Synode: black out sur Humanae Vitae
Incroyable: un synode consacré aux jeunes, donc à l'avenir, choisit d'ignorer que le principal facteur de destruction de la famille est la contraception, hypothéquant ainsi le futur même de l'humanité. L'édito de Riccardo Cascioli (18/10/2018).
Synode, le futur qu'il n'y aura pas
Riccardo Cascioli
www.lanuovabq.it
18 octobre 2018
Ma traduction
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Dans le Synode et aussi pour la canonisation de Paul VI, on évite soigneusement de mentionner ou d'indiquer Humanae Vitae : un sujet qui ne se prête pas aux applaudissements du monde. Mais en niant la vérité sur l'amour et la procréation, on empêche qu'il y ait un futur, physiquement parlant.
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Ces derniers jours, j'ai été frappé par une réflexion de Robert Royal, directeur de The Catholic Thing, à propos d'un mantra qui caractérise ce Synode sur la jeunesse, à savoir le thème du «futur». Apparemment, lorsqu'on parle des jeunes, il va de soi qu'on parle du futur dont ces jeunes seront les protagonistes, et même sans le dire, que c'est un futur plein d'espoir. A vrai dire, on a parfois l'impression que le fait de tellement parler du futur est une fuite du présent, et que l'espoir est une pieuse illusion pour oublier les frustrations actuelles; mais ce que Royal souligne c'est plutôt qu'en réalité les jeunes d'aujourd'hui sont un futur immédiat, pratiquement le présent. Et le futur réel dépendra du nombre d'enfants que mettront au monde les jeunes d'aujourd'hui.
Inutile de dire que si la tendance actuelle n'est pas inversée de manière radicale et urgente, au moins dans le monde occidental, il y aura peu de futur. Pour cette raison, note Royal, il est encore plus incompréhensible que le Synode sur la Jeunesse ne parle pas du tout de l'encyclique Humanae Vitae, dont le 50e anniversaire tombe cette année et dont l'artisan - le Pape Paul VI - vient d'être canonisé à Saint-Pierre. «Comment est-il possible - se demande à juste titre Royal - de parler de mariage, de famille, de sexualité sans même mentionner le principal facteur de destruction de ces réalités, à savoir la contraception?»
La réponse serait très simple: dans ce climat d'écoute, d'accompagnement, de discernement, on évite absolument tout sujet qui pourrait, même de loin, être «diviseur». Mais il y a plus encore, parce qu' Humanae Vitae n'est pas un traité sur l'interdiction des contraceptifs, mais un approfondissement sur le sens du mariage et de l'amour conjugal, et donc sur le «très grave devoir de transmettre la vie humaine», comme nous le dit l'incipit de l'Encyclique. C'est pourquoi la question pourrait aussi se poser en ces termes: comment faire un Synode qui parle aux jeunes de «vocation» et ignorer l'encyclique qui parle très clairement de la vocation à l'amour conjugal?
Quelques vaticanistes se sont aussi posés cette question et il y a quelques jours, lors du briefing quotidien, ils ont interrogé Mgr Bruno Forte, archevêque de Chieti et l'un des cinq pères synodaux appelés à rédiger le document final du synode. La réponse a été à la fois désarmante et révélatrice: quant à Humanae Vitae, a dit Forte, «nous n'en avons pas parlé, il ne me semble pas qu'il y ait eu d'éléments à prendre en considération: ce qui compte dans ce message, c'est la valeur que doit avoir la procréation responsable, un message fondamental qui reste. C'est une réflexion qui mériterait certainement d'être approfondie (...?), je crois que parmi les nombreux défis de ce Synode, elle pourra encore venir, mais pour l'instant elle n'est pas au centre».
Il est clair qu'il ne s'agit pas d'une question de négligence ou d'ignorance; derrière cette attitude désinvolte, à la limite du mépris, il y a une volonté délibérée d'éviter le sujet. Nous avons déjà été dit qu'il fallait éviter les arguments qui divisent, mais il y a peut-être aussi autre chose: la volonté d'une certaine aile ecclésiale (toujours la même) de dédouaner la contraception, de la légitimer d'une manière ou d'une autre est désormais évidente.
Il semble qu'il arrive à Paul VI ce qui est arrivé à Jean-Paul II: on le canonise avant de l'enterrer définitivement. Bien sûr, Paul VI est un personnage plus complexe que Jean-Paul II, il a vécu plusieurs phases et a pris des positions controversées qui ont été critiquées alternativement par la gauche et la droite. Tant et si bien qu'Alberto Melloni sur La Repubblica, le 12 octobre, a pris la peine d'expliquer quelle "partie" de Paul VI a été canonisée (donnant naissance à la nouvelle catégorie des «saints par tranches»). Mais une chose est certaine: Paul VI a gagné les autels grâce à Humanae Vitae. En effet, les deux miracles reconnus concernent précisément le don de la vie. Pourtant, cet aspect a été soigneusement évité avant, pendant et après la canonisation de Paul VI dimanche dernier. Au cas où les gens se poseraient des questions.
Compte tenu de ces prémisses, quelle crédibilité peuvent avoir les nombreux évêques qui continuent à parler de futur et d'espoir alors qu'ils sont complices de ceux qui nient ce futur et cet espoir?
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