Quand "Pierre" est évasif
Marco Tosatti revisite les derniers épisodes ambigus de l'actualité papale (9/5/2018)
Le Vatican au temps d'un Pierre évasif
Marco Tosatti
8 mai 2018
Stilum Curiae
Ma traduction
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Au cours des dernières semaines, l'incapacité - ou la non-volonté - du Souverain Pontife d'accomplir sa tâche première - donner des réponses précises à des questions précises et non pas secondaires pour guider l'Église - est devenue évidente. Il est également apparu que ce sont précisément les Églises locales qui l'ont soutenu et l'ont aidé à accéder au trône de Pierre qui lui causent les plus gros problèmes.
Commençons par ce qui était et demeure peut-être la pire figure faite par ce pontificat. Le cas des abus sexuels au Chili, les imprécisions (pour ne pas dire les mensonges) prononcées, le soutien incroyable à l'évêque Barros, et la tentative de récupération médiatique avec à l'appui grands gestes, lettres, aveux pour prouver qu'il y a un chef, capable de témoigner sa compréhension et de résoudre les problèmes. En faveur des médias, mais il est bien là. Il n'en reste pas moins que ses hommes, ceux qui l'ont aidé et/ou qu'il a promus, Errazuriz et Ezzati sont fortement impliqués dans une affaire qui a dévasté la crédibilité de l'Église chilienne (voir Barros: le Pape reconnaît ses erreurs (?)).
Le cas de l'Allemagne est sous nos yeux. La majorité des évêques a approuvé un projet pastoral permettant au moyen d'un expédient - un subterfuge, dirions-nous en italien - de donner la communion aux conjoints protestants de catholiques (ndt: Yves Doudal en parlait ici et là, Jeanne Smits). L'ex-Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et d'autres personnalités disent à juste titre que ce n'est pas possible, que la chose est dénuée de sens commun. Sept évêques allemands, dont un cardinal, ont écrit à Rome, demandant à Pierre de trancher un point qu'il est le seul à pouvoir résoudre avec autorité. Et que fait Pierre? Il répond en suggérant de trouver une solution partagée... Et tant pis pour les pierres, ce qui est délié et ce qui est lié (*). Ce n'est pas une réponse de pape. Comme le dit à juste titre avec courage et clarté le cardinal d'Utrecht, Eijk (mais qu'attendent les autres cardinaux - et il y en a beaucoup - pour surmonter leur terreur et dire ce qu'ils pensent? [voir ici la déclaration du cardinal Eijk].
A deux pas de l'Allemagne, en Belgique, le cardinal De Kesel confie à une association homosexuelle que les homosexuels ont droit à leur sexualité, et qu'il réfléchit à une forme de bénédiction pour les chrétiens homosexuels qui voudraient que l'Eglise reconnaisse leur relation. Concrètement, l'Ancien et le Nouveau Testament, le Catéchisme de l'Église catholique, les documents du Magistère et aussi ce que le Pontife - au moins en paroles - affirme, sont jetés aux orties. Mais De Kesel est l'élève d'un des grands amis, conseillers et électeurs de Bergoglio, le très controversé Cardinal Danneels, impliqué dans un cas particulièrement odieux de dissimulation d'abus, celui d'un évêque de ses amis qui a abusé d'un neveu. Des éclairs ou des flèches en provenance de Santa Marta ? Pas même un souffle.
Enfin, l'affaire Alfie. L'Eglise d'Angleterre et du Pays de Galles soutient, toute honte bue et au mépris de toute décence les juges et les médecins qui ont tué Alfie Evans (et, avant lui, plusieurs autres). Et pas seulement: il persécute [là encore] contre toute décence et toute honte] - mais quelle sorte de personnes sont donc ces Nichols et McMahon? je ne parle pas comme prêtres, mais comme hommes - le prêtre italien, Gabriele Brusco, qui a été proche de ses parents. Le Pape s'est personnellement engagé, au profit des médias, il a mis en mouvement la Secrétairerie d'Etat et le Bambino Gesù. Avec les anglais qui ramaient contre. Mais évidemment: Vincent Nichols est de la même veine que le Cardinal Murphy O'Connor, grand ami et électeur de Bergoglio.
Ses flèches, le Pape régnant les réserve à ceux qui ne sont pas ses amis, à ceux qui semblent trop traditionnels (voir FFI, Hérauts de l'Évangile, Verbe incarné, Communauté des Saints Apôtres, etc....).) ou lorsqu'il y a des intérêts substantiels en jeu: par exemple dans l'Ordre de Malte, conquis par un coup d'état extraordinaire, ou à l'IDI [Istituto Dermopatico dell’Immacolata], pour lequel le Pape a demandé 25 millions de dollars aux laïcs américains de la Papal Fondation (et les laïcs américains se sont à juste titre offusqués; comme toute bonne vache trop souvent traite, sans honte ni discrétion) [cf. www.marcotosatti.com].
La cerise sur le gâteau, ce sont l'affaire Maradiaga et l'affaire Viganò [ndt: cf. Dossier "Lettergate"].
Un ensemble de scandales dont le seul dénominateur commun est l'absence d'un guide faisant autorité, et sûr. C'est différent, très différent d'un qui soit occasionnellement et arbitrairement autoritaire. Comment dire? D'un pape.
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NDT:
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(1) Allusion à Mat 16:
18 Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
19 Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux
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