et quand les pasteurs oublient leur mission. Le cardinal Bassetti (né en 1942 donc 75 ans + 3), un très proche de François, archevêque de Pérouse et président de la CEI, suggère à ceux qui n’aiment pas CE Pape de quitter l’Eglise. Une façon de s’exprimer malheureusement révélatrice (curieusement jamais entendue du temps où Benoît XVI était Pape et furieusement attaqué) d’une certaine tendance répandue dans l’Eglise aujourd’hui, et pas qu’en Italie.

Le cardinal Gualtiero Bassetti

L’éclat de Bassetti. Et le nôtre

Riccardo Cascioli
La NBQ
27 janvier 2020
Ma traduction

« Si quelqu’un n’aime pas ce pape, qu’il aille chez les évangélique. » Ces mots prononcés par le cardinal Bassetti, président des évêques italiens, sont révélateurs de la façon dont de nombreux pasteurs vivent aujourd’hui l’Église, comme si elle était un parti politique. Oubliant leur mission.

Ces jours-ci, on parle beaucoup de la « sortie » du président des évêques italiens, le cardinal Gualtiero Bassetti, qui, rencontrant vendredi dernier des journalistes dans son diocèse de Pérouse, a déclaré : « Si quelqu’un n’aime pas ce pape, qu’il le dise parce qu’il est libre de choisir d’autres voies. La critique, c’est bien, mais pas cette volonté de destruction ».

Et encore : « Il y a trop de gens qui parlent du Pape et j’ai dit à l’un d’eux: ‘Fais-toi évangélique, si l’Eglise catholique ne te convient pas, si cette barque est trop étroite’ « .

Il serait intéressant de savoir exactement après qui en avait le cardinal Bassetti, et qui il a invité à embrasser la confession évangélique, cela aiderait à comprendre pleinement sa pensée.

Cela n’empêche pas ces mots, tout incongrus qu’ils soient, d’être vraiment excellents. Tout d’abord parce qu’ils révèlent une conception politique de l’Église. Tu n’es pas d’accord avec la ligne politique du secrétaire du parti? Soit tu attends le prochain congrès, soit tu pars. Il y a une continuité troublante entre les chroniques politiques de ces dernières semaines avec les vicissitudes des 5 Etoiles et du PD, et la façon dont le cardinal Bassetti a parlé de l’Église et du malaise qui la traverse manifestement. Ces derniers jours, Benoît XVI et le cardinal Robert Sarah ont expliqué que le problème de l’Eglise s’appelle « crise de la foi »; pour le cardinal Bassetti, en revanche, c’est ne pas partager la ligne politique du secrétaire, qui dans l’Eglise s’appelle le Pape.

Ce n’est pas seulement la façon de s’exprimer qui est révélatrice, c’est aussi le contenu. Il est significatif que le président des évêques ait pris comme critère d’appartenance à l’Église le fait d’aimer le Pape, comme si dans l’Église le Pape était la loi en lui-même, et que lui aussi n’était pas obligé d’annoncer ce que le Christ a révélé et que la Tradition a préservé.

Dans une perspective catholique, il serait correct de dire: « Si tu ne crois pas à la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie; si tu ne crois pas à la Trinité; si tu ne crois pas que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme; si tu ne crois pas que Marie a été conçue sans péché, si tu ne crois pas que l’Église est le Corps Mystique du Christ, alors tu peux aussi suivre une confession protestante avec laquelle tu es d’accord ».

Ce qu’au contraire le cardinal Bassetti veut dire: « Si tu ne conçois pas que l’adultère puisse être une bonne chose; si tu ne cros pas que l’Eucharistie est un droit; si tu as des problèmes en voyant la Pachamama au centre des rites païens au Vatican; situ penses que le célibat ne doit pas être remis en question, même pour des exceptions; si tu maintiens qu’il y a des actions qui sont intrinsèquement mauvaises; si tu insistes sur le fait que la seule conversion est au Christ et non à l’écologie, alors quitte l’Église catholique ».

Oui, parce que ce qui fait mal au ventre à de nombreux fidèles, ce sont ces points décisifs pour la foi, pas la question de savoir si l’on aime ou pas ce pape: c’est qu’il y a un « depositum fidei » à garder; c’est que ce serait la tâche principale des cardinaux de soutenir le pape en cela. C’est, pour résumer, que l’on ne se résigne pas à voir l’Église catholique transformée en la plus grande confession protestante.

Il est surprenant que le cardinal Bassetti ne s’en rende pas compte. Et les mots avec lesquels il a conclu sont également surprenants : « Excusez-moi pour l’éclat – a-t-il dit – mais l’objectif de tous doit être celui de chercher des réponses pour le bien de l’Église et de l’humanité ». Le sentiment que l’orateur est un homme politique, qui doit à juste titre résoudre les problèmes de sa communauté et aussi du monde entier, est renforcé. Mais le Christ n’a pas donné aux apôtres un mandat pour chercher des réponses, il s’est fixé comme objectif de répondre aux besoins les plus réels de l’humanité. Et la tâche de l’Église est de l’annoncer, « d’enseigner au peuple ».

Le drame que nous vivons est précisément celui-ci: nous avons des pasteurs qui ont perdu le sens de leur mission. Que le cardinal Bassetti m’excuse cet éclat.

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