Pourquoi le Pape ne va pas en Argentine (suite)
"Il Giornale" ose évoquer les questions qui fâchent... (14/1/2018)
>>> Pourquoi le Pape ne va pas en Argentine
>>> Ci-dessous: Le Pape et son encombrant ami Juan Grabois.
Je remarquais hier qu'"on pourrait facilement imaginer d'autres motifs" à la volonté manifestée par le Pape de ne pas se rendre en Argentine que les "excuses" parfaitement lisses invoquées par certains médias français.
Une critique qui ne vaut pas pour Il Giornale: très habile, l'auteur de l'article ci-dessous ne dit rien qui puisse offrir une prise aux fourches caudines de la censure (par ex. des accusations de calomnies): tout a été éclairci.... Mais il soulève des question, et il les insère clairement dans le réseau des motifs qui pourraient conduire le Pape à "éviter" son pays natal.
Amitiés et accusations.
Voilà pourquoi le Pape ne va pas en Argentine
Giuseppe Aloisi
www.ilgiornale.it
12 janvier 2018
Ma traduction
Depuis qu'il a été élu Pape, Bergoglio ne s'est jamais rendu en Argentine. Accusations de péronisme et amitiés discutables. Voilà le pourquoi du voyage manqué
* * *
Le pape Bergoglio est sur le point de partir pour le Chili et le Pérou. Encore un voyage en Amérique du Sud, donc, qui ne concernera pas l'Argentine.
François ne s'est pas encore rendu dans sa patrie depuis qu'il a été élu au trône de Pierre. Les thèses sur les raisons pour lesquelles le pontife n'est pas encore retourné "à la maison" sont multiples et disparates. Et c'est le moment qu'ont choisi les évêques argentins pour revenir sur le sujet, invitant à ne pas instrumentaliser Bergoglio en se référant à leur nation: «Une grande partie des médias - a souligné la Conférence épiscopale argentine - s'est davantage concentrée sur des événements mineurs, allant jusqu'à identifier le Pape à certaines figures politiques ou sociales». «Certains - poursuit la note publiée sur VaticanNews - ont été clairs, déclarant qu'ils ne représentaient pas ou ne prétendaient pas représenter le Pape ou l'Église. Indubitablement, cette association constante a engendré beaucoup de confusion» et «des déformations déplorables de sa figure et de ses propos, qui vont même jusqu'à l'insulte et la diffamation».
Mais à quoi font référence les évêques argentins?
Procédons dans l'ordre.
L'aspect le plus problématique du passé du Pape en Argentine concernerait les liens présumés entre Bergoglio et la junte Videla dans les années 1970. Un épisode, en particulier, fait beaucoup jaser: le 23 mai 1976, des soldats de l'armée ont fait irruption dans le bidonville de Belén, à Buenos Aires: à cette occasion Orlando Virgilio Yorio et Francisco Jalics, deux jésuites, ont été emprisonnés. Selon l'ex-membre de la Compagnie Miguel Ignacio Mom Debussy, le Pape François, qui était alors provincial de Buenos Aires, ne se serait pas démené pour leur libération, au contraire il aurait en quelque sorte "ignoré" l'affaire. Thèse démentie par Jalics lui-même, qui en 2013, dans une intervention (www.avvenire.it) a "exonéré" le pontife de toute accusation liée à cette histoire. Bref, il n'y a pas de collusion entre l'ancien archevêque de Buenos Aires et la junte militaire. Le journaliste argentin Horacio Verbitsky avait contribué à dévoiler, dans "Il Volo", la persécution des opposants à la dictature militaire: 30 mille victimes selon certaines sources, 8 mille selon d'autres. L'archevêque Bergoglio, cependant, aurait travaillé dans ces années-là à la construction d'un réseau souterrain consacré à la défense et à la fuite des persécutés.
Pourquoi alors le pape n'est-il pas encore allé en Argentine? Les accusations de "droitisme" se sont effondrées, même si certains continuent à définir Bergoglio comme un "péroniste", et c'est d'ailleurs le pape lui-même, dans un entretien avec La Civiltà Cattolica, qui explique l'origine de certaines étiquettes: ses relations difficiles avec la Compagnie de Jésus auraient favorisé la naissance des "voix" sur les sympathies droitières de Bergoglio.
Les récentes déclarations des évêques argentins, selon Sandro Magister, mais pas seulement, se référeraient d'une certaine manière aux amis de François en Argentine: Juan Gabrois, tout d'abord. Considéré très proche du Pontife, Gabrois occupe actuellement le poste de consultant du Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix, mais c'est surtout son leadership politique qui a été mis en cause: il est l'un des inspirateurs des "mouvements populaires" et le co-fondateur du Mouvement des Travailleurs Exclus et de la Confédération des Travailleurs de l'Economie Populaire. L'"ami" de Bergoglio a récemment accusé le président Macrì d'avoir le vice de la "violence". Et la proximité entre les deux signifie que les déclarations de Gabrois sont souvent, selon les évêques, injustement associées aux positions du pape. Une autre "amitié" qui fait jaser est celle avec Gils Carbó. La femme en question est un procureur contesté parce qu'elle fait l'objet d'une enquête pour corruption - peut-on lire dans Il Foglio - et surtout parce qu'elle est politiquement proche de Cristina Kirchner.
Et puis il y a le dirigeant péroniste Julio Barbaro, une connaissance de longue date du Pontife, et Hebe de Bonafini, une militante qui a fondé l'association "Las Madres de Plaza de Plaza de Mayo" (cf. fr.wikipedia.org), qui cherche la vérité sur les desaparecidos (disparus) et qui politiquement a pris position à plusieurs reprises contre Macrì.
Enfin, il y a Gustavo Vera, un militant socialiste et athée, qui tutoie le pontife.
Ces personnes prennent des positions, surtout dans la presse, créant une "confusion" autour de ce que Bergoglio penserait des événements politiques argentins. «Personne n'a parlé ou ne peut parler au nom du Pape», ont précisé les évêques argentins.
Le Pape François n'a pas encore réussi à retourner "de l'autre côté du monde".
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