On parle ici de la pandémie meurtrière de 1918 sur laquelle la propagande de la peur s’appuie pour nous maintenir dans un état de sidération en agitant le spectre sinistre d’une seconde vague inéluctable. Nouvel article de Paolo Gulisano qui tout en nous rassurant (un peu!) apporte des précisions « techniques » intéressantes sur le virus et souligne l’urgence d’identifier les « animaux réservoirs ».
Reviendra-t-elle comme l’Espagnole? Voilà la propagande de la peur
Paolo Gulisano
La NBQ
1er juillet 2020
Ma traduction
La propagande de la peur utilise le fantôme de la grippe Espagnole pour soutenir la deuxième vague de Covid. C’est un non-sens, qui dépeint le virus comme une force de la nature échappant à notre contrôle. Le concept de « deuxième vague » en épidémiologie est imparfait. Il serait plus intéressant d’étudier le virus maintenant qu’il se « cache » dans les animaux réservoirs et de pouvoir ainsi l’éradiquer.
Ces derniers jours, la propagande de la peur insiste sur l’utilisation du fantôme de la pandémie de grippe de 1918, appelée pandémie de grippe espagnole, pour soutenir le concept d’une deuxième vague de Covid qui serait attendue à l’automne prochain. Cette forme de propagande part d’éléments irrationnels et tend à présenter le Covid comme une force de la nature qui échappe à notre contrôle.
Les chiffres de la contagion diminuent de façon spectaculaire, de nombreuses personnes retournent enfin au travail et les activités peuvent reprendre, mais la propagande insiste sur le fait que tant qu’il n’y aura pas de vaccin, nous ne serons pas en sécurité, et nous devons continuer à vivre dans la crainte du Grand Retour.
Mais le concept de « deuxième vague » d’un point de vue épidémiologique est imparfait et, tel qu’il est présenté, il s’agit d’une simple hypothèse qui peut créer des idées fausses sur la pandémie. L’idée d’une seconde vague vient de la comparaison imparfaite avec la saisonnalité du virus de la grippe. Au début de la pandémie, de nombreux experts ont discuté des similitudes entre le SRAS-CoV-2 et le virus de la grippe. Il s’agit de deux virus qui provoquent des infections respiratoires – la plupart du temps légères – disaient-ils. La grippe est également la cause des dernières pandémies précédentes. À partir de ces similitudes supposées, on a estimé que le Covid-19 se comporterait de la même manière qu’une pandémie de grippe. Pourtant, ce sont des virus très différents, au comportement très différent.
Grâce aux autopsies – réalisées malgré les obstacles posés par le gouvernement italien – nous avons pu déterminer comment le virus agit et quels sont les dommages qu’il provoque.
Continuer à comparer la grippe avec le Covid est conceptuellement incorrect. A plus forte raison si l’on compare cette épidémie à l’épidémie espagnole de 1918. Aussi parce que pendant cette pandémie, le virus a effectivement infecté l’hémisphère nord au printemps 1918, et pendant l’été il est passé dans l’hémisphère sud, touchant notamment l’Inde, où il a été amené par des soldats britanniques.
Quoi qu’il en soit, ce que les partisans de la deuxième vague ne disent pas, c’est que le virus a ensuite complètement disparu en quelques mois et n’est jamais revenu. Donc, si le Covid devait se comporter exactement comme l’Espagnole, à quoi servirait d’investir des milliards dans la recherche d’un vaccin contre un virus destiné à disparaître ?
Mais, encore une fois, la comparaison entre l’épidémie de Covid et les épidémies de virus de grippe ne tient pas debout. Ce sont des virus très différents. Alors pourquoi ne pas se pencher sur le précédent de l’épidémie de SRAS de 2002 ? L’histoire nous apprend que cette épidémie de coronavirus s’est complètement éteinte en quelques mois. Pourquoi le Covid se comporterait-il différemment de son grand frère?
Les virus de grippe ont un schéma cyclique: chaque année, nous voyons des cas de grippe qui commencent au début de l’automne, augmentent pendant l’hiver puis se calment à l’approche de l’été. Puis, comme nous le savons, ils reviennent avec des souches différentes l’hiver suivant. Mais où vont-ils pendant l’été? C’est un aspect très important dont personne ne parle.
Les virus de grippe se « cachent » chez les animaux qui servent de réservoirs. Pour la grippe, ce sont les poulets et les porcs. Il serait très important de faire des recherches pour comprendre dans quels animaux le Covid pourrait éventuellement se cacher. Ces connaissances pourraient être utiles et fondamentales pour éradiquer ce virus.
Pour en revenir aux comparaisons entre les virus de la grippe et le Covid, la grippe se transmet moins bien en été en raison de la combinaison d’une température plus élevée, d’une plus grande quantité de rayons ultraviolets V et du fait que les gens passent plus de temps à l’extérieur. Certains de ces facteurs pourraient également affecter le Covid-19, mais nous ne savons pas vraiment dans quelle mesure.
Au-delà du facteur de saisonnalité, il y a une autre raison pour laquelle la théorie de la deuxième vague est imparfaite. Le concept de seconde vague implique qu’il s’agit de quelque chose d’inévitable, d’intrinsèque au comportement du virus. Il s’en va pendant un certain temps, puis revient pour se venger. Mais cette idée ne prend pas en compte l’importance des actions préventives en cours et nous décrit comme impuissants face aux caprices de cet agent pathogène.
Le concept de la deuxième vague dépeint la pandémie comme une force de la nature qui échappe à notre contrôle. Mais nous avons la preuve, dans de nombreux pays qui ont réussi à lutter contre cette épidémie, avec des taux de mortalité très faibles (comme l’Australie), en adoptant les stratégies appropriées sans les excès du verrouillage du modèle italo-chinois, en utilisant les thérapies qui ont été identifiées, que nous ne sommes pas à la merci du virus, ni maintenant ni dans le futur.
Le Covid n’est pas l’ombre de l‘Espagnole, et nous ne sommes pas en 1918.
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