Les évêques américains se rebiffent
après l'injonction venant du Vatican de stopper toute initiative visant à tirer au clair les scandales de pédophilie, avant le "sommet" mondial des coférences épiscopales prévu en février 2019 (16/11/2018)
>>> Vigano écrit aux évêques américains
Le cardinal Di Nardo, président de la CE, ces jours-ci à Baltimore
Commission sur les abus, les évêques américains vont de l'avant
Marco Tosatti
www.lanuovabq.it
15 novembre 2018
Ma traduction
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Les évêques américains, réunis à Baltimore, n'ont aucune intention de s'arrêter malgré la demande, formulée par la Congrégation pour les évêques, de ne pas voter sur deux points qui constituaient l'élément-clé au coeur de l'assemblée de novembre: un code de conduite pour les évêques en cas d'abus, et une commission dirigée (président et vice-président) par des laïcs pour enquêter. Enquêter, et non pas juger, comme des sources proches du Vatican, dont est partie cette démarche dilatoire l'ont diffusé - avec succès - dès que le président de la Conférence épiscopale, Daniel Di Nardo, a annoncé le stop au vote en provenance de Rome. Les résultats de l'enquête éventuelles devaient ensuite être transmis aux autorités supérieures, et en particulier au Nonce. Ce ne serait donc pas - comme le prétendent les défenseurs du Vatican - une attaque contre la primauté pétrinienne, ni contre les prérogatives pontificales à l'égard des évêques.
Ce qui est certain, c'est que les évêques américains, et avec eux le président, le cardinal DiNardo, ont été pour le moins surpris par la requête de la Congrégation pour les évêques, à laquelle siègent également les cardinaux Cupich et Wuerl, directement liés à la "filière" McCarrick.
Tous les journalistes présents parlent d'une "surprise visible" de la part des évêques, notamment parce que les projets des deux documents - celui sur la conduite des évêques et celui sur l'établissement d'une commission d'enquête - semblaient nécessaires à tous, pour donner un signal concret aux catholiques et à l'opinion publique que la Conférence épiscopale voulait aborder sérieusement le drame des abus. Ce n'est pas un hasard si les discours du président et du vice-président du National Advisory Council (Conseil consultatif national) sur les abus - un prêtre et une femme - ont été applaudis. Tous deux ont parlé des réformes proposées et bloquées par Rome: un nouveau code de conduite, une enquête sur les séminaires, pour éradiquer les comportements prédateurs homosexuels, une enquête sur le cardinal McCarrick et un système indépendant pour enquêter sur les accusations d'abus.
C'est dans cette atmosphère que s'est inséré le bref message de Mgr Carlo Maria Viganò, archevêque (Vigano écrit aux évêques américains)
Rome demande que le vote sur les propositions concrètes pour faire face à la crise soit reporté après février, c'est-à-dire après le "sommet" des conférences épiscopales du monde entier à Rome pour discuter du problème des abus. Et après la perplexité due à l'annonce de l'inexplicable demande romaine, les évêques ont décidé d'aborder de toute façon les sujets brûlants de la discussion, afin de fournir à la délégation américaine en février des armes et du matériel pour aborder cette question. Comme l'a expliqué un évêque courageux, Thomas Paprocki de Springfield, ce n'est pas un acte de rébellion ou de désobéissance contre le Pape. Mais les évêques ne sont pas des "directeurs de filiales" du Vatican, ni des "vicaires du Pontife romain". La Conférence épiscopale américaine doit "s'occuper de son troupeau". Et, comme plusieurs commentateurs l'ont souligné, la demande romaine entre en conflit avec la synodalité et la décentralisation manifestée avec des mots, sans parler de la nécessité, toujours manifestée de manière démagogique et trahie par des actes, d'un rôle accru des laïcs et des femmes dans l'Église. Tout est parfait, jusqu'à ce qu'on arrive au concret: et alors la structure verticale et cléricale réapparaît immédiatement.
Et le changement de ton est devenu évident quand le cardinal Di Nardo a annoncé qu'il y aura un vote sur un sujet ajouté à l'ordre du jour. Le cardinal a annoncé que l'ajout proposé serait d'envoyer une demande formelle au Saint-Siège de remettre toute la documentation relative au cas de l'ancien cardinal Théodore McCarrick. Après quoi l'évêque auxiliaire de Los Angeles, Robert Barron, a souligné que la crise actuelle était née précisément à cause du cardinal, et que les gens font pression sur les évêques pour que la clarté puisse être faite jusqu'au bout. Un thème sensible pour Rome et pour le Souverain Pontife, qui a évité de répondre à l'appel de l'archevêque Viganò sur ce thème.
Barron s'est demandé dans quelle mesure l'examen par le Saint-Siège des documents liés était en cours et s'il ne serait pas possible d'exercer une "pression respectueuse" pour une enquête approfondie. Ce qui, une fois de plus, ne semble pas être dans la volonté du Vatican. La demande d'enquête apostolique faite au Souverain Pontife par les évêques américains avait été abandonnée. Mais le président du Conseil consultatif national, le père David Whitestone, a demandé qu'il y ait une enquête complète et indépendante sur le scandale McCarrick, y compris les détails de l'indemnisation reçue par les victimes et les noms de ceux qui étaient au courant de sanctions contre McCarrick.
Le problème des sanctions, de ceux qui en étaient au courant, de ceux qui ne les ont pas appliquées et de ceux qui les ont imposées, est comme nous le savons une des questions centrales du témoignage du Viganò. Une requête analogue a été faite par Francis Cesareo, président du National Review Board, l'organisme créé en 2002 pour la défense des mineurs dans l'Église américaine. Cesareo a demandé une enquête sur le scandale McCarrick et a également demandé que les diocèses de Newark, Washington et New York coopèrent à cette enquête. Il est clair que pour les évêques américains - et pour les fidèles américains en général - la clarté sur l'affaire McCarrick est un sujet de grande importance pour rétablir un climat de confiance. Une exigence que le silence du Vatican et du Pontife ne semblent pas comprendre.
Cesareo a dit: "Il faut répondre aux accusations de l'archevêque Viganò. Rien ne doit être négligé. Ignorer ces accusations laissera un nuage sur l'Eglise, et des questions resteront sans réponse".
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