Après celle diligentée au Culte divin, interprétée par les observateurs comme une « gifle » au titulaire sortant, le cardinal Sarah, voilà que le Pape en ordonne une pour la Congrégation pour le Clergé, dont le titulaire depuis 2013, également sur le départ, le cardinal Beniamino Stella (80 ans révolus) était pourtant l’un des hommes-clés du pontificat. Des décisions qui s’insèrent (peut-être) dans le cadre d’une mise au pas de l’ensemble de la Curie et qui font planer un air tout sauf serein dans le gouvernement de l’Eglise. Telle est la « méthode Bergoglio ». A suivre.

Après la Congrégation pour le culte divin, la Congrégation pour le clergé est elle aussi sur le point de recevoir une visite apostolique. C’est ce qu’a annoncé l’évêque responsable, Egidio Miragoli, de Mondovi, dans un mail adressé à ses prêtres :

« Je veux anticiper personnellement une nouvelle qui sera connue ce matin et qui m’implique » a écrit l’évêque Mgr Egidio Miragoli, dans un mail adressé à tous les prêtres du diocèse lundi matin 7 juin. « À l’occasion de la récente assemblée de la CEI, le pape François a voulu me rencontrer pour me demander une faveur : faire une visite, en son nom, à la Congrégation pour le clergé. Le 3 juin, lors d’une rencontre à Sainte Marthe, il a précisé ses attentes. Inutile de dire que la demande m’a pris par surprise et, naturellement, j’ai offert ma disponibilité. Cet engagement, qui implique surtout la rencontre à Rome avec le personnel de la Congrégation, demandera un peu de temps que je ne peux pas quantifier maintenant, mais il occupera vraisemblablement au moins le mois de juin, même si ce ne sera pas de façon continue. Les premières réunions commenceront dès mercredi ».
« Avec cette lettre, j’ai toutefois voulu vous rassurer », conclut Mgr Egidio Miragoli après la décision du pape François « sur les engagements à l’ordre du jour (à commencer par le calendrier des confirmations) qui resteront inchangés. Pour le reste, je vous demande un peu de patience et de compréhension, dans la certitude que nous saurons harmoniser les besoins communs et poursuivre notre chemin comme prévu ».

On ne sait pas quelles sont les attentes du Pontife régnant qui, pour la deuxième fois, fait ce geste – certainement inhabituel – d’envoyer un visiteur apostolique dans un ministère romain. Selon certains au Vatican, le Souverain Pontife souhaiterait en fait instituer une visite apostolique à chaque Congrégation comme une pratique au moment où son titulaire change.

La Congrégation pour le culte divin était dirigée par le cardinal Sarah ; certes sur une ligne bien précise, et apparemment différente sur de nombreux points de celle du Pape Bergoglio. Ainsi, même s’il ne manquait pas – Roche, Maggioni – de porte-drapeaux de sensibilité opposée à Sarah, la visite apostolique pouvait être interprétée comme une gifle au cardinal sortant.

Mais au Clergé, depuis septembre 2013 – quelques mois après son élection – il y a le cardinal Beniamino Stella, qui a mené une opération radicale de purge du Clergé de toute personne suspectée de sympathie envers la tradition, de fidélité à la gestion précédente, celle du cardinal Mauro Piacenza, transféré à la Pénitencerie. Stella aura 80 ans en août ; en fait, il aurait dû partir il y a cinq ans, mais il a été l’un des hommes clés du règne de Bergoglio, son Laurenti Beria [1899-1953, bras droit de Staline, ndt], selon certains ; ce n’est pas par hasard qu’il a été inclus dans toutes les congrégations les plus importantes et, en raison de sa position, il pourrait avoir une foule d’informations à offrir au Pontife. Qu’est-ce que le pape Bergoglio pourrait bien vouloir savoir du bon Mgr Miragoli, dont il n’était pas déjà au courant ? Peut-être peut-on chercher une réponse dans le cursus de Mgr Miragoli, professeur de droit canonique, et depuis 2019 membre du Collège pour l’examen des recours en matière de Delicta reservata, établi auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Delicta Reservata, ou Delicta Graviora concernent les crimes commis contre la foi, la morale et la célébration des sacrements.

L’annonce de la Visite laisse penser que la démission de l’actuel préfet, le cardinal Stella, qui, comme nous l’avons dit, aura quatre-vingts ans en août. Et peut-être, comme dans le cas de la Congrégation pour le culte divin, cette consultation se veut-elle préparatoire à la nomination du successeur de Stella. C’est pourquoi certains sites mentionnent également le nom de la carte. Osoro, de Madrid, un homme de confiance du Pontife.

Share This