Ouverture des "Archives secrètes"
Nouveau cas d'ingérence extérieure dans les affaires de l'Eglise, avec l'accord de celle-ci. Tempête dans un verre d'eau? (5/3/2019, mise à jour le 6/3)
Dans un discours prononcé devant les collaborateurs des Archives Secrètes du Vatican, François a annoncé hier (lundi 4 mars) qu'il allait ouvrir lesdites Archives pour permettre l'accès à tous les dossiers concernant Pie XII.
Occasion pour les médias de rappeler à leur manière l'attitude de Pie XII pendant la seconde guerre mondiale: la majorité d'entre eux, incorrigibles, persistent à mettre en doute, de façon subtilement vicieuse, le fait qu'il ait contribué à sauver des milliers de juifs - sachant pertinemment que la plupart des historiens sérieux s'accordent pour le reconnaître et admettre que le Pape a fait TOUT ce qui était en son pouvoir - mais c'est évidemment plus facile de jouer les héros plus de 70 ans après les faits, bien à l'abri derrière son écran d'ordinateur.
Pour ma part, je ne reviendrai pas sur cet aspect, qui pour moi est classé, le Pape a été injustement calomnié, on sait par qui, et ressasser indéfiniment des excuses et des explications met l'Eglise dans une position défensive qui accrédite l'idée qu'elle a quelque chose à se reprocher. De toute façon, quelles que soient les preuves apportées, les gens de mauvaise foi le resteront et il n'y a pas de dialogue possible avec eux.
Je préfère me concentrer sur un autre aspect qui, bizarrement, n'a été abordé nulle part.
Rappel:
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Le 19 décembre 2009, Benoît XVI signait, seul contre tous, le décret reconnaissant les vertus héroïques de Pie XII, en même temps que de Jean-Paul II (dossier ici: benoit-et-moi.fr/2009).
J'écrivais à l'époque: "Si le second n'a attiré qu'une indifférence polie, le premier a soulevé le dernier tollé médiatique de l'année".
En fait, la communauté juive avait, comme d'habitude, élevé une protestation sonore, complaisamment relayée par une presse quasi-unanime.(cf. benoit-et-moi.fr/2009). La béatification du "Pape de le seconde guerre mondiale", disait-on, ne pouvait pas intervenir avant l'ouverture des "archives secrètes" du Vatican. C'était donc une occasion rêvée pour réclamer encore une fois l'ouverture de ces mythiques "archives secrètes", objets des fantasmes des lecteurs de Dan Brown mais surtout de tous les ennemis de l'Eglise qui exigent de celle-ci une glasnost qu'ils n'oserait demander à aucun autre pays ni à aucune autre institution (et ce d'autant moins que ledit pays ou ladite institution a plus de cadavres dans le placard - je ne cite pas de nom pour ne pas m'exposer aux foudres de Thémis) et accessoirement, prime à ne pas dédaigner, pour clouer une fois de plus Benoît XVI au pilori.
Qu'y a-t-il de changé aujourd'hui?
Eh bien l'Eglise, encore plus affaiblie qu'alors avec l'explosion (pas forcément spontanée) des sandales de pédophile dans le monde entier est devenue non pas taillable et corvéable à merci, mais plutôt humiliable à merci. On peut lui imposer n'importe quoi. De là la flambée actuelle sans précédent de cathophobie, haineusement alimentée par des médias excités comme une meute ayant flairé l'odeur du sang, car à une institution discréditée, on ne doit aucun respect et on peut tout dire, tout infliger.
Le Pape, lui, a changé. A la différence de son prédécesseur, il est très bien vu des médias, au prix de quelques concessions, et sa déclaration d'hier, sur l'ouverture des archives en est une - de taille. Peut-être lui permettra-t-on en échange d'entr'ouvrir la porte à la béatification de Pie XII sans qu'on entende trop de cris d'orfraies - ce qui serait un grand succés pour lui, en tout cas une preuve de son habileté, car il s'attirerait sur ce sujet le soutien des "catholiques à la face de cornichon au vinaigre" qu'il n'aime pas - et qui le lui rendent bien -, tout en ménageant la susceptibilité des juifs, et en détournant l'attention, au moins momentanément, des vrais scandales dans lesquels il est impliqué.
On peut regretter qu'une fois de plus, l'Eglise cède au chantage exercé par le monde, en se pliant à la revendication d'une prétendue transparence (que ceux qui la réclament n'appliquent pas pour eux-mêmes) à ses dépens exclusifs: mais la transparence n'est pas une valeur évangélique - comme l'a écrit le P Scalese il y a des années - et surtout, elle ne doit pas être confondue avec la vérité.
Qu'en sortira-t-il? Nous verrons bien. Il n'est pas impossible que tout cela se réduise à une simple tempête dans un verre d'eau - car dépouiller l'énorme masse de documents que cela représente nécessite d'énormes moyens humains, matériels, et donc financiers, des dizaines de chercheurs pendant des mois et des mois.
En tout cas, pour le moment, tout le monde a l'air de trouver cela très bien, et contrairement à ce qui s'était passé en 2009 (voir ICI, en bas de page), aucune voix dissonnante ne s'est fait entendre pour dénoncer cette dernière ingérence du monde dans les affaires de l'Eglise. Quelle sera l'étape suivante?
B.
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