On l’a déjà dit et répété, « rien ne sera plus jamais comme avant ». Mais l’aspect économique, les conséquences sur la liberté de circulation, l’organisation du travail, la nécessité de se faire vacciner, etc. ne sont que des aspects secondaires, des corollaires, la face visible de la révolution souterraine en cours. En réalité, la plus grande (et la plus grave) conséquence des politiques menées pour – prétendument – lutter contre la pandémie est de nature anthropologique, et ce qui en émergera, c’est « un homme-masse désincarné et à désincarner ». Là est le vrai Great Reset. L’analyse (glaçante) de Stefano Fontana.

Comment les politiques anti-Covid ont changé l’anthropologie

Stefano Fontana
La NBQ
25 avril 2021
Ma traduction

Le covid change l’anthropologie. Quel genre d’homme veut-on voir émerger des ruines de la politique anti-Covid? Un individu dépourvu de relations: le médecin généraliste n’est pas consultable, les membres de la famille sont des ennemis potentiels. De plus, les enfermements s’appliquent à tous, que l’on vive dans une ville ou dans un village. C’est un homme-masse désincarné auquel il faut changer sa façon de travailler et d’apprendre, de pleurer les morts, de prier. Un homme hétérodirigé, dépendant de la machine sanitaire et politique, sans conscience, parce que dangereuse, qui fera coïncider la vérité avec les données institutionnelles, attentif à ce qu’il dira et à qui.

La vision de l’épidémie de Covid 19 est au fond une vision anthropologique. Les mesures sociales et sanitaires sont prises à la lumière d’une conception de l’homme. Ne croyez pas que la contagion qui dure depuis un an n’a pas d’incidence anthropologique : il ne s’agit pas seulement de virus, nous l’avons compris depuis un certain temps déjà. Quelle vision de l’homme se trouve au cœur du récit dominant, et quel homme veut-on voir émerger des ruines des politiques anti-covid menées par ceux qui détiennent les leviers du pouvoir?

A voir comment les choses se sont passées et comment elles se passent encore, leur vision de l’homme est celle de la modernité, sans faille : l’homme est un individu, le virus affecte les individus, les politiques anti-virus visent les individus et sont mises en œuvre par un autre Grand Individu, l’Etat. C’est un individu sans lien qui, seul, se trouve face à la machine du système de santé qui, comme beaucoup l’ont dit, de Foucault à Illich en passant par Jünger, est avant tout une machine politique et seulement accessoirement une machine sanitaire.

L’idée de base est que l’individu doit dépendre de la machine sanitaire pour pouvoir dépendre de la machine politique. L’individu est considéré comme n’ayant aucune ressource, comme une pure unité numérique nue devant la Grande Machine dirigée par le ministre de la Santé. Il n’a aucune ressource, il doit être guidé, il n’a aucune information sur la contagion, les experts doivent la lui donner, il ne sait pas où aller, il faut envoyer une ambulance et l’envoyer à l’hôpital, c’est-à-dire à l’intérieur de la Grande machine. Il ne faut pas le vacciner pour activer ses anticorps naturels, il faut le vacciner en permanence, pour qu’il dépende de la vaccination.

Qu’il s’agit de la vision de l’homme en tant qu’individu non lié, on peut aussi le comprendre par le fait que les relations qui l’entourent ont été éliminées pour des raisons hygiéniques mais surtout pour des raisons politiques. Le médecin généraliste ne peut pas être consulté, les membres de la famille sont des ennemis potentiels, le traitement à domicile ne peut pas être effectué parce qu’il n’y a pas de protocoles, la famille a été pénalisée et si une petite aide économique a été accordée, c’est uniquement parce que les mères ne pouvaient pas travailler à cause du confinement et non pour la famille en tant que telle: une compensation pour les travailleurs individuels et non une aide pour la famille. La vision est donc celle d’un individu-masse, anonyme et égal à tous les autres. Les confinements et les limitations étaient et sont valables pour tous, que l’on vive dans une ville de 3 millions d’habitants ou dans un village de campagne de 800 âmes. Les écoles ont été fermées aussi bien dans le centre de Milan, où les gens se rendent à l’école entassés dans les transports publics, qu’à Alonte, une petite ville de la province de Vicenza, où les gens se rendent à l’école à pied, seuls ou accompagnés de leur mère. Les politiques anti-Covid ont supposé un homme-masse désincarné et à désincarner.

Un homme, donc, vu comme un appendice passif du système, comme individu et comme homme-masse. Et en plus, comme un homme malléable. Dépourvu de nature propre et indiscutablement humaine, mais malléable, plastique, potentiellement changeant comme la matière en évolution. Toutes ses habitudes ont été mises de côté, considérées seulement comme des habitudes modifiables à volonté. Parmi elles, certaines n’étaient pas de simples habitudes, mais avaient trait à la vie humaine, à la vraie vie. Sanctifier les fêtes, visiter les parents et les amis malades, faire des œuvres de charité en présence des autres et non à distance, envoyer les enfants à l’école… ce ne sont pas des habitudes interchangeables. Ils veulent que nous changions notre façon de travailler et d’apprendre, de pleurer les morts et de prier, de nous souvenir de notre passé et de nous marier. « Rien ne sera plus comme avant » est le slogan de la re-création de l’homme nouveau.

La vision de l’homme modelable s’accompagne de celle de l’homme hétérodirigé, privé de conscience et de responsabilité parce que dangereuse pour la santé publique. Nous serons dotés de nombreux nouveaux « laissez-passer », tant sur papier qu’électroniques, et les « cartes vertes » avec lesquelles le pouvoir guidera nos pas se multiplieront. Nous devrons considérer comme vraies les recherches financées par Bill Gates et nous réjouir que le virologue Amici [ndt: Mario Amici, voir cet article de Riccardo Cascioli Covid at home] et le médecin Gulisano aient été exclus des journaux télévisés publics. Nous devrons agir comme dieu [minuscule!] l’ordonne, même s’il ordonne des choses absurdes. Nous ferons en sorte que la vérité coïncide avec les données institutionnelles. Nous devrons faire attention à ce que nous disons et en présence de qui.

Enfin, la question la plus importante. L’anthropologie de ceux qui gèrent les politiques anti-covid est celle d’un homme athée : un individu solitaire, malléable et hétérodirigé précisément parce qu’il est athée. Surtout, il est craintif et effrayé parce qu’il est athée. Avec Lourdes et les sanctuaires dédiés à Notre-Dame du Salut fermés, les prêtres célébrant avec des masques et des désinfectants pour les mains, les volontaires des carabiniers dans les allées, peu d’espaces ont été réservés à l’esprit et les rites religieux ont été remplacés par des rites sanitaires.

L’homme est un individu sans rapport, terminal passif du système, modelable par le pouvoir, homme-masse hétérodirigé, bloqué par la peur induite, salutairement athée. Toutes choses déjà dites par Thomas Hobbes [philosophe anglais, 1588-1679, auteur de « Léviathan »], le père (désespéré) de la politique moderne.

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