AM Valli revient sur les propos tenus par le Pape le dimanche de Pâques lors de la bénédiction urbi et orbi (1): en appelant à un « internationalisme des vaccins », présentés comme « instruments essentiels » dans la lutte contre la pandémie, l’Eglise, par la bouche de son Pasteur suprême a accordé imprudemment une « ligne de crédit » acritique aux politiques sanitaires prônées par le gouvernement global.

Le sceau papal sur la Nouvelle Religion Partagée

Un lecteur m’écrit:

« Allez dans le monde entier et vaccinez tous les gens. Ceux qui sont vaccinés seront sauvés, ceux qui ne le sont pas seront condamnés ».
Je cite l’Évangile selon Bergoglio. Le message de Pâques, traduit urbi et orbi par les médias, est que, aux jours du Salut, le chef de l’Église voit dans la préparation injectable le seul remède pour l’humanité angoissée et perdue. On dira: « Non, il ne voulait pas dire exactement cela »; « Oui, mais il a aussi dit autre chose »; « Possible, mais il ne pouvait pas ne pas le dire ». Mais un homme d’expérience comme lui aurait dû prévoir que cette déclaration, prononcée dans ce contexte, allait avoir une telle diffusion: l’aveu que, désormais, nous ne pouvons faire confiance qu’à la Science.

Le lecteur a raison. Je pense cependant que le résultat obtenu, sur le plan communicationnel, n’est pas un effet involontaire. En fait, c’est exactement ce que le Pape avait entrepris de faire: proclamer le nouvel évangile du salut par la science.

Incroyable, déconcertant, inquiétant. Sur ce sujet, nous avons désormais utilisé tous les adjectifs possibles. Nous pouvons en ajouter deux autres: triste et déprimant. Parce que le pape, lorsqu’il parle (dans le message urbi et orbi de Pâques!) des vaccins comme d’un « outil essentiel » contre la pandémie et va jusqu’à appeler à « un internationalisme des vaccins », fait son ouverture de crédit de manière totalement superficielle et acritique.

Nous sommes ici en plein scientisme ou, si vous préférez, en fidéisme scientiste. Et qu’une telle attitude soit le fait du pasteur suprême de l’Église catholique ne peut que provoquer le découragement.

Surtout à une époque où les questions se multiplient sur l’origine des vaccins et les doutes sur leur efficacité et leurs effets secondaires, la simple application de la vertu de prudence recommanderait la réserve. Si l’on considère ensuite la situation dans laquelle se trouvent des catégories professionnelles entières (2) soumises de fait à un chantage, parce que ceux qui, en conscience, ne veulent pas se faire vacciner, autrement dit ne veulent pas être des cobayes pour des médicaments expérimentaux insuffisamment testés, risquent sérieusement de perdre leur emploi, le discernement (expression si chère à Bergoglio) est encore plus nécessaire.

Et en revanche, que voyons-nous? Que le Pape, avec des paroles prononcées rien moins que le jour de la Résurrection de Notre Seigneur, avec son adhésion au conformisme scientifique se pose non seulement comme un interprète mais comme le premier représentant de ce que j’appelle la Nouvelle Religion Partagée, une pseudo-religion grotesque et ultra-dogmatique (aucune objection contre elle n’est permise) qui non seulement exalte le fidéisme scientifique mais, pour s’imposer, utilise les catégories de la vraie religion et les pervertit à ses propres fins.

Dans cette nouvelle pseudo-religion (comme je l’ai écrit dans Virus e Leviatano) nous avons en fait une trinité (Science, Santé, Sécurité), nous avons le péché mortel (ne pas adhérer à la vision scientiste, ne pas collaborer à sa diffusion), nous avons la punition pour le non-croyant (être littéralement excommunié, mis hors de la communauté, comme indigne), nous avons les écritures sacrées (celles propagées par les médias de masse asservis au discours conformiste dominant), nous avons la demande impérieuse de conversion (à la technoscience comprise non plus comme un instrument mais comme une divinité), nous avons l’identification de la croyance au salut (vous êtes sauvé seulement si vous croyez à cette pseudo-religion et si vous vous faites son interprète), nous avons les nouveaux bigots (qui s’érigent en juges et vous mettent hors du consensus humain si vous n’êtes pas aligné) et nous avons une inquisition qui, au moment où elle vous excommunie, vous fait tout perdre.

Il semble que non pas trente-trois ans, mais trois siècles se soient écoulés depuis les mots que Jean-Paul II a écrits en 1988 au père George Coyne, alors directeur de l’Observatoire du Vatican. Dans ce texte, le pape expliquait que, tout comme elle ne propose pas que la religion devienne la science, l’Église ne propose certes pas non plus que la science devienne la religion. Malheureusement, nous devons mettre le verbe au passé: elle ne proposait pas. Avec la circonstance aggravante – il faut le répéter – qu’on ne parle même plus de science, mais de fidéisme scientiste.

Ndt

(1) Extrait de l’allocution papale « urbi et orbi » du jour de Pâques:

Le Christ ressuscité est espérance pour tous ceux qui souffrent encore à cause de la pandémie, pour les malades et pour ceux qui ont perdu une personne chère. Que le Seigneur les réconforte et qu’il soutienne les efforts des médecins et des infirmiers. Tous, en particulier les personnes les plus fragiles, ont besoin d’assistance et ont le droit d’avoir accès aux soins nécessaires. Ceci est d’autant plus évident en ce temps où nous sommes tous appelés à combattre la pandémie et où les vaccins constituent un instrument essentiel pour cette lutte. Dans l’esprit d’un “internationalisme des vaccins”, j’exhorte donc toute la Communauté internationale à un engagement partagé afin de surmonter les retards dans leur distribution et en favoriser le partage, en particulier avec les pays les plus pauvres.

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http://www.vatican.va/content/francesco/fr/messages/urbi/documents/papa-francesco_20210404_urbi-et-orbi-pasqua.html

(2) Le 31 mars, le gouvernement italien a adopté une nouvelle mesure qui impose la vaccination contre le Covid-19 au personnel de santé qui travaille en contact avec le public. En cas de non-respect de cette obligation, des sanctions sont prévues, pouvant aller jusqu’à la suspension.

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