"Celui qui prie ne perd pas son temps"

Très belles confidences d'Aldo Maria Valli - qui cite en particulier Benoît XVI, comme il le fait très souvent, et de plus en plus (14/2/2018).

Comme Aldo Maria Valli l'écrit de lui-même à propos d'un autre blog, j'ai cru trouver dans son article (certes à mon petit niveau) des réponses à mes propres questions.
Il avoue en effet:

«Parfois, devant une Église oublieuse d'elle-même, toute occupée à raisonner, ou à déraisonner selon les catégories du monde, nous ressentons de l'horreur, et alors nous en venons à nous demander: ne nous trompons-nous pas?
...
Grâce à Dieu, dans ces cas, ce sont les vrais pasteurs qui nous aident.»


Et il cite don Elia, le rédacteur du blog "La scure di Elia", dont j'ai eu l'occasion de traduire quelques articles dans ce site (ICI):

«Remercions le Seigneur si ces discours nous font horreur: c'est un bon signe. Dans cette situation apocalyptique, cela signifie que nous avons reçu la grâce inestimable de conserver la saine doctrine, la raison juste et l'équilibre mental. Ce n'est en aucun cas une forme de présomption de reconnaître sa propre santé spirituelle sur la base de la Révélation divine, d'un intellect qui fonctionne et d'une conscience bien formée; la mettre en doute, au contraire, serait un grave affront au Créateur (ainsi qu'à soi-même)».


Ce n'est évidemment pas à moi à distribuer des brevets de catholicité, et je m'en garderai bien ici, mais que de telles hommes partagent nos réserves sur le cours actuel, et qu'ils aient le courage de les exprimer, alors que certains persistent à parler, contre toutes les évidences, de "miracle du Pape François" (prière de ne pas rire!), cela a quelque chose de profondément rassurant.

"Celui qui prie ne perd pas son temps"


www.aldomariavalli.it
février
Ma traduction

* * *

Pendant quelques jours je n'ai pas écrit pour le blog parce que j'ai tenu compagnie à mon papa de quatre-vingt-quinze ans, essayant, autant que possible, de m'occuper de lui. C'est précisément pendant je m'occupais de lui que les paroles de l'Évangile de Jean me sont revenues à l'esprit («En vérité, je te le dis: Quand tu étais plus jeune, tu te ceignais et t'habillais tout seul et tu allais où tu voulais aller; mais quand tu seras vieux, tu tendras tes mains, et un autre te ceindra tes vêtements et t'emmènera là où tu ne veux pas aller»), mais surtout j'ai été frappé par la vérité de ce passage, parce que j'ai vraiment vu papa tendre les mains et s'appuyer difficilement à mon bras, et je lui ai vraiment ceint son vêtement, et j'ai vraiment dû lui dire «non, papa, on va ici, c'est moi qui te conduis, là, tu ne peux pas aller, tu ne peux pas en faire à ta tête».

De retour à la maison, j'ai rallumé l'ordinateur et j'ai trouvé le psaume que l'ami Fra Cristoforo [l'un des rédacteurs du blog <Anonimi della Croce>] nous a offert pour ce dimanche dédié à la Vierge de Lourdes:

«Dieu est pour nous un refuge et un appui, Un secours qui ne manque jamais dans la détresse/ C'est pourquoi nous sommes sans crainte quand la terre est bouleversée, Et que les montagnes chancellent au coeur des mers/ Quand les flots de la mer mugissent, écument, Se soulèvent jusqu'à faire trembler les montagnes» (Psaume 46).

Comme cela arrive souvent, Fra Cristoforo semble écrire exactement pour moi. En effet, les tremblements de terre ne sont pas seulement ceux causés par les mouvements du sous-sol. Il peut y avoir des tremblements de terre dans l'âme, en proie à l'angoisse, tandis que tout semble s'effondrer. Et alors le seul vrai refuge est le bon Dieu et la prière est la grande ressource dont nous disposions pour nous abandonner dans ses bras.

Quelqu'un qui certainement se confie à la prière, c'est le Pape émérite Benoît XVI qui, il y a cinq ans comme aujourd'hui, en ce jour dédié à la Vierge de Lourdes, annonçait aux cardinaux et au monde la renonciation au pontificat. En 2008, à l'occasion du 150e anniversaire des apparitions, lors de la messe célébrée à Lourdes, Papa Ratzinger avait déclaré entre autre:

«Marie vient nous rappeler ici que la prière, intense et humble, confiante et persévérante, doit avoir une place centrale dans notre vie chrétienne. La prière est indispensable pour accueillir la force du Christ». Puis, citant Deus caritas est, il avait poursuivi: «Celui qui prie ne perd pas son temps, même si la situation apparaît réellement urgente et semble pousser uniquement à l'action. Se laisser absorber par les activités risque de faire perdre à la prière sa spécificité chrétienne et sa véritable efficacité». (w2.vatican.va)

En plus de la frénésie du faire, l'Église d'aujourd'hui semble malheureusement fascinée par le mythe du bien-être et ainsi, au lieu d'enseigner à prier, elle se met à faire de la psychologie ou de la sociologie.

Pensons que lorsque l'Église reste elle-même, elle possède une force sans égal, capable de porter à la conversion même le plus acharné des rationalistes, comme dans le cas du savant Alexis Carrel [1], qui au début du siècle dernier fut illuminé par la foi à Lourdes et qui, vers la fin de sa vie, pria ainsi:

«Je ne veux rien pour moi, sinon votre grâce. Que je sois entre vos mains comme la fumée portée par le vent... Que chaque minute de ma vie, Seigneur, soit consacrée à votre service. Dans l'obscurité, où je vais en tâtonnant que je vous cherche sans trêve. Bien qu'aveugle, je m'efforce de vous suivre: Seigneur, montrez-moi le chemin».

Être comme la fumée portée par le vent: l'exact opposé de ce que le monde enseigne quand il propose le chemin du droit à l'autodétermination. Et pourtant, l'Église convertit quand elle est folie aux yeux du monde, et non quand elle se plie aux logiques dominantes.

Parfois, devant une Église oublieuse d'elle-même, toute occupée à raisonner, ou à déraisonner selon les catégories du monde, nous ressentons de l'horreur, et alors nous en venons à nous demander: ne nous trompons-nous pas? Au lieu de nous consacrer à des vieilles choses dépassées comme la prière, ne devrions-nous pas accepter la logique de l'«aggiornamento» pour marcher avec les temps?

Grâce à Dieu, dans ces cas, ce sont les vrais pasteurs qui nous aident, comme Elia, le prêtre qui écrit dans son blog:

«Remercions le Seigneur si ces discours nous font horreur: c'est un bon signe. Dans cette situation apocalyptique, cela signifie que nous avons reçu la grâce inestimable de conserver la saine doctrine, la raison juste et l'équilibre mental. Ce n'est en aucun cas une forme de présomption de reconnaître sa propre santé spirituelle sur la base de la Révélation divine, d'un intellect qui fonctionne et d'une conscience bien formée; la mettre en doute, au contraire, serait un grave affront au Créateur (ainsi qu'à soi-même). Il est évident que cette certitude ne doit pas devenir motif d'orgueil ou de fanatisme, mais une conscience sereine des dons reçus n'a rien à voir avec ces attitudes. La contre-preuve d'une bonne santé de l'âme est une humilité sincère, sans affectation, une charité active et discrète, une paix inaltérable de l'esprit dans la lutte et, ce n'est pas le moindre, une certaine dose d'humour non conventionnel, surtout envers soi-même».

En ce moment de grande confusion, dit Elia,

«nous devons conserver la certitude granitique que, malgré les mauvais Pasteurs et l'apostasie qui se répand, l'Église est et demeure indéfectible, même si elle est obscurcie. Elle persiste dans un petit résidu». Et encore: «La Sainte Vierge est en train de rassembler ses élus, prêtres et fidèles, les faisant se rencontrer et les unissant entre eux malgré la fragilité de chacun et les différences d'origine, de tempérament, de formation et d'expérience. L'important est de s'efforcer d'être docile aux guides que la Providence a placés à nos côtés, renonçant une fois pour toutes à errer d'un site à l'autre à la recherche de prétendus messages, prophéties et révélations. Je ne me lasserai jamais de mettre en garde contre ce danger. Nous avons déjà plus qu'assez d'éléments pour faire un diagnostic adéquat de la situation; maintenant nous devons nous concentrer sur l'union avec Dieu, la formation religieuse et la pratique des vertus, principalement la charité, surtout avec les personnes les plus proches de nous et peut-être les plus désorientées. La Mère de l'Église et des hommes reverse des flots de grâces sur ses enfants, parce qu'elle veut les sauver. Pour devenir Ses collaborateurs, mortifions d'abord notre propre volonté et recherchons ce silence intérieur qui nous permet d'entendre les appels de l'Esprit Saint».

«Celui qui prie ne perd pas son temps». En ce 11 février, Bienheureuse Marie Vierge de Lourdes, prions pour l'Église Mère, afin qu'elle se consacre à l'essentiel et reprenne les paroles de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus: «Dans les brefs instants qui nous restent, ne perdons pas notre temps, sauvons les âmes».

NDT


[1] Pour mémoire, le même Alexis Carel est en France l'objet d'une véritable chasse aux sorcière gauchisante, accusé d'avoir propagé des thèses eugénistes et même de soutien aux thèses nazies et soupçonné d'"homophobie"; la faculté de médecine de Lyon et plusieurs rues à son nom ont été débaptisées.

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