Un cas d’école. La vraie nouvelle, c’est qu’il n’y avait pas de nouvelle. Et c’est tant mieux. On apprenait avant-hier, avec inquiétude, pour ceux qui l’aiment (*), que Benoît XVI était gravement malade (**). Angela Ambrogetti commente, entre ironie et amertume professionnelle, l’information qui a fait la une des médias spécialisés… et des autres: des sites qui n’attendent du Saint-Père – c’est triste à dire – que l’annonce de sa mort et qui se moquent de l’Eglise comme de leur première fake new – mais tous, en France, ont recopié la dépêche de l’AFP, brodant plus ou moins autour.

(*) Inquiétude mise à part, ma première réaction a été d’en vouloir à Peter Seewald qui, pour faire la promo de son livre « Ein Leben«  », a cru bon de se répandre dans la presse régionale bavaroise, livrant en pâture au public des détails qui appartiennent à la vie privée de son hôte si pudique et si réservé. Et l’agacement envers les blogs qui, de bonne foi ou non, ont servi de caisse de résonance.
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(**) La santé de Benoît XVI est depuis au moins 2013 (et même avant) un marronnier, dont mon site s’est fait l’écho à maintes reprises.

Benoît XVI? Dans l’ensemble, il est de bonne humeur. Voilà la nouvelle

Angela Ambrogetti
ACI Stampa
4 août 2020
Ma traduction

Oui, bien sûr, nous sommes en août et les nouvelles sont rares. Ainsi, dès qu’un titre attire l’attention, on court après. Et on le fait dans la précipitation, dans la peur de rater quelque chose. Et peut-être que le titre n’est pas exactement le bon, mais dans le monde de l’internet, il tourne et tourne comme si c’était la seule vérité.

Voici les nouvelles sur la santé de Benoît XVI qui ont animé hier les rédactions : quelqu’un a fait une erreur dans le titre et peu l’ont corrigée en lisant bien le texte de l’article.

Benoît XVI, pape émérite, 93 ans en avril, de retour d’un voyage fatiguant à Ratisbonne pour voir son frère mourant, décédé il y a quelques semaines, surmonte si bien une maladie typique des personnes âgées qu’il reçoit un journaliste et se fait photographier tranquillement. La nouvelle, la voilà: le vieux pape émérite a des projets d’avenir et veut écrire à nouveau.

Au lieu de cela, la nouvelle, née d’un gros titre d’un journal allemand, semblait dire que le pape était mourant.

Il a fallu du temps au service de presse pour le préciser par une déclaration sèche: « Selon ce qu’a rapporté le secrétaire personnel, S.E. Mgr Georg Gänswein, l’état de santé du pape émérite n’est pas particulièrement préoccupant, si ce n’est celui d’un homme de 93 ans qui traverse la phase la plus aiguë d’une maladie douloureuse mais pas grave ».

Et une fois de plus, la nouvelle circule comme une nouveauté, une autre nouvelle. En fait, c’est le démenti de la première, elle l’annule, même, et dément donc qu’il y ait jamais eu de nouvelles.

Si ce n’est la violation de l’intimité d’un vieil homme qui veut vivre sa souffrance de manière discrète.

L’hôte de Benoît qui a mis sa maladie (en phase de guérison) sur la place publique a en effet expliqué que « Benoît est optimiste et pense qu’il va bientôt retrouver ses forces. Il accepte humblement sa maladie et ne veut pas susciter trop d’attention. Dans l’ensemble, il est de bonne humeur ». Et on le voit bien sur la photo de la rencontre.

C’était au fond la seule vraie nouvelle. Elle aurait dû être en tête des dépêches d’agence. Parce qu’après quelques lignes, plus personne ne lit.


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