Au moment où les fidèles auraient tout particulièrement besoin d’une boussole sûre pour lire les événements selon une perspective chrétienne, l’Académie pontificale pour la vie a publié un document sur la pandémie (HUMANA COMMUNITAS À L’ÈRE DE LA PANDÉMIE), enfilade de lieux communs politiquement corrects qui exclut toute référence à la vie, justement, et surtout à Dieu. Les catholiques méritent mieux, constate Phil Lawler.

Un point de vue choquant du Vatican sur la pandémie

Phil Lawler
Catholic culture
22 juillet 2020
Ma traduction

Le dernier document du Vatican, une réflexion sur la pandémie COVID 19, est embarrassant pour les fidèles catholiques.

L’Académie pontificale pour la vie, sous la direction du controversé archevêque Vincenzo Paglia, a produit le document, et le bureau de presse du Vatican l’a présenté le 22 juillet avec un titre aussi prolixe que la déclaration elle-même: « Informations utiles sur le document de l’Académie pontificale pour la vie: ‘Humana Communitas à l’ère de la pandémie : méditations intempestives sur la renaissance de la vie’« . Ce titre est trompeur ; le document fournit très peu d’informations concrètes. Mais je vous accorde ceci : c’est « intempestif ». Il n’y a jamais de bon moment pour ce genre de rumination insipide.

Même en décrivant la situation sociale malheureuse découlant de la pandémie, l’Académie pontificale est mièvrement sentimentale (et excessivement verbeuse) :

Elle nous a privés de l’exubérance des étreintes, de la gentillesse des poignées de main, de l’affection des baisers, et a transformé les relations en interactions craintives entre étrangers, l’échange neutre d’individualités sans visage enveloppées dans l’anonymat des équipements de protection.

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vatican.va

Le document, qui s’ouvre par une esquisse des dommages que la pandémie a causés à la communauté humaine, observe: « Sûrement, nous sommes appelés au courage de la résistance ». Mais nulle part l’Académie pontificale ne nous guide vers la source de cette résistance courageuse. Bien qu’il s’étende sur plus de 4 000 mots, le document du Vatican ne mentionne pas Dieu, Jésus-Christ, l’Esprit Saint, l’Église, les sacrements, la prière, ni même la charité; même le mot « chrétien » n’apparaît pas dans le texte. Il est vrai qu’il y a un appel à la « conversion morale », mais dans le contexte, il s’agit clairement d’un appel à une conversion idéologique plutôt que religieuse.

L’Académie pontificale pour la vie, voyez-vous, considère la pandémie comme une punition méritée pour les péchés de l’humanité contre l’environnement : « L’épidémie de Covid-19 a beaucoup à voir avec notre déprédation de la terre et la spoliation de sa valeur intrinsèque. » Il est évident que ce n’est pas une affirmation scientifique. Mais cela pourrait être considéré comme une revendication religieuse, si la religion en question est l’environnementalisme.

On attend cependant du Vatican un message chrétien: un message d’espoir qui fait tristement défaut dans cette déclaration. Sous une autre direction, à une autre époque, l’Académie pontificale pour la vie aurait pu nous exhorter à ne pas être paralysés par la peur de la maladie et de la mort, ni à considérer toute interaction avec nos voisins comme une dangereuse imposition. Le document fait un geste faible dans ce sens, en disant que « les graines de l’espoir ont été semées dans l’obscurité des petits gestes, dans des actes de solidarité trop nombreux pour être comptés, trop précieux pour être diffusés ». Mais il ne catalogue pas les « petits gestes » que les chrétiens pourraient faire ; il lance au contraire un appel grandiose à la solidarité mondiale et à la coopération internationale, stipulant que l’Organisation mondiale de la santé devrait avoir une « place privilégiée » dans la campagne.

La pandémie a fait naître une peur, souvent irrationnelle, dans des millions de cœurs. Le Vatican devrait rassurer et donner une perspective, en rappelant au monde que la mort n’est pas la plus grande tragédie, que la vie a un sens, que, armés des dons de l’Esprit Saint, nous pouvons vaincre nos peurs. Cette perspective chrétienne fait malheureusement défaut dans ce document.

« Les leçons de fragilité, de finitude et de vulnérabilité nous amènent au seuil d’une nouvelle vision », nous dit l’Académie pontificale. Oui, mais seulement jusqu’au seuil, et ce document ne nous fait pas franchir le seuil, il ne nous invite même pas à la vie du Christ. Les fidèles, et le monde en général, méritent mieux.

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