La revanche de Pie IX

Le projet de film de Spielberg sur "l'affaire Mortara" bloqué par la sortie concomitante aux Etats-Unis de l'autobiographie du protagoniste (2/2/2018)

 

De l'affaire Mortara, du nom de cet enfant juif baptisé en secret par une servante chrétienne, et que Pie IX fit élever dans la religion catholique, il a été question dans ces pages en octobre 2016 (cf. benoit-et-moi.fr/2016/actualite/propagande-anticatholique), alors que Steven Spielberg annonçait la mise en chantier d'un film inspiré par son histoire, tiré d'un livre écrit par un certain David Kertzer (voir l'interview de ce dernier ICI).
Il y avait là tous les ingrédients pour un nouveau brûlot anticatholique, auquel le prestige de son réalisateur assurerait une audience planétaire.
Mais apparemment, la Providence en a décidé autrement.
Grâce à Vittorio Messori auteur d'un livre sur le sujet écrit en 2005 («Io, il bambino ebreo rapito da Pio IX». Il memoriale inedito del protagonista del «caso Mortara»), et aux éditions Ignatius qui ont réussi non sans les difficultés que l'on imagine, à obtenir que la traduction en anglais sorte aux Etats-Unis en même temps que l'annonce du film (Kidnapped by the Vatican?:The Unpublished Memoirs of Edgardo Mortara), le projet de Spielberg est - au moins pour le moment -, à l'arrêt.

Mortara débarque aux Etats-Unis et le "blockbuster" de Spielberg part en fumée.



www.lanuovabq.it
2 février 2018
Ma traduction

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Le célèbre réalisateur et producteur américain Steven Spielberg, juif pratiquant, était sur le point de tourner un film sur "l'affaire Mortara". Naturellement, le film (distribué dans le monde entier) aurait suivi la vulgate, selon laquelle le petit Edgardo Mortara, sur les ordres de Pie IX, à l'âge de sept ans, aurait été cruellement arraché aux bras de ses parents, des juifs de Bologne, amené à Rome et élevé dans des collèges catholiques, le forçant à devenir chrétien. Et cela parce quand il était nouveau-né et en danger de mort, une domestique chrétienne l'avait baptisé en cachette.

Les anticléricaux laïcs et les communautés juives en firent une affaire retentissante, au niveau mondial, pour dénoncer l'inhumanité de l'Église.
Mais en 2004, Vittorio Messori, travaillant dans les archives romaines des clercs réguliers du Latran, fit une découverte inattendue et aussi, sur le plan historique, retentissante: il découvrit l'autobiographie inédite que Mortara lui-même, devenu religieux fervent et exemplaire, écrivit en 1888, à l'âge de 37 ans. Las des mensonges sur son "cas", le Père Mortara expliquait comment les choses s'étaient vraiment passées.

Il s'agit d'une apologie émouvantes de ce pape diffamé qui, en réalité, fut pour lui un vrai père. Mais aussi une apologie de l'Église catholique, dont il voulut à tout prix devenir un moine, infatigable dans l'apostolat. Messori a publié le document sous le titre: “Io, il bambino ebreo rapito da Pio IX” avec une introduction de 70 pages. A propos du livre, il y a eu un peu de mécontentement mais personne n'a pu polémiquer, puisque l'autobiographie de la main du même protagoniste était irréfutable.

Spielberg travaillait sur le projet de son film en se basant (comme il l'avait lui-même dit dans une interview) sur des auteurs qui donnent des versions factieuses et diffamatoires sur le «cas» qui est encore utilisé comme une arme contre les catholiques. Aujourd'hui, enfin, après plusieurs tentatives de blocage de la traduction américaine, le livre de Messori est sorti sous le titre “Kidnapped By The Vatican” et avec l'introduction de célèbres historiens américains. Publié par Ignatius Press à San Francisco, la maison d'édition bien connue et respectée des jésuites américains.

Et là, un coup de théâtre: Spielberg a annoncé qu'il avait suspendu le travail pour le film. Motif officiel: il s'était rendu en Italie pour trouver un jeune garçon qui pouvait tenir le rôle du jeune «kidnappé». Il a dit dans une interview: «J'ai vu un millier de jeunes enfants, mais je n'ai trouvé personne qui me satisfaisait». Explication singulière du blocage d'un "Kolossal" pour lequel tout était préparé.
Ce n'est donc pas un hasard si beaucoup, en Amérique, soupçonnent que la volte-face du célèbre réalisateur a été imposée par la publication de l'autobiographie de Mortara lui-même, qui montre la fausseté de bien des choses qui sont sorties en près d'un siècle et demi sur son "cas".

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