Francois : "Des prêtres mariés ? Non, sauf….."
Giuseppe Nardi revient sur les propos ambigus du Pape lors de la conférence de presse de retour du Panama. Une autre illustration de la "méthode Bergoglio" (1er/2/2019)
>>> Voir ausi: Le Pape qui dit tout et son contraire (Cascioli)
Le pape Francois : « Des prêtres mariés ? Non, sauf….. »
Le pape donne le feu vert aux prêtres mariés
Giuseppe Nardi
katholisches.info
29 janvier 2019
Traduction d'Isabelle
* * *
(Rome) Le pape François a donné hier, dans l’avion qui le ramenait de Panama, sa traditionnelle conférence de presse. Une journaliste française lui a demandé si, dans l’avenir, il y aurait aussi des prêtres mariés. Réponse de François, sous une forme désormais bien connue : non, oui-non, oui. Il a littéralement dit : « Des prêtres mariés ? Non, sauf …. »
Caroline Pigozzi, de Paris Match, a annoncé au pape qu’elle lui remettrait une lettre du prêtre français Benoist de Sinety, qui était avec 200 jeunes aux JMJ de Panama. Mais la lettre doit encore être écrite. Le pape remercia la journaliste pour le livre écrit par ce prêtre qu’elle lui avait déjà remis. Ce livre est un plaidoyer pour une ouverture à une immigration de masse vers l’Europe, baptisée « culture de l’accueil » (Benoist de Sinety, Il faut que des voix s’élèvent. Accueil des migrants, un appel au courage, Paris 2018), dont le pape lui-même est le plus grand promoteur et la caution morale, depuis sa visite sur l’île de Lampedusa durant l’été 2013.
Venons-en à la question de la journaliste.
A quand des prêtres mariés ?
Caroline Pigozzi : Saint Père, pendant quatre jours, nous avons vu ces jeunes gens prier avec ferveur. On peut s’imaginer que, parmi eux, quelques-uns voudront entrer dans la vie religieuse. On peut aussi penser qu’un certain nombre est appelé au sacerdoce. Peut-être certains hésitent-ils, en pensant que c’est un chemin difficile si l’on ne peut pas se marier. Peut-on envisager que vous autorisiez, dans l’Eglise catholique, à l’exemple du rite oriental, des hommes mariés à devenir prêtres ?
Le pape François : Dans l’Eglise catholique de rite oriental, cela peut se faire et l’on opte, avant le diaconat, pour le célibat ou le mariage.
Caroline Pigozzi : Mais maintenant, dans l’Eglise catholique de rite latin, peut-on envisager que vous preniez cette décision ?
Le pape François : Dans le rite latin… Il me revient une phrase de saint Paul VI : « Je donnerais ma vie plutôt que de modifier la loi du célibat ». Cette phrase m’est revenue et je voudrais la citer, parce que c’est une phrase courageuse dans moment plus difficile qu’aujourd’hui… Personnellement, je pense que le célibat est un cadeau pour l’Eglise. Deuxièmement, je ne suis pas d’accord d’autoriser un célibat optionnel. Non. Cela pourrait rester une possibilité dans des endroits très reculés – je pense aux îles du Pacifique… Mais il faut aussi considérer que lorsqu’il y a une nécessité pastorale, le pasteur doit penser aux croyants. Il y a un livre de Lobinger [à savoir : Preti per domani, Emi, 2009, de l’évêque missionnaire Fritz Lobinger, natif de Bavière], il est intéressant – c’est une matière à discussion entre les théologiens. Il n’y a pas de décision de ma part. Ma décision c’est : non au célibat optionnel avant le diaconat. C’est mon avis personnel, je ne le ferai pas, cela doit être clair. Suis-je pour autant quelqu’un de « fermé » ? Peut-être, mais je ne veux pas devoir me présenter devant Dieu avec cette décision. Revenons à Lobinger, qui a dit : « L’eucharistie fait l’Eglise et l’Eglise fait l’Eucharistie ». Mais là où il n’y a pas d’eucharistie, dans les communautés, – pensez-y vous-même, Caroline, dans les îles du Pacifique…
Dans le Pacifique, l’Amazonie, en beaucoup d’endroits…
Caroline Pigozzi : En Amazonie aussi…
Pape François : Là-bas, peut-être… en beaucoup d’endroits… dit Lobinger : Qui fait l’Eucharistie ? Dans ces communautés, les « chefs », disons les organisateurs de ces communautés sont des diacres, des religieuses ou même des laïcs. Et Lobinger dit : On peut ordonner un « ancien » qui est marié, – c’est là sa thèse : que l’on puisse ordonner un ancien qui est marié, mais seulement pour qu’il exerce le munus sanctificandi, donc qu’il célèbre la messe, administre le sacrement de la réconciliation et donne l’onction des malades. L’ordination sacerdotale confère trois munera : d’abord regendi (diriger), qui est la tâche du pasteur ; puis docendi (enseigner) et sanctificandi. Cela vient par l’ordination. L’évêque donnerait seulement le pouvoir pour le munus sanctificandi : voilà la thèse. Le livre est intéressant. Peut-être cela peut-il aider à envisager ce problème. Je crois que le problème doit être pensé avec une ouverture dans les cas où il y a un problème pastoral en raison du manque de prêtres. Je ne dis pas qu’on doit le faire, parce que je n’ai pas encore réfléchi là-dessus et que je n’ai pas encore suffisamment prié. Mais les théologiens doivent étudier la question. Lobinger est un exemple… il était prêtre fidei donum en Afrique du Sud ; il est âgé … Je cite cet exemple pour mettre en évidence ce qui doit l’être. J’ai parlé avec un official de la Secrétairerie d’Etat, un évêque qui a dû travailler au début de la révolution dans un pays communiste. Quand on a vu comment se déroulait la révolution, autour des années 50, les évêques ont ordonné en secret de braves paysans qui étaient des hommes religieux.
Quand la crise était passée, trente ans plus tard, l’affaire était résolue. Il m’a dit ce qu’il ressentait quand, dans une concélébration, il voyait ces paysans, avec leurs mains de paysans, s’habiller pour concélébrer avec les évêques. Dans l’histoire de l’Eglise, cela s’est produit ; c’est une chose à étudier ; il faut y réfléchir et prier.
La stratégie de François : non, oui-non, oui
C’est la troisième fois au cours de son pontificat, comme on peut le démontrer, que le pape François exécute à propos des sacrements, ce genre de pirouettes cryptées. Puisque, dans les deux autres cas, on sait comment cela s’est terminé, il n’est pas difficile de prévoir que c’est le même développement que vise sa réponse à la journaliste française.
Exemple 1
L’admission aux sacrements des adultères permanents, appelés divorcés remariés dans la novlangue pastorale. Jusqu’à ce jour, le pape François n’a toujours pas dit expressément et sincèrement qu’il veut cette admission ; ni qu’il a promu et imposé concrètement cette admission à travers son exhortation postsynodale controversée Amoris laetitia. De manière indirecte pourtant, il l’a confirmée bien des fois. Et il y a surtout les pratiques qu’il tolère d’évêques qui lui sont proches. Quand les évêques de la province ecclésiastique de Buenos Aires, sa province d’origine, ont, par des directives, transposé cette admission dans la praxis, il a fait leur éloge, en indiquant que c’était là la seule interprétation possible et correcte d’Amoris Laetitia. Rupture avec la tradition et dilution du sacrement du mariage furent justifiées par des « nécessités pastorales ». François a invoqué, à la veille du synode sur la famille en octobre 2014, « un cri du peuple ».
Exemple 2
En novembre 2015, il visitait la communauté luthérienne de Rome. À cette occasion, il a répondu à la question, bien peu surprenante, de savoir quand un protestant et son conjoint catholique peuvent recevoir ensemble la communion à la messe. Le pape François a répondu par un flot de mots, qui commença avec un « non » très clair, qui devint un « oui-non » pour finir par un « oui ». En ajoutant certes que lui-même ne le permettrait jamais. Le public comprit et applaudit avec enthousiasme. En février 2018, la conférence épiscopale allemande décida à la majorité exactement ce qui avait été discuté alors dans l’église luthérienne de Rome. Les luthériens peuvent aller à la communion avec leurs conjoints catholiques. Comme dans l’exemple 1, la justification invoque des « nécessités pastorales », allant même jusqu’à dire que ces mariages entre conjoints de confessions différentes sont mis en danger si les luthériens ne peuvent communier, bien qu’ils rejettent la conception catholique de la communion.
Exemple 3
A la question de la journaliste Pigozzi, François fait la même pirouette. D’abord, il affirme que, dans les églises orientales uniates, des hommes mariés peuvent être ordonnés diacres et prêtres. Puis il explique ne pas avoir l’intention de jamais autoriser cela dans l’Eglise latine. Il parle du célibat sacerdotal – comme le font aussi, d’ailleurs, les adversaires du célibat – comme d’une loi de l’Eglise seulement. Et il insiste sur le fait que ce « non » à l’abrogation du célibat n’est que son opinion « personnelle ». Le pape suscite l’impression d’un « non » bien clair, alors qu’un vrai « non » ressemble à autre chose.
Des prêtres mariés ? Non, sauf… Sauf dans les îles exotiques du Pacifique. Pigozzi évoque alors l’Amazonie, à propos de laquelle François a convoqué un synode extraordinaire qui se tiendra en octobre. Et vous voyez, oui, aussi en Amazonie. « En beaucoup d’endroits », dit François, en glissant le nom de l’évêque Lobinger, que les adversaires du célibat présentent comme le donneur de mot d’ordre et l’avocat principal de l’abolition du célibat parmi les promoteurs du synode sur l’Amazonie.
Le pape François le sait, naturellement, et pourtant il cite Lobinger, et seulement lui, avec force détails. On peut difficilement croire aussi qu’il n’ait pas réfléchi là-dessus. Alors qu’il connaît très précisément les thèses de Lobinger et manifeste à leur égard une approbation sans équivoque, en disant à plusieurs reprises qu’elles sont « intéressantes ».
Sa réponse à Pigozzi mentionne deux livres et on voit bien, là encore, que les lectures du pape François comportent de préférence des auteurs de la frange progressiste et gauchiste. On cherchera probablement en vain, parmi ceux qu’il cite, un auteur orthodoxe.
François ne veut pas – et cela, tout son pontificat jusqu’ici nous l’apprend – se laisser prendre en flagrant délit de rupture avec la tradition. Il se lave les mains dans l’innocence. L’impulsion et l’autorisation viennent de lui, mais pas d’une manière réellement repérable. La communion pour les divorcés remariés tient dans une note de bas de page d’Amoris Laetitia, dans un jargon obscur. C’est seulement l’interprétation par les évêques telle que François la tolère et l’encourage, qui la transforme en une nouveauté qui rompt avec la tradition.
La même chose s’est produite avec la communion pour les conjoints luthériens. Il a donné l’impulsion et montré le chemin. Les évêques allemands, dans leur majorité, ont saisi au vol l’occasion offerte par le pape. François, bien qu’interpellé sur le sujet par une minorité des évêques, est resté muet ; ainsi, couverte par lui sur ses arrières, la majorité a-t-elle pu s’imposer et couler dans la praxis officielle l’administration de la communion à des non catholiques. François rend cela possible sans qu’aucun document qui l’autorise porte sa signature.
Et maintenant, avec le Synode sur l’Amazonie, on nous prépare la même chose : le troisième petit tour. Les organisateurs du synode, en tout premier lieu le cardinal Claudio Hummes et l’évêque missionnaire émérite Erwin Kraütler, d’origine autrichienne, tous deux partisans de la thèse de Lobinger et adversaires du célibat sacerdotal, préparent depuis des années l’attaque sur le célibat. Elle se produira dans une région « reculée » : l’Amazonie. Les thèses de Lobinger servent de base. François convoque le synode. Sans lui rien ne marcherait, absolument rien. Le synode parlera surtout d’un « état d’urgence pastoral », alléguant la pénurie de prêtres. François répondra à ce prétendu « cri du peuple » pour avoir l’eucharistie et, non, il n’autorisera aucune abolition du célibat, mais trouvera, cette fois encore, une formulation obscure, qui permettra aux évêques proches de lui, qui le souhaitent, d’ordonner des prêtres mariés. Les évêques porteront la responsabilité et, ici encore, aucun document officiel d’autorisation ne portera la signature du pape.
Dans le passé déjà, Katholisches.info a qualifié de très profondément malhonnête cette manière du pape François d’exercer son ministère.
Le « tiers du sacerdoce » : banalisation dialectique de la messe
Particulièrement choquante est sa banalisation du sacerdoce, lorsqu’il fait comme si ces « anciens » mariés de l’« intéressante » thèse de Lobinger n’étaient pas de vrais prêtres et pouvaient « seulement » célébrer la messe. A plusieurs reprises, au cours de ce pontificat, on a soulevé la question de savoir quelle conception de l’Eglise et du prêtre se faisait le pape François. La question tourmente aujourd’hui beaucoup de catholiques. Elle s’impose avec d’autant plus d’insistance que le synode sur l’Amazonie approche à grand pas.
Le pape tente d’engourdir son public par un flot verbal dialectique, en essayant de transformer les trois munera du sacerdoce en un sacerdoce tripartite et en faisant comme si les prêtres mariés ne recevaient qu’un « tiers du sacerdoce ». On a là la pilule tranquillisante bien connue que François administre aux conservateurs assoupis. « Cela n’est en fait pas le sacerdoce plénier », va-t-on dire. Ce que vont s’empresser de gober avec joie ceux à qui leur repos importe plus que tout et qui sont reconnaissants pour tout argument, si bête soit-il, que François leur jette, et qui les dispense d’agir.
Hier, dans l’avion qui le ramenait de Panama, le pape François a, de facto, donné le feu vert aux prêtres mariés. L’« état d’urgence » pastoral sera décrété demain, non seulement dans les lointaines îles du Pacifique, mais aussi en Allemagne, en Autriche, en Suisse …, et cela bien plus rapidement que beaucoup peuvent le penser et le souhaiter. Cela n’est désormais plus qu’un petit pas.
François et ses confidents les plus proches ont défini son pontificat comme un temps de changements qui doivent s’accomplir de telle sorte qu’ils soient rendus irréversibles. C’est précisément à cela que François s’applique.
Maintenant pour le sacrement de l’ordre.
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