de ses confrères évêques qui ont pour mission de l'aider à remplir son mandat.
Plus il tarde (comme dans le cas pour les fameux dubia) à donner une réponse, plus il va semer la confusion et confirmer l'impression qu'il désire, peut-être indirectement, promouvoir ou favoriser les enseignements et pratiques hérétiques au sein même de l'Église catholique.
LifeSiteNews a contacté le service de presse du Vatican et a demandé si le pape François avait l'intention de répondre à ces demandes de clarification de haut rang. Nous mettrons à jour ce rapport si nous recevons une réponse de Rome.

Mundabor

Mouillez vos lèvres (*) mais ne sifflez jamais


23 avril 2019
mundabor.wordpress.com
Ma traduction

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Ces derniers jours, deux cardinaux et un évêque (en fait, ils sont parmi les suspects habituels lorsqu'il s'agit de défendre, quoique timidement, l'orthodoxie contre un pape hérétique) ont renouvelé des appels à [Bergoglio] pour «qu'il clarifie l'enseignement de l'Église» concernant ses hérésies.
Tout d'abord, il est clair que ces hommes n'ont pas reçu le mémo, sous la forme de la lettre «no hay otra interpretacion» ("il n'y a pas d'autre interprétation", décembre 2017, échange entre le Pape et les évêques de la Région pastorale de Buenos Aires, cf. fr.zenit.org), qui, en fait, clarifie abondamment où se situe [Bergoglio] sur la question de la communion pour les divorcés et, par extension, sur la question de ce qu'il pense de l'hérésie. Il me semble donc que l'intervention de ces prélats est une sorte de discours au vent, ou au mur. Il est clair qu'ils ne parlent pas à François, qui les ignore manifestement.
Deuxièmement, il est presque drôle - quoique plutôt déprimant - que les trois mousquetaires de l'orthodoxie prennent position contre la lettre ouverte des théologiens qui invitent les évêques à agir contre un pape hérétique.
C'est comme dire que c'est bien que les évêques et les cardinaux se mouillent les lèvres mais qu'ils ne doivent jamais siffler! Quelle est la logique, cela qui me dépasse.
Les mots ont un sens s'ils sont étayés par des faits. Les mots qui sont censés ne rester que des mots sont inutiles. (...)
L'un des effets de Vatican II a été de créer une quantité effrayante de prélats qui se prennent pour des journalistes. Ils analysent et invitent. Ils commentent et réfléchissent. Ils adorent lire leur nom dans les journaux. Ce qu'ils ne font jamais, ce qu'ils pensent qu'ils n'ont pas le devoir de faire, c'est en réalité agir.
Les mots, sans les faits, sont plutôt vides de sens. Vous devez faire ce que vous dites qu'il faut faire. Un évêque ou un cardinal n'est pas appelé à donner des commentaires sur la foi. Il est appelé à la défendre activement, à temps et à contretemps, et sans respect pour l'autorité quand cette autorité défie Dieu.
Il n'est pas quelqu'un qui fait des commentaires au sujet du pouvoir. Il est l'un de ceux qui l'ont vraiment.
On pourrait penser que ce concept simple serait clair après 2000 ans de christianisme. Au lieu de cela, préparez-vous pour le prochain entretien boiteux dans lequel un prélat pense que mouiller ses lèvres est la même chose que siffler.

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NDT
(*) Ce titre énigmatique se réfère à la croyance qu'il est plus facile de siffler avec les lèvres humides (cf. fr.wikihow.com/siffler)

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