Instrumentum Laboris Amazonie (suite)
ou le vieux mythe du "bon sauvage" revisité et la théologie de la libération recyclée. Un texte "gnostique" qui contredit la foi catholique, totalement inacceptable. (19/6/2019)
>>> Synode Amazonie, Instrumentum laboris
La question qui brûle les lèvres est évidemment: que va en faire François, dont les obssessions écologistes et paupéristes imprègnent manifestement tout le document?
Stefano Fontana, dans son éditorial de La Bussola d'aujourd'hui, demande d'emblée aux évêques de le rejeter:
Synode d'Amazonie : Evêques, rejetez ce document
Stefano Fontana
www.lanuovabq.it
19 juin 2019
Ma traduction
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L'Instrumentum Laboris pour le Synode sur l'Amazonie, présenté lundi, est un texte gnostique qui contredit la foi catholique. On peut seulement espérer que les Pères synodaux le rejetteront et en élaboreront un nouveau. En plus de contenir des analyses très discutables sur l'Amazonie, dont les populations n'auraient même pas besoin de la libération apportée par le Christ, il y a l'idée que le salut dérive d'une pratique, et l'exaltation d'un primitivisme écologiste de la vie dans le "tout" de la Terre-Mère. Un texte totalement inacceptable.
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L'Instrumentum Laboris du prochain synode des évêques sur l'Amazonie, présenté à la presse il y a deux jours, a une tournure inacceptable et l'on espère que les Pères synodaux le rejetteront et en rédigeront un nouveau. Ils donneraient ainsi une preuve de charité et de vérité. Le motif de fond de notre proposition drastique n'est pas les nombreuses lourdeurs et incohérences que le texte contient, mais son âme cachée, le fil théologique subtil qui relie les parties ensemble. C'est cela qui n'est pas acceptable.
Le texte est copieusement farci de la novlangue ecclésiale d'aujourd'hui. Des mots tels que synodalité, Église en sortie, choix des pauvres, dialogue, écoute, discernement, conversion écologique, périphéries géographiques et existentielles, et bien d'autres dont nous avons à présent tous assez parce que nous les étendons répéter par devoir institutionnel, comme manifeste idéologique, par [un effet de] mode communicative ou par complaisance servile.
Il contient également une analyse très discutable de la situation de l'Amazonie du point de vue scientifique, et des caractéristiques des cultures des peuples autochtones du point de vue de l'anthropologie culturelle: ces cultures ne représentent absolument pas un monde idyllique, équilibré et convivial comme le document voudrait nous le faire croire. Leur paganisme n'était pas et n'est pas une source de liberté mais de multiples esclavages. Les rapports internes de leurs vies tribales connaissent des formes crues de violence, d'injustice et de ségrégation.
L'Instrumentum laboris contient aussi une diabolisation injuste de l'évangélisation du continent, remarquée à plusieurs reprises dans le texte. Le lecteur, devant les propositions pratiques variées et les suggestions pastorales qui concluent les différents chapitres, comprend qu'ils s'agit de choses qui ne se feront jamais, trop nombreuses, trop génériques et trop inégales par rapport aux forces d'un catholicisme latino-américain en grande difficulté que la lutte pour les droits des peuples autochtones ne suffira pas à revitaliser.
Tous ces éléments nous laissent perplexes et souvent nous déconcertent. Même seuls, ils hypothéqueraient sérieusement l'utilité du document. Mais, comme nous le répétons, le vrai problème n'est pas là. Il s'agit plutôt d'une veine gnostique évidente qui anime l'ensemble du texte.
En substance, on propose de lire le message du Christ à la lumière de la culture ancestrale et panthéiste des peuples autochtones. Le paganisme - c'est-à-dire une religiosité du mythe qui ne connaît pas le Logos - est présenté comme un exemple sain de multireligiosité dans laquelle l'Esprit Saint se manifesterait, quelque chose d'équivalent à la biodiversité dans le domaine environnemental. L'animisme est présenté comme une dimension spirituelle valide et élevée qui saisit le sens du tout et s'y identifie, en utilisant un langage narratif ésotérique auquel devrait se conformer le langage de l'Église. La ritualité indigène est considéré comme «essentielle au salut intégral» en ce qu'il crée «harmonie et équilibre entre les êtres humains et le cosmos». Elle est donc considérée comme une expérience valide du sacré, étrangère à la superstition, à la magie, à la sorcellerie, au chamanisme, et qu'il convient de garder présente à l'esprit comme point de départ pour l'inculturation de la liturgie catholique. La création, gnostiquement, est appelée «Mère Terre», dans le sein de laquelle nous vivons tous en connexion «avec les différentes forces spirituelles», nourrie par elle dans une égalité intégrale entre les êtres vivants dont l'homme n'émerge pour aucune forme d'élection divine [quel charabia!! Qui va lire cela?].
L'Amazonie serait «pleine de vie et de sagesse»; ses cultures inspireraient «de nouveaux chemins, de nouveaux défis et de nouveaux espoirs» ses peuples vivraient de manière admirable «l'harmonie des relations entre l'eau, le territoire et la nature, la vie communautaire et la culture, Dieu et les différentes forces spirituelles»; l'Amazonie est un lieu «de sens pour la foi, ou l'expérience de Dieu dans l'histoire... un lieu épiphanique... une réserve de vie et de sagesse pour la planète, une vie et une sagesse qui parlent de Dieu»; il émane d'elle «un enseignement vital pour une compréhension intégrale de nos relations avec autrui, avec la nature et avec Dieu»; en Amazonie "La vie est un chemin communautaire où tâches et responsabilités sont partagées pour le bien commun».
Une Amazonie semblable, en quoi a-t-elle besoin de l'annonce de la libération du Christ? Tout au plus, elle en a besoin parce que ce paradis est menacé par les industries extractives, elle en a besoin comme action sociale revendicative, il faut le Christ pour libérer l'Amazonie, mais pas pour la libérer aussi de l'Amazonie, plutôt pour restaurer l'Amazonie pure, originelle, primitive, qui a en elle-même tous les critères du «bien vivre» et dont l'Église doit apprendre. Est-ce cette «connaissance» (Gnosis) qui nous sauvera et non la doctrine, la vie et le culte de l'Église du Christ? Il semble que oui, quand l'Instrumentum dit que nous devons «désapprendre, apprendre et réapprendre»: un projet clairement gnostique.
Deux gnosticismes convergent dans le document. Le premier est l'idée que le salut dérive d'une pratique, d'un christianisme révisé à partir d'une situation historique (d'exploitation): c'était la voie de la théologie de la libération. Le second est représenté par le primitivisme écologiste de la vie dans le «tout» de la Terre Mère dont les peuples amazoniens aujourd'hui exploités seraient les dépositaires. Deux gnosticismes en un. Deux gnosticismes peu amazoniens, beaucoup d'exportation occidentale, conçus sur les chaires de la nouvelle théologie catholique européenne.
Le blog <Campari et de Maistre> est plus sévère encore et ne craint pas de parler d'"insanités" (traduction polie de fregnacce).
Entre insanités et hérésies
campariedemaistre.blogspot.com
19 juin 2019
Ma traduction
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L'instrumentum laboris présenté aujourd'hui, concernant le synode sur l'Amazonie qui se tiendra en octobre, déconcerte, il dépasse toute attente. Alors que l'on s'attendait à un document hyper écologiste, indigéniste, syncrétiste, contenant des ouvertures aux prêtres mariés, viri probati et ainsi de suite, on n'attendait pas une exagération comme celle qui a été produite.
L'écologisme devient une véritable théologie, à tel point qu'est adoptée l'idée que le péché originel consiste en une rupture d'harmonie entre l'homme et la nature, et que c'est seulement par accident qu'il est devenu une rupture de la relation avec Dieu. Pour retrouver cette harmonie, nous devrions donc nous tourner vers les peuples indigènes, qui vivraient en pleine harmonie avec la création, seraient porteurs de sagesse et de coutumes ancestrales à sauvegarder et, en substance, à intégrer dans le catholicisme.
L'indigénisme devient presque une mythologie, celle du bon sauvage, qui montre pourtant une réalité inexistante. Il suffit de les observer, ces peuples autochtones, pour comprendre que la réalité est un peu différente. Cependant, le document affirme: «Les rites et les cérémonies indigènes sont essentiels pour le salut intégral parce qu'ils intègrent les différents cycles de la vie humaine et de la nature. Ils créent l'harmonie et l'équilibre entre les êtres humains et le cosmos. Ils protègent la vie des maux qui peuvent être causés à la fois par les êtres humains et par les autres êtres vivants. Ils aident à guérir les maladies qui nuisent à l'environnement, à la vie humaine et aux autres êtres vivants». Et donc ces rites devraient être intégrés dans le catholicisme: «Il est demandé par exemple de tenir compte des mythes, traditions, symboles, savoirs, rites et célébrations originels qui incluent les dimensions transcendantes, communautaires et écologiques». Malheureusement, ceci n'est pas seulement de la pacotille new-age, il s'agit d'un véritable manifeste.
La culture indigène, s'il en existe vraiment une, est en effet non pas placée au même niveau que le catholicisme, mais à un niveau supérieur. C'est à nous, en effet, d'apprendre d'eux, tandis que la Bonne Nouvelle doit être adaptée.
Il faudrait des heures pour décrire toutes les âneries et hérésies contenues dans le document. Sachons, pour en citer une, qu'il existe même une théologie indo-amazonienne, qu'il faut approfondir mais pas pour convertir les indigènes, au contraire.
D'illeurs, d'après ce document, les indigènes sont déjà parfaits, si bien que, sans avoir besoin de l'Évangile, ils ont développé des qualités spirituelles et morales si élevées que nous, catholiques, nous en rêvons. Le mal de l'Amazonie, c'est l'homme blanc, qui bat les femmes (pas les indigènes), qui tue (pas les indigènes), qui est malhonnête (pas les indigènes).
D'autre part, les Semences de la Parole, dit le paragraphe 120, ont pris racine même si l'Évangile n'est pas encore arrivé: «L'Esprit créateur qui remplit l'univers est l'Esprit qui a nourri pendant des siècles la spiritualité de ces peuples avant même l'annonce de l'Évangile, et qui les pousse à l'accepter à partir de leurs cultures et traditions. Une telle annonce doit tenir compte des "semences de la Parole" qui y sont présentes. Elle reconnaît en outre que chez beaucoup d'entre eux, la semence a déjà poussé et porté ses fruits. Elle suppose une écoute respectueuse qui n'impose pas de formulations de foi exprimées par d'autres références culturelles qui ne répondent pas à leur contexte vital. Mais au contraire, elle écoute "la voix du Christ qui parle à travers tout le peuple de Dieu"».
A part que cette vieille histoire de la Croix est désuète, la semence pousse avant l'Evangile. Bien sûr, quand les Espagnols sont arrivés en Amérique du Sud, ils y ont trouvé les Aztèques qui pratiquaient des sacrifices humains (ce qui arrive encore chez les nobles peuples indigènes): ça, c'est une semence du Verbe digne de ce nom.
En conclusion, eh bien oui, on parle de prêtres mariés.
Paragraphe 129 :
«Affirmant que le célibat est un don pour l'Église, il est demandé que, pour les régions les plus reculées de la région, la possibilité d'ordination sacerdotale de gens âgés, de préférence indigènes, respectés et acceptés par leur communauté soit étudiée, même si elles ont déjà une famille constituée et stable, afin d'assurer les sacrements qui accompagnent et soutiennent la vie chrétienne».
Et toujours au 129, eh bien oui, on avance l'hypothèse de ministères officiels pour les femmes:
«Identifier le type de ministère officiel qui peut être conféré aux femmes, en tenant compte du rôle central qu'elles jouent aujourd'hui dans l'Église amazonienne».
Que dire? A côté de ces déchets, il y en a bien d'autres, que nous laissons de côté parce qu'ils sont tout simplement inutiles. Sommes-nous vraiment intéressés par un Synode qui condamne les incinérateurs ? Et quelqu'un s'attend-il à ce que nous essayions d'interpréter des expressions telles que «récupérer les mythes et actualiser les rites et les célébrations communautaires qui contribuent de manière significative au processus de conversion écologique»?
Nous en sommes à l'aburdité absolue...
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