Je n’ai nulle envie de m’imposer le pensum de la lecture de la centaine de pages du dernier opus bergoglien (ce qui me disqualifie sans doute pour en parler, mais on n’a pas besoin de tomber du haut d’une tour pour avoir le droit de dire qu’on se fera mal en arrivant en bas!). Je dirais seulement Tout est dans le titre: Fratelli tutti. Le texte est bien trop long, signe de l’incapacité à tirer une synthèse. Ceux qui le liront, principalement par obligation professionnelle, en extrairont peut-être une ou deux petites phrases à effet (s’il y en a!), mais l’impact sur le peuple catholique sera quasiment nul (*). Je me limite donc pour le moment au commentaire à chaud de Mgr Vigano; et à la boutade de Pezzo Grosso, l’invité de Marco Tosatti: ils ne disent rien qui puisse nous surprendre, malheureusement

(*) Excellent commentaire à ce sujet ici

Voilà Fratelli tutti, manifeste social de François

Monseigneur Viganò :

« Dimension surnaturelle totalement absente. Falsification embarrassante de saint François. Aplatissement déconcertant sur la pensée unique mondialiste ».

Une lecture superficielle du texte de l’encyclique Fratelli tutti laisserait croire qu’il a été écrit par un maçon et non par le Vicaire du Christ. Tout ce qu’il contient est inspiré par un vague déisme et un philanthropisme qui n’a rien de catholique: Nonne et ethnici hoc faciunt ? Les païens ne font-ils pas de même ? (Mt 5, 47).

Saint François et le Sultan, l’épreuve du feu
[récit ici: benoit-et-moi.fr/2019]

Macroscopique et résolument embarrassante, la falsification historique de la rencontre de saint François avec le sultan [**] : selon le rédacteur de l’encyclique, le Poverello « n’a pas fait de guerre dialectique, imposant des doctrines » ; en réalité, les paroles de saint François que les chroniqueurs rapportent sonnent très différemment :

« Si tu me promets, en ton nom et au nom de ton peuple, que vous passerez à la religion du Christ, au cas où je sortirais indemne du feu, j’entrerais dans le feu seul. Si je suis brûlé, ce sera imputé à mes péchés ; si, par contre, la puissance divine me fait sortir sain et sauf, vous reconnaîtrez le Christ, la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu, comme le vrai Dieu et Seigneur, Sauveur de tous ».

La dimension surnaturelle est totalement absente, tout comme la référence à la nécessité d’appartenir au Corps Mystique du Christ qu’est la Sainte Eglise pour atteindre le salut éternel. Il y a même une très grave erreur d’interprétation du concept de « fraternité » : pour le catholique, elle n’est possible que dans le Christ si l’on a Dieu comme Père par le baptême (Jn 1, 12), alors que pour Bergoglio, elle se réaliserait par le simple fait d’appartenir à l’humanité.

Le concept catholique de « liberté de la Religion » est remplacé par le concept de « liberté religieuse » théorisé par le Concile Vatican II, allant jusqu’à troquer le droit divin de l’Église à la liberté de culte, de prédication et de gouvernement avec la reconnaissance du droit à l’erreur de se propager non seulement en général, mais même dans les nations chrétiennes. Les droits de la vérité ne peuvent être bradés en concédant des droits à l’erreur. L’Église a le droit naturel à la liberté, alors que les fausses religions ne l’ont pas.

L’aplatissement (/alignement) de l’encyclique sur la narration au sujet du Covid (§7 et §32, ndt) laisse sans voix, confirmant l’asservissement à la pensée unique et à l’élite mondialiste ; on n’est pas non plus surpris par l’insistance obsessionnelle sur l’unité et la fraternité universelle, en même temps que la condamnation du droit légitime de l’État à protéger son identité non seulement de culture mais aussi et surtout de Foi.

Cette encyclique constitue le manifeste idéologique de Bergoglio – sa Professio fidei massonicae – et acte sa candidature à la présidence de la Religion Universelle, servante du Nouvel Ordre Mondial. Une telle attestation de subalternité par rapport à la pensée dominante vaut peut-être la louange des ennemis de Dieu, mais elle confirme l’abandon inexorable de la mission évangélisatrice de l’Église. D’autre part, nous l’avons déjà entendu : « Le prosélytisme est un non-sens solennel ».

Bergoglio est un falsificateur de la réalité. Il ment avec une impudence sans égal. D’ailleurs, le principal expert en matière de falsification de la vérité est précisément cette dictature chinoise qui fait lapider la pécheresse par Notre Seigneur (Le régime communiste a distribué dans les écoles un livret avec des épisodes tirés des différentes religions, dont celui de la femme adultère, qui est lapidée par Jésus. Une falsification complète du texte).

Il est évident que la contiguïté du régime communiste avec l’église de Bergoglio ne se limite pas à l’Accord mais inclut aussi le même modus operandi.

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Ndt

[**] Il y a un épisode de sa vie qui nous révèle son cœur sans limites, capable de franchir les distances liées à l’origine, à la nationalité, à la couleur ou à la religion. C’est sa visite au Sultan Malik-el-Kamil, en Égypte, visite qui lui a coûté de gros efforts du fait de sa pauvreté, de ses ressources maigres, de la distance et des différences de langue, de culture et de religion. Ce voyage, en ce moment historique marqué par les croisades, révélait encore davantage la grandeur de l’amour qu’il voulait témoigner, désireux d’étreindre tous les hommes. La fidélité à son Seigneur était proportionnelle à son amour pour ses frères et sœurs. Bien que conscient des difficultés et des dangers, saint François est allé à la rencontre du Sultan en adoptant la même attitude qu’il demandait à ses disciples, à savoir, sans nier leur identité, quand ils sont « parmi les sarrasins et autres infidèles … de ne faire ni disputes ni querelles, mais d’être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu » Dans ce contexte, c’était une recommandation extraordinaire. Nous sommes impressionnés, huit-cents ans après, que François invite à éviter toute forme d’agression ou de conflit et également à vivre une « soumission » humble et fraternelle, y compris vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas sa foi.

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Fratelli tutti, §3

Fratelli Tutti?
Ce n’est pas une encyclique, c’est un spot de pub

Cher Tosatti, un coup d’œil au manifeste de Bergoglio intitulée « Fratelli tutti« . Je refuse de l’appeler Encyclique.
Je l’appellerai, en expliquant pourquoi, « Spot publicitaire » avec plein de testimonials [mot anglais: dans le jargon de la publicité, un témoignage ou une émission consistant en une déclaration écrite ou orale d’une personne vantant la vertu d’un produit], pour diviser encore plus le petit monde catholique de plus en plus divisé.
Elle a déjà été appelée l’Encyclique du migrant, l’Encyclique étatiste, l’Encyclique de Bill Gates, etc.
Il s’agit plutôt (je le dis par provocation) de l’encyclique de la fin de la civilisation chrétienne et de l’Église catholique apostolique romaine.
Ecrite par des personnes différentes (de styles différents) d’infime niveau, gravitant autour de Sainte Marthe, mais avec une arrogance jamais vue auparavant, voire même outrageante pour l’intelligence de ce qui reste des catholiques.

Il suffit de souligner, au début du document la volonté manifeste d’ignorer la vérité sur saint François qui s’est rendu en Terre Sainte en 1219 pour convertir les musulmans, y compris au prix du martyre, au point de mettre le sultan au défi de se convertir après sa célèbre épreuve par le feu (quelqu’un doit suggérer au pape lorsqu’il se rendra à Assise de regarder la fresque de Giotto).
Ce document est destiné à accroître le conflit dans le monde catholique, à diviser plus que jamais avec l’excuse d’une vérité (la fraternité) qui se prête à trop d’interprétations contradictoires.


Le pape François déclare qu’elle lui a été inspirée par l’imam Ahmad Al Tayyeb à Abu Dabi. N’avait-il personne de mieux à disposition pour tirer son inspiration pour une encyclique catholique ? Ou s’agit-il d’une soumission œcuménique pure et simple dans un document du Magistère ? Oui, vraiment, l’œcuménisme sera l’hérésie du 21e siècle.

Il déclare également qu’il s’inspire de quatre personnages : Saint François, Martin Luther King, Desmond Tutu et Gandhi. A part Saint François (que le pape continue à interpréter toujours arbitrairement), les trois autres sont des personnalités de grand prestige, des militants des droits de l’homme.

Tellement symboliques qu’elles sont souvent utilisées pour des campagnes publicitaires.
Vous vous souvenez de la publicité pour Telecom avec Gandhi comme testimonial (« grâce au téléphone, communiquer la paix »)?
Vous vous souvenez de la publicité pour Fiat-Chrysler avec le testimonial Martin Luther King dans le célèbre sermon d’Atlanta ?
Aujourd’hui, le Pape les utilise comme testimonial pour communiquer la fraternité ? Laquelle ?

Dans ce document, le pape François communique de manière contradictoire et ambiguë, sans jamais expliquer pourquoi, qu’il existe un droit à l’émigration et à l’intégration, mais quil faudrait permette au migrant de rester chez lui…
Mais nous, nous avons le devoir de les intégrer, leur garantissant la liberté culturelle et religieuse. Tu connais les débats confus et conflictuels que va générer ce concept ambigu et fumeux…

Il communique également que le souverainisme est mauvais (sans expliquer pourquoi), créant un débat politique conflictuel et diviseur…
Il communique que la propriété privée, le capitalisme, la finance, doivent être changés (toujours sans savoir pourquoi et sans l’expliquer), mais surtout il ne nous dit pas comment.
A moins qu’il ne pense à quelque forme utopique de solidarité prédistributive et anti-méritocratique. Peut-être nous l’expliquera-t-on lors de la conférence d’Assise sur The economy of Francesco.

Mais il communique aussi quelque chose auquel certains catholiques sont encore sensibles.
Il communique que le Pape se moque du péché originel, des commandements, de la Genèse divine.
C’est pourquoi je refuse d’appeler cette publicité une encyclique.

Ce n’est pas le Magistère, c’est une publicité.

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