Une étude américaine très médiatisée, financée par la fondation Bill Gates, met en évidence les effets positifs sur l’environnement de la réduction drastique, à l’horizon 2100, de la population, essentiellement en Europe (la France est épargnée, comme on peut l’imaginer) mais aussi la nécessité subséquente d’une « réorganisation totale des sociétés » et du recours massif à l’immigration . Le regard de Riccardo Cascioli est plus alarmiste. Et il ne manque pas de mettre l’Eglise en garde, pour ses positions pour le moins ambiguës.

Le vieillissement dramatique de la population au Japon
(©Eric Lussot/BENELUXPIX/MAXPPP)

Le monde vers la catastrophe démographique

Riccardo Cascioli
La NBQ
16 juillet 2020
Ma traduction

Une étude américaine prévoit une baisse généralisée de la population mondiale d’ici la fin du siècle avec pas moins de 23 pays, dont l’Italie, qui verront leurs habitants réduits de plus de moitié. Une grande réorganisation sociale est nécessaire, sinon ce sera la catastrophe, disent les chercheurs. Mais on ne trouve pas de solutions et on veut continuer avec la même idéologie anti-humaine qui nous a conduit à cette crise. Un avertissement également pour le Saint-Siège.

À la fin du siècle, presque tous les pays du monde auront un taux de fécondité inférieur au niveau de substitution, pas moins de 23 pays verront leur population réduite de plus de moitié, et si les sociétés ne sont pas capables de se réorganiser, ce sera un désastre.

Enfin, quelqu’un qui n’est pas étiqueté pro-vie et donc discrédité se rend compte de la catastrophe démographique à laquelle nous sommes confrontés. Il s’agit des chercheurs de l’Institute for Health Metrics and Evaluation de l’Université de Washington (USA), dont l’étude a été publiée par la revue scientifique [tristement célèbre!] The Lancet, et reprise avec grand relief entre autres par la BBC.

En réalité, l’étude, financée par la Fondation Bill et Melinda Gates, n’utilise pas de tons alarmistes même si elle présente des chiffres dramatiques, alors que l’un des auteurs de l’étude est beaucoup plus clair dans l’interview à la BBC, dans laquelle il parle de « données stupéfiantes » dont « il est énormément difficile de comprendre la gravité », puisqu’il s’agira de « réorganiser complètement les sociétés« .

La nouveauté de cette étude réside dans les modèles utilisés pour la projection des données démographiques, modèles plus complets et plus sophistiqués que ceux utilisés par les Nations Unies pour les projections les plus récentes. Ainsi, alors que le dernier rapport des Nations unies prévoit que la population mondiale continuera à augmenter jusqu’en 2100, pour atteindre environ 11 milliards d’habitants, la recherche en question prévoit que le pic de la population sera atteint dès 2064 avec environ 9,7 milliards de personnes, puis qu’elle diminuera pour atteindre 8,8 milliards à la fin du siècle.
L’évolution n’est évidemment pas homogène, mais ce qui ressort surtout, ce sont les chiffres des pays qui se dirigent vers l’extinction: l’Italie devrait passer des 60 millions d’habitants actuels à 28 millions en 2100, tandis que le Japon passera de 128 millions à moins de 53, l’Espagne de 46 à 21,5, la Corée du Sud de 52,7 à 24,7 [ndt: la France devrait y échapper, passant de 65 à 67 millions, cf. Le Salon Beige].


Ce sont des chiffres cauchemardesques, qui en plus tiennent compte de l’immigration. Le fait est, selon les chercheurs, que si les taux de fertilité baissent partout dans le monde, les pays qui ont choisi l’immigration comme solution à la dénatalité se trouveront en forte concurrence les uns avec les autres. En outre, comme nous l’avons expliqué à maintes reprises, l’immigration considérée comme comblant le vide laissé par la population locale crée beaucoup plus de problèmes qu’elle ne peut en résoudre.

Etant donné la matrice idéologique et le sponsor, l’étude souligne avant tout les aspects positifs de ces chiffres, autrement dit: moins de personnes, moins d’émissions de CO2, moins de pression sur l’environnement. Mais d’un autre côté, elle met en évidence le risque d’une catastrophe sociale si l’on ne peut pas répondre à quelques questions simples: qui paiera des impôts dans une population où les vieux sont majoritaires ? Qui payera les services de santé pour les vieux? Qui s’occupera d’eux? Pourra-t-on encore prendre sa retraite ?

L’étude n’apporte pas de réponses définitives et surtout elle ne remet pas en cause certains prétendus droits civils: l’avortement et la contraception. Au contraire, la question de fond est précisément celle-là: comment est-il possible de rééquilibrer la population et de réorganiser la société sans remettre en cause certaines « conquêtes » ?

Disons que l’impression que l’on a à la lecture de l’étude est précisément celle de se retrouver dans une telle impasse que l’on craint que la « réorganisation sociale » invoquée, loin de pouvoir être contrôlée, ne soit au contraire un « recul social » général qui sera à la fois l’origine et le fruit d’une longue période d’instabilité et de violence, comme ce fut le cas à la fin de l’Empire romain.

Pendant des décennies, des sommes d’argent effrayantes ont été investies pour convaincre le monde entier que le problème le plus grave est la surpopulation, que si les taux de fertilité ne baissaient pas, le monde serait confronté à une catastrophe ; pendant des décennies, de véritables crimes contre l’humanité ont été commis, sous le couvert des Nations unies, par le biais de stérilisations massives et d’avortements forcés et sélectifs (voir la Chine et l’Inde) afin de réduire drastiquement les naissances.
Une « urgence environnementale » a également été inventée pour justifier le contrôle des naissances, et ce n’est pas une coïncidence si la recherche considère le déclin de la population comme un fait positif. Une crise démographique dévastatrice a donc été provoquée artificiellement et maintenant, sans l’ombre d’une autocritique, on cherche à mener des opérations d’ingénierie sociale pour réparer les dégâts.

Mais les dégâts sont trop graves pour être réparés, d’autant plus que l’on prétend que des solutions peuvent être trouvées en s’appuyant sur l’idéologie anti-humaine qui les a causés. L’étude met justement en évidence la réduction de l’humain qu’une telle idéologie engendre: la crise démographique est avant tout perçue en termes de réduction de la main-d’œuvre, comme si l’homme n’était qu’un moyen de production, d’où l’on peut comprendre l’énorme charge que représente une grande partie de la population qui n’est plus productive.

Nous savons déjà, malheureusement, quelle est la première mesure, même si elle n’est pas précisée, pour rééquilibrer la population: de même que pour contenir les naissances, les enfants ont été impitoyablement éliminés (l’avortement, certes, mais dans certains pays aussi l’infanticide), aujourd’hui, pour rééquilibrer la structure de la population, on passe à l’élimination des vieux, en commençant par l’abandon thérapeutique, qui est déjà devenu une pratique dans de nombreux pays, puis on continue avec l’euthanasie et le suicide assisté. Nous avons vu clairement dans l’urgence Covid le mécanisme: comme il n’est pas possibilible d’assister tout le monde, une sélection est faite, et évidemment les vieux sont les premiers à être sacrifiés.

Cela devrait également servir d’avertissement à certains personnages autorisés du Saint-Siège qui, avec un grand enthousiasme, ont embrassé la cause du développement durable et de l’environnement, pensant ainsi prendre soin de la terre selon la volonté du Créateur. Ce qui a conduit les principaux représentants de cette conception anti-humaine, de Jeffrey Sachs à Paul Ehrlich, partisans fanatiques du contrôle des naissances et de la nécessité de réduire la population mondiale, à pontifier au Vatican. Leur sollicitude pour la terre consiste à éliminer les hommes, leur lutte contre la pauvreté à éliminer physiquement les pauvres et les plus vulnérables. Marcher avec eux signifiera à long terme embrasser toutes leurs « thérapies », même celles qui sont aujourd’hui inavouables.

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