Le compte à rebours est presque terminé. « Ce n’est pas un vote mais une apocalypse qui est annoncée avec les élections présidentielles aux États-Unis. Se prononcer pour ou contre Trump a pris des tonalités bibliques« . Marcello Veneziani, avec ces propos, ne se démarque pas du discours dramatique de Mgr Vigano. Bien que n’appréciant pas la personnalité de Trump, à qui il reproche de n’avoir pas « une stature d’homme d’état » (**), il salue en lui « l’antagoniste du politiquement correct, ce serpent rampant qui étouffe et empoisonne l’Occident … [quelqu’un] qui défend la religion, la famille, l’amour patriotique » et il lui reconnaît un bien meilleur bilan – pas seulement économique – que celui dont on le crédite habituellement… au moins avant-covid. Au final, un bon plaidoyer, d’autant plus convaincant que l’auteur n’est pas suspect de « trumpmania« .

(*) Le titre est inspiré d’une BD italienne mythique des années cinquante « Blek le Roc »

(**) Je ne suis pas d’accord. Trump est peut-être grossier envers ses ennemis (qui eux l’attaquent plus sournoisement), car c’est le seul langage qu’ils comprennent. Il est très différent lorsqu’il s’adresse à ceux qui lui témoignent de la sympathie, me dit une amie qui a longtemps vécu aux Etats-Unis et qui le suit depuis la campagne de 2016. Et j’ai du mal à croire qu’un homme de parole comme il a montré qu’il l’était (notamment sur les questions de la défense de la vie) soit « vulgaire ». Et surtout, Trump n’est pas un intellectuel, mais un homme d’action, il ne manie pas des concepts, mais affronte des faits. Il est, en un mot, hyper-américain (au sens d’avant…). C’est un colosse, et pas qu’au physique. C’est ce qui le rend difficile à comprendre pour nous, européens, qui sommes plus sensibles au raffinement, à l’élégance et à la culture – dont, soit dit en passant, Benoît XVI reste la quintessence, ce qui ne l’a pas empêché d’être l’objet de la même détestation du monde. Preuve que ce qu’on reproche à Trump, ce n’est pas d’être un rustre, ou d’être inculte, mais de refuser de se coucher.
Quant à sa gestion de covid, et à sa prétendue responsabilité, il y aurait beaucoup à dire.

Mieux vaut Trump le Roc que ses nombreux ennemis…

Marcello Veneziani
Panorama n. 45 (2020)
Ma traduction

Ce n’est pas un vote mais une apocalypse qui est annoncée avec les élections présidentielles aux États-Unis. Se prononcer pour ou contre Trump (Biden n’est qu’un réflexe conditionné) a pris des tonalités bibliques.

Trump joue sa partie contre le reste du monde. Il a quatre ennemis principaux : l’establishment national et international, c’est-à-dire l’appareil des pouvoirs, les médias et les classes dominantes qui s’alignent de manière compacte contre lui (y compris le pape); le covid, c’est-à-dire la peur répandue chez les gens et le tam-tam selon lequel il a sous-estimé et mal géré la pandémie, avec une arrogance préjudiciable; la Chine, avec laquelle Trump a engagé une guerre froide et souterraine, réagissant à l’hégémonie planétaire que le communisme chinois impose y compris avec la contagion, qui a commencé à partir de la Chine. Le quatrième cavalier de l’apocalypse est par contre domestique, dans tous les sens du terme : il s’agit du vote par correspondance sur lequel Trump a exprimé des craintes de fraude, pré-constituant le désaveu de la possible victoire de Biden.

Les quatre cavaliers de l’Apocalypse sont trop nombreux et trop forts, même pour un roc comme Trump. Son style est aussi irritant que son apparence, son langage et son ton de voix gênent, certaines gaffes en politique étrangère ou dans la façon d’affronter le covid sont évidentes [bof… NDT]. Mais il faut reconnaître qu’avant le covid, Trump avait redressé l’Amérique, l’avait relancée et protégée économiquement, avait allégé les taxes et l’avait remise sur pied (ensuite le cyclone de la pandémie a frappé). Il a donné des réponses en termes de sécurité en appliquant la loi et l’ordre conservateurs. Avec ses manières abruptes et fanfaronnes, il a évité les guerres, il n’a pas lâché les fatidiques 26 000 bombes de son prédécesseur, le prix Nobel de la paix Barack Obama ; il a freiné Kim, le dictateur coréen, pour le bien et pour le mal, il a signé pour la première fois un important traité de paix au Moyen-Orient ; il a protégé Israël, tout en attribuant à l’Iran des responsabilités qu’elle n’avait pas. Et il a compris que le concurrent mondial, l’antagoniste de l’Occident, de la liberté et de la démocratie, est aujourd’hui la dictature chinoise, son capitalo-communisme rampant, son expansionnisme économique, technologique et même sanitaire. La Chine s’étend en Asie, en Afrique, elle s’insinue en Europe, elle sinise la moitié du monde. Et elle exporte un modèle dictatorial et fonctionnel en opposition avec notre civilisation et notre liberté.

Mais avant toute chose, Trump est l’antagoniste du politiquement correct, ce serpent rampant qui étouffe et empoisonne l’Occident. Bien que d’une manière rustre, grossière, il défend la religion, la famille, l’amour patriotique. Avec ses mille défauts, et toute l’aversion qu’il suscite, même à fleur de peau, Trump est préférable à l’appareil qui s’oppose à lui, hier avec Clinton et aujourd’hui avec Biden. Et au cours de ces années, il a échappé à une marée d’attaques, de pièges et de tentatives de mise en accusation, il a gagné la bataille devant la cour de justice, il a surmonté les accusations judiciaires, financières, fiscales, d’espionnage, sexuelles qui ont été portées contre lui. En fait, il a dû détourner beaucoup d’énergie pour se défendre contre les attaques.

Ces conclusions ont également été tirées par le leader historique de l’anti-américanisme européen qui a rédigé, il y a quarante ans, avec Giorgio Locchi, un sévère réquisitoire contre le « mal américain » ; l’intellectuel de la nouvelle droite qui a désigné les States comme le principal ennemi de l’Europe et l’a fait avec des leaders républicains et conservateurs comme Reagan et Bush. Je parle d’Alain de Benoist qui, dans une surprenante interview de Nicolas Gauthier publiée sur le site Boulevard Voltaire [ICI, NDT], espère la réélection de Trump, même si c’est « faute de mieux ». Et il lui reconnaît d’être la gigantographie de l’Américain moyen, surtout celui qui ne vit pas à New York (à l’heure actuelle, presque partout, les mégalopoles sont libérales et progressistes alors que la province est conservatrice ou nationaliste). Selon les mots de Curzio Malaparte, Trump est l’archi-américain. Alain De Benoist ne le reconnaît pas comme un homme d’État au niveau de Poutine, Erdogan ou Xi Jinping – trois dirigeants pas vraiment démocrates – et condamne sa politique étrangère. Mais pour des raisons très proches de celles que j’ai mentionnées précédemment, de Benoist le considère comme « moins pire » que son rival et que l’establishment qui est derrière. Et il fait un bien meilleur bilan de son administration que celui, catastrophique, compilé par la quasi-totalité de l’usine médiatique mondiale.

Plutôt, l’intérêt de de Benoist, comme le nôtre, n’est pas tant pour Trump que pour le consensus populaire qu’il reçoit, c’est-à-dire pour cette demande d’identité, de renouveau et de sécurité et ce rejet du politiquement correct canalisé dans le trumpisme. Il est intéressant de noter la rébellion populaire contre les élites, réunies autour de Trump. Dans la guerre entre le peuple et les oligarchies dominantes avec leurs intérêts économiques et financiers, Trump, le magnat, pour le meilleur ou pour le pire, s’est rangé du côté du peuple. Peut-être démagogiquement, mais l’Américain commun est plus représenté et protégé par Trump que par ses ennemis.

À tout cela s’ajoute un autre facteur non négligeable pour ceux qui, comme de Benoist, se sont opposés à l’américanisation de la planète et à l’hégémonie américaine sur l’Europe. Trump a préféré le protectionnisme américain à la colonisation planétaire. Il s’intéressait plus aux Américains et moins à nous. Il était plus roi d’Amérique qu’empereur du monde.

Mieux vaut lui que Biden, un porte-parole de l’establishment, un personnage ennuyeux et démodé qui fait paraître jeune et audacieux même le plus que septuagénaire Trump, tout juste rescapé de la guerre avec le covid. Trump le Roc, comme le grand Blek.

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