Éducation sexuelle à l'école
En contradiction avec le magistère précédent et aux applaudissements des ennemis de l'Église, François s'y est dit favorable dans la conférence de presse de retour de Panama. Article de AM Valli(2/2/2019)
Mais l'éducation sexuelle à l'école, ça ne marche pas
www.aldomariavalli.it
1er février 2019
Ma traduction
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«Moi, je pense que dans les écoles, il faut faire l'éducation sexuelle», a dit François en réponse à une question d'un journaliste sur le vol de retour de Panama, une question à propos du fléau des grossesses précoces en Amérique latine.
Et pourtant, toute personne qui s'occupe d'éducation sait que ce qu'on appelle l'éducation sexuelle à l'école a été et est un échec, surtout là où, comme en Amérique du Sud, les problèmes sont les plus graves. Ce ne sont pas les catholiques traditionalistes, coincés et hypocrites, systématiquement condamnés par les laïcs, les progressistes et les catholiques à la page qui le disent. Ce sont des études et des enquêtes menées par des instituts de recherche on ne peut plus laïques.
C'est le cas d'une vaste étude menée par Cochrane, un réseau mondial de chercheurs dans le domaine de la santé, sur plus de 55000 jeunes adolescents soumis à des «programmes de santé sexuelle et reproductive» dans différentes régions du monde, de l'Europe à l'Afrique subsaharienne et à l'Amérique latine.
La conclusion des chercheurs est que les cours d'éducation sexuelle à l'école «n'ont aucun effet sur le nombre de jeunes infectés par le VIH et d'autres maladies sexuellement transmissibles». Idem pour ce qui concerne la réduction des grossesses précoces.
Selon l'étude, ce n'est que lorsque les écoles offrent des incitations à rester en classe au-delà des heures de classe normales (par exemple en offrant des uniformes scolaires gratuits ou de petites sommes en espèces) que l'on constate une amélioration, avec une réduction des maladies sexuellement transmissibles et des grossesses non désirées. Mais cela n'a rien à voir avec l'éducation sexuelle.
Il y a quelques années, le British Medical Journal écrivait que «contrairement à ce que l'on pourrait penser, au lieu d'améliorer la santé sexuelle, les interventions d'éducation sexuelle peuvent aggraver la situation».
Les études les plus sérieuses et les plus approfondies expliquent que les meilleurs résultats ne sont pas quand on fait de l'éducation sexuelle, mais de l'éducation morale au sens le plus large, c'est-à-dire quand on transmet aux jeunes quelques principes concernant la valeur de la personne, du corps et de l'abstinence, et quand on souligne l'importance de se protéger (dans toutes ses dimensions, dont la sexualité) d'un usage consumériste. Ce qui fait vraiment la différence, ce n'est pas d'enseigner la sexualité d'un point de vue technique, mais d'éduquer sur la valeur de l'attente, du don de soi, du partage. Sauf que tout cela ne se fait pas à l'école, parce qu'à l'école c'est la vision fonctionnaliste de la sexualité qui prévaut et finalement tout se réduit, quand tout va bien, à la question de l'usage du préservatif.
Ce n'est pas un hasard si l'Église a toujours soutenu, comme l'a souligné par exemple le cardinal Angelo Bagnasco, que l'éducation à l'affectivité et à la sexualité, en raison de son caractère délicat, ne devait pas faire partie du cadre structurel de l'école, dès lors qu'elle est souvent utilisée pour transmettre une certaine vision idéologique.
Voilà pourquoi les paroles de François ont déconcerté de nombreux catholiques.
Un lecteur, par exemple, nous a écrit: «Je suis resté abasourdi par l'initiative de Bergoglio de demander l'enseignement de l'éducation sexuelle dans les écoles. Je suis médecin, désormais assez âgé. Je n'ai pas caché la connaissance de la sexualité à mes trois enfants et, en tant que grand-père, je conseille (avec discrétion) à mes enfants de faire de même avec leurs enfants. Je n'aurais jamais accepté que l'école donne des informations se superposant à ce que je suis capable de faire moi-même. Aussi parce que moi seul (parent, pas moi-moi) comprends le degré de maturité et de préparation de mes enfants et petits-enfants. Penser à traiter les enfants d'une classe tous de la même manière est plus nuisible qu'éducatif. Comment peut-on imaginer que les enfants qui vivent dans une famille où leurs parents exhibent leur propre sexualité puissent être éduqués de la même manière que les enfants pour lesquels la sexualité est vécue avec la juste réserve? Il ne suffit pas de parler de préservatifs (... Les prostituées les utilisent toutes, mais c'est un échantillon de maladies. A l'évidence, quelqu'un leur aura transmises. Mais c'est un long discours à faire) et de cycle menstruel. L'éducation à l'affectivité est prioritaire par rapport à l'éducation à la sexualité».
Et voici une lectrice: «En tant qu'institutrice dans le primaire, j'ai dû accepter l'entrée dans mes classes des soi-disant experts en "éducation à l'affectivité", qui n'était rien d'autre que l'éducation sexuelle. Compte tenu des résultats déprimants de ces projets, je suis convaincue que j'aurais mieux fait seule: une information scientifique honnête et un minimum de responsabilisation auraient suffi.»
Avec son langage habituel qui laisse entendre que A est vrai mais aussi B (cf. Le Pape qui dit tout et son contraire) François, dans sa réponse donnée dans l'avion a précisé que «nous devons offrir une éducation sexuelle objective, telle qu'elle est, sans colonisation idéologique», mais le problème est qu'à l'école, même en l'absence d'une vraie colonisation idéologique, il y a de toute façon la prévalence d'une vision complètement horizontale et profane de la vie, dont toute dimension surnaturelle est éliminée et qui prétend résoudre avec la technique des questions qui méritent d'être affrontées avec l'enseignement et l'usage des vertus morales.
Que la sortie de François soit au moins singulière par rapport à la ligne toujours tenue par l'Église catholique (c'est-à-dire que l'éducation sexuelle est avant de tout la responsabilité des parents, dans l'éducation globale de l'individu), l'enthousiasme avec lequel ses paroles ont été accueillies par ceux qui luttent contre la vision chrétienne de la personne et de la sexualité sont là por le démontrer.
Voici, à titre de preuve, le commentaire d'un membre des radicaux italiens: «En tant qu'anticlérical convaincu, et précisément parce qu'anticlérical convaincu, je ne peux m'empêcher de souligner que l'affirmation péremptoire du pape François («le sexe est un don de Dieu») est révolutionnaire, se posant en antithèse à deux mille ans de culture catholique sexophobe, pour laquelle les pratiques sexuelles étaient sinon diaboliques, de toutes façon innommables (on le fait, mais on ne le dit pas), toujours dans le but de procréation et qui dissimulait mal une considération de la femme proche du zéro. Le Pape François ne se contente pas d'énoncer de nouvelles paroles, mais indique à juste titre un nouvel objectif à atteindre, comme conséquence de ces paroles: cours d'éducation sexuelle, (nous préférerions "information sexuelle", mais ne cherchons pas des poux sur la tête du pape) dans les écoles. Aujourd'hui, je tiens à souligner que le Pape François a brisé un tabou, qui l'est resté sous tous ses prédécesseurs, à partir de Pierre».
Que dire? Difficile de condenser en quelques lignes une telle série de mensonges, démontrant soit une ignorance abyssale, soit une mauvaise foi totale, soit les deux.
François n'est certainement pas le premier pape à dire que le sexe est un don de Dieu. Il suffit de penser à la théologie du corps de saint Jean Paul II dans son enseignement sur la sexualité et le mariage. Quant à l'idée qu'avant François, l'Église considérait les femmes comme proches de zéro, il est évident que ceux qui soutiennent ces absurdités n'ont jamais lu Mulieris dignitatem de Saint Jean Paul II lui-même, un authentique hymne à la femme.
Mais pourquoi perdre du temps avec ceux qui préfèrent se bercer de leurs propres préjugés plutôt que de s'informer et de comprendre?
Ce qui inquiète et attriste, c'est que les paroles du pape sont malheureusement de nature à mériter le soutien enthousiaste de ceux qui ont toujours soutenu (avortement, euthanasie) la culture non de la vie, mais de la mort.
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