Vincent Lambert: vers l'euthanasie
Dans la France humaniste et donneuse de leçons, on s'apprête à faire ce qui a déjà été fait il y a 80 ans par le IIIème Reich. Et les journalistes, qui crient au fascisme à tort et à travers, n'y trouvent rien à redire. Article de Luisa Scrosati sur La Bussola (15/5/2019)
>>> Vincent Lambert ne doit pas mourir
Elle s'était impliqué à fond personnellement dans "l'affaire Alfie Evans". Elle couvre cette fois, à travers plusieurs articles , toujours sur <La Bussola>, "l'affaire Vincent Lambert", donnant la preuve que celle-ci a franchi nos frontières et qu'une véritable "internationale de la vie" est en train de se créer.
France, le Docteur Mort est pressé de tuer Vincent.
Luisa Scrosati
www.lanuovabq.it
13 mai 2019
Ma traduction
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Le Dr Sanchez du CHU de Reims a décidé qu'à partir du 20 mai, il cessera de nourrir et d'hydrater Vincent Lambert, ignorant la demande du Comité des Nations Unies pour les personnes handicapées. «La France crache sur l'ONU et surtout sur Vincent Lambert», déclare l'avocat Triomphe, qui annonce la bataille pour continuer à défendre le droit à la vie de l'handicapé de 42 ans.
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On touche à l'incroyable. Le Dr Sanchez du CHU de Reims a décidé qu'il arrêtera la nutrition et l'hydratation de Vincent Lambert durant la semaine du 20 mai prochain, ignorant la demande de suspension de la décision d'arrêter les soutiens vitaux à Vincent, que le Comité des Nations Unies pour les droits des personnes handicapées a explicitement adressée à la France. Et cette fois, ce ne sera pas la même chose qu'en 2013, lorsque le Dr Kariger a tenté d'euthanasier Vincent, interrompant son alimentation et réduisant son hydratation, à l'insu de tous, sauf de sa femme. Alors Vincent put au moins combattre la mort, résister à 31 jours de jeûne complet.
Cette fois, le nouveau Dr Mort pourra se prévaloir de la sédation profonde et continue prévue par la loi Claeys-Leonetti, comme il l'affirme laconiquement dans la lettre envoyée à sa famille: «Je vous informe que la suspension des traitements et la sédation profonde et continue évoquées par la procédure collégiale vont commencer au cours de la semaine du 20 mai». Donc, le «problème Lambert» pourra être liquidé en 2-3 jours, à partir du début de la sédation. Profonde et continue. Ces deux adjectifs suffisent à comprendre que la sédation, en tant qu'alliée des soins palliatifs, est devenue un instrument d'euthanasie.
En 2010, la France avait signé sua sponte [de son plein gré] un protocole qui prévoit justement que le Comité puisse requérir des États signataires des mesures provisoires, mesures que les organes compétents de l'État en question doivent ensuite appliquer. La demande formulée par le Comité des Nations Unies le 3 mai est précisément l'une de ces mesures provisoires prévues. Et la France décide de ne pas honorer l'engagement international pris publiquement. Si nous étions dans une situation normale, le minimum qui devrait être fait dans cette situation serait un embargo contre la France.
Toute cette hâte de mettre à mort une personne qui est tout simplement gravement handicapée renvoie à une hâte similaire, celle qui a vu mettre en œuvre le programme Aktion T4, par lequel les médecins nazis s'empressèrent de classer comme «mort procurée par compassion... avec des méthodes humaines» pour ces vies handicapées considérées indignes de ce nom.
Mais pourquoi ne peut-on pas attendre la réponse du Comité de l'ONU? Parce qu'on dirait sans doute ouvertement que ce qui est fait avec Vincent Lambert est une euthanasie pure et simple, voulue pour la simple raison que Vincent est handicapé. Et donc que Vincent devrait vivre. Parce que - repetita iuvant [il est utile de le répéter] - Vincent n'est pas en fin de vie, il n'est pas un légume, il n'est pas dans une situation qu'on peut qualifier d'acharnement thérapeutique: bien au contraire, des thérapies, y compris celles dont il aurait besoin pour récupérer la déglutition et le mouvement, on n'en voit même pas l'ombre. Bref, on découvrirait que dans la France du très humain Macron on autorise ce qu'Hitler a autorisé. Il est étrange que les gauchistes européens, y compris ceux de chez nous, si déterminés à freiner la dangereuse vague néo-fasciste généralisée, ne bougent pas le petit doigt. Il est également étrange que les journaux, qui ne manquent pas d'interviewer des experts de tous niveaux pour trouver des remèdes à la vague montante de l'extrême droite, n'aient pas grand chose à dire sur l'euthanasie eugénique, grâce à laquelle Vincent va être mis à mort. Vraiment étrange.
Au contraire, notre Corrierone [terme péjoratif pour désigner Il Corriere della sera] national met en jeu toutes ses compétences pour dissimuler la vérité euthanasique de l'histoire. Le journaliste Stefano Montefiori décrit la situation en ces termes: «D'un côté, son épouse Rachel Lambert, son neveu et deux de ses huit frères et sœurs soutiennent la nécessité de suspendre le traitement et d'arrêter ce qu'ils appellent l'acharnement thérapeutique, respectant une volonté que l'homme avait exprimée à son épouse avant l'accident: "Je ne voudrais pas vivre dans cet état". De l'autre, ses parents, catholiques pratiquants et deux parmi ses frères et soeurs, considèrent l'arrêt des soins médicaux comme un sacrilège et soulignent que Vincent n'est pas dans un état complètement végétatif mais de "conscience minimale"». Est-ce que vous comprenez? Sa femme, qui le veut mort, respecte sa volonté, une volonté exprimée non pas devant un notaire (ce qui est de toute façon éthiquement inacceptable), mais dans une confidence, peut-être sur la terrasse de sa maison devant un verre. «Je ne veux pas vivre dans cet état»: affirmation suffisante pour vous faire mourir de faim et de soif. Ainsi, d'un côté ceux qui respectent Lambert, son «choix», de l'autre les catholiques pratiquants qui pensent qu'enlever la vie de Vincent n'est pas un assassinat mais un sacrilège, tellement ils sont bigots... Et ça, ce serait du journalisme !
Jérôme Triomphe, l'un des deux avocats qui défendent le droit à la vie de Vincent (l'autre, Jean Paillot, nous a récemment accordé une interview), a déclaré sans mâcher ses mots: «Nous allons nous battre». L'avocat a fait valoir que «nous nous adresserons aux tribunaux compétents pour forcer la France à respecter ses engagements internationaux». Et il a ajouté: « La France crache au visage des engagements internationaux qu'elle a validement ratifiés. Elle crache sur l'ONU et surtout elle crache sur Vincent Lambert».
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