Le dernier discours de septembre de Benoît XVI
C'est celui prononcé ces jours-ci par Georg Gänswein lors de la présentation du livre de Rod Dreher "The Benedict Option" (il s'agit de Benoît de Nurci... mais Benoît XVI n'est pas loin).(27/9/2018)
>>> A propos du discours de Mgr Gänswein: Le 11 septembre de l'Eglise
C'est l'occasion aussi de relire les autres "discours de septembre", ces trésors dont Benoît XVI a jalonné son pontificat, de la conférence de Ratisbonne (2006) au discours de Beyrouth (2012), en passant par la Conférence des Bernardins de 2008.
- Ratisbonne, 12 septembre 2006
- Paris, Conférence des Bernardins 12 septembre 2008
- Londres, Discours à Westminster Hall, 17 septembre 2010
- Berlin, Discours au Bundestag, 22 septembre 2011
- Beyrouth, Discours au monde de la culture, 15 septembre 2012
Benoît XVI aux Bernardins avec le cardinal Vingt-Trois, 12 septembre 2008
Le discours de Benoît XVI que tout le monde a manqué
Au cœur de la crise de l'Église, il y a une crise du clergé.
Père Raymond de Souza (*)
22 septembre 2018
Ma traduction
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Le Pape émérite Benoît XVI a prononcé son discours final la semaine dernière à Rome. Benoît n'a pas prononcé le discours lui-même. C'est son secrétaire particulier, Mgr Georg Gänswein, qui a pris la parole lors de la présentation de l'édition italienne de The Benedict Option, le livre très remarqué de Rod Dreher sur la façon dont le retrait de saint Benoît d'une Rome corrompue et en déclin offre un modèle aux chrétiens aujourd'hui.
Depuis de nombreuses années, l'un de mes sujets de conférences préférés est les "Discours de septembre" de Benoît XVI. Le quintette constitue un point d'entrée accessible à la pensée de Ratzinger/Benoît XVI sur la façon dont la foi biblique est liée à la raison, à la science, à la politique et au droit.
Les cinq discours ont tous été prononcés en septembre et tous lors de voyages papaux. Le premier reste le plus fameux ((in)famous), le discours de Ratisbonne du 12 septembre 2006, dans lequel Benoît XVI affirmait que la foi biblique est raisonnable, et que donc agir contre la raison, c'est agir contre la foi au Dieu d'Abraham, incarné en Jésus Christ. Par conséquent, la violence au nom de la foi - comme le prétendent les djihadistes terroristes - est contraire à la raison.
Exactement deux ans plus tard, le 12 septembre 2008, à Paris, s'adressant au monde de la culture au Collège des Bernardins, qui abritait autrefois les cisterciens, Benoît XVI argumentait dans la direction opposée, à savoir que le monde de la raison a besoin de la motivation intellectuelle que procure la foi. Les moines étaient motivés par leur recherche de Dieu, mais leur travail de recherche sur la Parole de Dieu a donné naissance à toute une culture de littérature, de science et de recherche.
Deux autres années se sont écoulées, et Benoît a prononcé son discours historique à Westminster Hall le 17 septembre 2010.
L'année suivante, au Bundestag à Berlin, le quatrième discours a été prononcé le 22 septembre 2011. Les deux discours soutenaient que le droit et la politique devaient suivre les préceptes de la raison, et non de la révélation, mais que la nature humaine donne naissance à un ordre moral qui doit être respecté.
Le dernier discours de septembre a été prononcé l'année suivante, le 15 septembre 2012 à Beyrouth, où Benoît XVI a exploré la liberté et la vérité dans le contexte du pluralisme religieux, articulant une vision de paix pour le Liban et le Moyen Orient.
Ce qui marquait les discours de septembre, c'est leur présentation devant un public composé d'universitaires, de diplomates, de politiciens et du monde de la culture. C'était Benoît XVI qui s'adressait aux savants en tant que pairs intellectuels, mais un savant qui sait que la foi est aussi un témoignage de la vérité.
Le discours de l'archevêque Gänswein la semaine dernière a également été prononcé devant un auditoire de ce type, puisque la présentation du livre a eu lieu à la Chambre des députés italienne. Le sujet était typique de Benoît XVI, sur le rapport de la foi à la culture. Comment la foi peut-elle survivre dans une culture hostile ? Et cette culture a-t-elle encore besoin de ce que la foi a à offrir ?
Gänswein a situé ses remarques dans le contexte de la crise des abus sexuels. Et tout comme Benoît XVI a pendant longtemps considéré la question de la crédibilité de la foi à l'âge de la raison, Gänswein a examiné comment la foi catholique peut être crédible face au contre-témoignage moral de si nombreux membres de son clergé.
«Si l'Eglise ne sait pas se renouveler cette fois encore avec l'aide de Dieu, c'est tout le projet de notre civilisation qui est à nouveau en jeu», a dit Gänswein. «Pour beaucoup, il semble que l'Église de Jésus-Christ ne pourra jamais se remettre de la catastrophe de son péché - elle semble presque sur le point d'être dévorée par lui.»
Gänswein a fait référence aux discours clés de Ratzinger/Benoît XVI sur les abus sexuels menaçant l'Eglise de l'intérieur, mais surtout, il est revenu sur le discours de Paris de septembre 2008. Les moines, dont la mission était quaerere Deum - rechercher Dieu -, ont renouvelé une civilisation avec l'ample horizon de leur culte et la profondeur de leur témoignage.
La vérité de la foi n'est pas remise en cause par le péché du clergé, mais il ne fait aucun doute que la crédibilité du témoignage de l'Église à cette vérité est compromise. Gänswein s'est fait l'écho de la conviction de Benoît XVI que l'ordre séculier dépend, pour sa santé, de son ouverture à la sagesse à laquelle la foi est un portail.
À cet égard, tout comme les discours de Benoît XVI étaient saturés d'histoire, ancienne et contemporaine, Gänswein a fait un diagnostic audacieux de l'instant présent.
«La crise de l'Église est essentiellement une crise du clergé», a dit Gänswein. «Et l'heure du laïcat souverain a sonné, surtout dans les médias catholiques nouveaux et indépendants, comme l'incarne Rod Dreher»
Gänswein a suggéré que l'approche de Dreher a été développée en dialogue avec le concept de Ratzinger de l'Église comme une minorité créative.
«Sur ce point, il a raison», concède Dreher. «Mais ensuite, la plus grande partie de ce que je pense et écris est en quelque sorte un dialogue avec ce vieux moine vivant à Mater Ecclesiae, au Vatican».
La semaine dernière, en ce mois de septembre, il semblait que le vieux moine parlait à nouveau.
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(*) Le P. Raymond J. de Souza est un prêtre de l'archidiocèse de Kingston, en Ontario, et rédacteur en chef de convivium.ca.
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