Marco Tosatti prête son blog à un ami (Investigatore biblico) qui donne une interprétation intéressante du «schisme» sur le point de se consommer en Allemagne autour de la bénédiction annoncée des couples gays. En gros, «cherchez l’argent». Il y a sans doute du vrai, mais l’auteur semble dédouaner le lobby gay qui jouerait selon lui dans cette affaire, contre son gré, le rôle de «chair à canon» et se trouverait instrumentalisé à son insu dans une polémique qui lui est étrangère. C’est oublier un peu vite l’influence formidable dudit lobby dans les cercles qui comptent – médias et pouvoir… à moins que, là aussi, ils ne soient les idiots utiles de service.
Eglise allemande, schisme gay: si le pape n’agit pas, ce sera le chaos partout
Marco Tosatti
26 avril 2021
Ma traduction
Le titre que j’ai choisi pourrait suggérer que je me réjouis de ce dont je vais traiter dans ces lignes. C’est exactement le contraire.
Commençons par les faits. Le 22 février 2021, la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié un décret interdisant aux prêtres de bénir les couples homosexuels. Après des années de brouillard sur ce sujet, il était nécessaire de mettre par écrit la position doctrinale sur la question, à la lumière du chaos et des initiatives libres qui ont eu lieu dans le monde entier.
Comme vous avez pu le lire, depuis des années, dans les blogs concernés, l’Église catholique allemande a toujours eu une position plutôt révolutionnaire à cet égard, remettant en cause le catéchisme lui-même. Nous sommes donc arrivés à un moment décisif, où tous les nœuds sont sur le point de se défaire.
Un nombre approximatif de 2500 prêtres et diacres allemands, auxquels s’ajoutent de nombreux autres, ont décidé de se rebeller contre le décret de la Congrégation, en accomplissant un acte symbolique de protestation : bénir tous les couples amoureux, y compris bien sûr les couples homosexuels, le 10 mai 2021.
Un petit éclaircissement sur ce décret s’impose, après les habituelles broutilles journalistique, les sempiternelles conjectures et suppositions, qui sèment ponctuellement la confusion dans les esprits peu versés dans les questions doctrinales. Restons-en aux faits en ce qui concerne la position du Souverain Pontife.
Le Responsum avait le placet du Pape François avant sa publication. C’est un fait. La spéculation sur son changement d’avis lors d’un discours d’Angélus.
Revenons au cœur du problème: le danger d’un schisme de l’Église catholique en Allemagne.
En attendant, posons quelques questions: d’où vient ce danger? Du prétendu « Lobby gay »? Absolument pas.
Bien qu’il soit archi-connu qu’il existe des lobbies gays au Vatican, c’est tout autre chose qui pèse bien davantage sur le schisme allemand.
La Parole de Dieu, et l’histoire, nous enseignent que « l’argent est la racine de tous les maux » (1 Timothée 6). Il suffit de jeter un coup d’œil sur les schismes passés pour voir que les questions doctrinales étaient surtout des excuses mues par des intentions différentes. Un exemple en est le schisme d’Orient: pensez-vous qu’il s’est produit uniquement et exclusivement à cause de la question du Filioque? Pure fiction. Le schisme était en fait une question de pouvoir pour se rendre indépendant de Rome, sous couvert d’une question théologique.
Le schisme protestant? Juste une question d’indulgences? Curieux de croire que c’était le seul motif. Une grande partie de l’Église allemande voulait l’autonomie par rapport à Rome. Le motif ? Le pouvoir et l’argent.
Aujourd’hui encore, la lecture de Saint Paul sur l’argent trouve un écho.
Je voudrais souligner un aspect fiscal qui, je l’avoue, m’a surpris, mais m’a fait beaucoup réfléchir sur les motifs réels et supposés de ce schisme potentiel.
En Allemagne, il existe une taxe pour l’Église (Kirchensteuer), déduite du salaire sur autorisation de la personne concernée. Grâce à cette taxe, en substance, les fidèles ont accès aux sacrements et peuvent les recevoir. Si un individu ne paie pas cette taxe, il se voit refuser non seulement les sacrements, mais aussi les funérailles, par exemple.
Voilà les fruits de l’Église allemande, l’une des plus riches de toute l’Europe et du monde. Un curé allemand, reçoit en moyenne 2500 € par mois de salaire. Ce ne sont pas des bobards. Sans compter les remboursements de frais de voyage et de dépenses. Nous pouvons arriver sereinement à un montant de 3000 € par mois.
Un curé italien ayant des dizaines d’années de service peut toucher 1200 € par mois [ndt: en France, hors Alsace-Lorraine, où en fonction de son ancienneté, il touche entre 1200€ et 2200€, un prêtre touche environ 950 € mais est logé à titre gracieux et reçoit une indemnité supplémentaire de déplacement]. Cela pour souligner la différence.
Revenons à l’Église allemande qui, au cours des dernières décennies, a connu une baisse significative de ses « membres », avec une baisse subséquente de ses revenus. Le binôme moins d’inscrits-moins de revenus est compréhensible avec un exemple très simple.
Prenons le cas d’un homme divorcé qui a contracté un second mariage civil et qui, selon la coutume de la Sainte Église romaine, n’a pas accès aux sacrements. Quel sens cela a-t-il pour cet homme de payer la taxe mentionnée?
Prenons un deuxième exemple. Un couple homosexuel demande à être officiellement béni par un prêtre, lors d’une occasion publique, pour montrer que Dieu bénit leur union. Si la réponse de l’Église est négative, les deux paieront-ils cette taxe ?
Je pense que l’on peut logiquement comprendre la raison de cette forte baisse des « membres » et de la courbe descendante des revenus qui en résulte.
Que fait l’Église allemande pour remédier à cette situation? Elle déplace des forces, des personnes, des idées, elle insiste, décrète des synodes, pour faire en sorte qu’on puisse permettre, sans aucune condition, la communion aux divorcés remariés, la bénédiction des couples homosexuels, etc. Le motif ou l’intention sont-ils vraiment de soutenir ceux qui se sentent « marginalisés » par l’Église? Ou s’agirait-il de compenser des pertes financières ?
Pardonnez-moi mais j’ai grandi avec un enseignement dès mon plus jeune âge : l’église est Mère. Si vous n’aimez pas la Mère, vos actions d’amour sont une imposture. Si vous produisez la rébellion et la division, quel sorte d’amour préconisez-vous ?
Je ne les connais pas un par un, mais en gros, je soupçonne que ce groupe substantiel d’évêques, de prêtres, de diacres, n’a pas vraiment à cœur le salut des brebis que le bon Dieu leur a confiées. Ils agissent comme des mercenaires. Je vois un grand intérêt pour leurs portefeuilles. Récitons ensemble les paroles de Jésus sur la croix : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Ou alors, ils le savent?
Mais que se passera-t-il ensuite? Je veux émettre des hypothèses sur des scénarios basés sur les faits.
Le 10 mai, ces 2500 ministres rebelles béniront des couples homosexuels, agissant en désobéissance à un décret de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Que va faire le Souverain Pontife ?
Premier cas. Rien. Et c’est un scénario probable. Cela aura un effet d’entraînement. N’importe qui, de n’importe quel état, diacre, prêtre ou évêque, se sentira habilité à accomplir les mêmes rites. Et la confusion va continuer à s’accroître. Dans ce cas, nous ne parlerons pas de schisme, mais pire, d’une trahison globale de l’Église envers Notre Seigneur. Essayez de visualiser quelle immense confusion, quel dommage spirituel pour les âmes.
Deuxième cas. Le pape Bergoglio décide d’intervenir et de suspendre tous ces ministres, les réduisant à l’état laïc. Bienvenue dans le schisme allemand. Ne voulant pas se soumettre à la sainte obéissance, prêchée par les saints, l’ensemble de l’Église allemande décidera d’agir de son propre chef, faisant du schisme une réalité.
En faisant le point sur la situation, je penche pour le deuxième cas, même s’il est douloureux, nuisible et chaotique. Mais toujours moins dommageable que le premier cas, où règnerait un silence complice.
L’Évangile, du reste, est Un. La Vérité est Une, Jésus-Christ, et il n’y a pas d’échappatoire. Il existe de nombreux épisodes historiques dans lesquels les forces en présence ont tenté de faire plier le bois. Ils n’ont pas réussi et ils ne réussiront pas non plus cette fois-ci. Malheureusement, on observera de nombreuses âmes choisissant la voie large, la voie confortable, en trahissant la vérité de l’Évangile et des Enseignements que l’Église a transmis depuis des siècles. A chacun son choix.
A ce stade, je constate d’ailleurs une grande exploitation d’une catégorie de personnes, les homosexuels, utilisés de manière flagrante pour l’argent.
Suis-je le seul à le remarquer ? Veut-on vraiment croire que les couples homosexuels, grâce à ces prises de position sensationnalistes, bénéficieront réellement d’un accompagnement spirituel adapté à leur situation? Ou de ministres « ecclésiastiques » à qui se référer?
Que celui qui a des oreilles entende. Malheureusement, ils reflèteront une condition amère: celle d’être séduits et abandonné.
La maternité de l’Église envers les gays ne se manifeste pas de cette manière « éclatante », journalistique et télévisuelle. Elle se manifeste, au contraire, dans la vie quotidienne, dans l’affection, dans l’accueil, dans la direction spirituelle régulière. Beaucoup de bons prêtres agissent de cette manière. Et surtout avec discrétion, une attitude qui semble avoir abandonné l’esprit de nombreux ecclésiastiques. Il n’y a pas besoin de gestes sensationnels visant à exploiter l’écho des médias et les réactions violentes. Ce qu’il faut, c’est le silence.
Ici, vous pouvez voir comment la mode de la clameur a envahi les nouvelles générations de diacres, de prêtres et d’évêques. Ainsi soit-il. Qu’y pouvons-nous? Les conséquences, cependant, seront dévastatrices.
Bien que je sois partisan du deuxième cas, j’ai une grande, immense, dévastatrice terreur que ce soit le premier cas qui se produise. C’est-à-dire qu’il n’y ait pas de prise de position de la hiérarchie, entraînant un mal incurable au milieu d’un scénario glaçant. Allons-nous assister à une nouvelle échappatoire des renards du Vatican? « Ils ferment la porte, et nous ouvrons la fenêtre » [dit le proverbe]? Pour entrer où? Dans l’abîme. Sans présent et sans futur.
Sans Jésus-Christ, on ne va nulle part.
Mots Clés : Schisme allemand