Pourquoi cette fascination pour le mal? s’interroge Americo Mascarucci sur le blog de Marco Tosatti, à propos de l’arrivée à Rome de la célèbre sculpture de Rodin prêtée par la France pour marquer le 700ème anniversaire de la mort du grand poète italien Dante Alighieri. Pourquoi célébrer l’enfer, et pas le Paradis ou le Purgatoire, pourtant eux aussi décrits par Dante? Cette fascination morbide illustre la dérive d’un monde sans Dieu, confirmant l’analyse de Mgr Vigano, qui affirme que « Satan est partout, y compris dans l’Eglise, et personne ne s’oppose à sa domination »… même pas le pape.

Détail de La porte de l’enfer, de Rodin
Le penseur

La porte de l’enfer et les avertissements de Viganò

Ces derniers jours, on a beaucoup parlé de l’arrivée à Rome de la célèbre Porte de l’Enfer qui fera partie intégrante d’une exposition consacrée à l’Enfer, prévue aux Ecuries du Quirinal du 15 octobre 2021 au 9 janvier 2022. Cette initiative est un hommage au grand poète Dante Alighieri, 700 ans après sa mort, dans le but de reproduire, à travers l’art, les suggestions et la chorégraphie, les cercles de l’enfer décrits dans la Divine Comédie et que de nombreux artistes ont représentés dans leurs œuvres au cours des siècles. Très bien, mais pourquoi seulement l’enfer ? Pourquoi pas aussi le Purgatoire et le Paradis ?

Diverses théories sont avancées, à mi-chemin entre complotisme politique et ésotérisme. Cependant, il y a sans aucun doute une mode qui saute immédiatement aux yeux, celle d’exalter la transgression, le blasphème, tout ce qui est démoniaque, renversant presque le concept chrétien de salut et invitant à la perdition ; l’enfer étant même présenté comme une destination convoitée qui, contrairement au Paradis, n’exige pas de sacrifices ou de valeurs éthiques et morales à suivre, mais qui est au contraire facile à atteindre, s’adaptant parfaitement à la modernité, à ses styles, à ses dogmes laïcistes, à la pensée unique qui vise à guider le monde. Il fut un temps où « Inferno » était le nom le plus populaire pour désigner une discothèque ou, en tout cas, un endroit où les jeunes pouvaient se défoncer. Mais aujourd’hui, dans un monde où les valeurs ont été bouleversées et où tout est permis, où les pulsions individualistes sont protégées par la loi, l’enfer est devenu à tous points de vue le symbole de la contemporanéité, au point même d’être célébré par une exposition solennelle dans les palais des institutions.

Il semble que nous soyons revenus à la Turin de l’époque de Cavour où, grâce aux politiques anticléricales du maçon Cavour, les magiciens et les occultistes ont afflué du monde entier au XIXe siècle, contribuant à la création du mythe de la Turin ésotérique et satanique, revisitant dans une clé magique les monuments et les symboles occultes se référant expressément à la figure de Lucifer élevée au rang de « prince de la lumière » en parfaite opposition à l’obscurantisme catholique. Avec pour résultat que des sectes sataniques et même de véritables « temples lucifériens » se sont formés à Turin au fil des ans. Au point qu’aujourd’hui Turin, avec Londres et San Francisco, constitue ce qu’on appelle le triangle de la magie noire. Certains disent qu’il s’agit de fake news, mais de nombreux spécialistes de la symbologie ont souligné que la capitale piémontaise est de fait imprégnée d’ésotérisme et fait l’objet d’une guerre constante entre le bien et le mal, le satanisme devenant presque un élément constitutif et incontournable de la ville.

Mais même à Rome, dans la ville éternelle, berceau du christianisme où les premiers chrétiens ont payé de leur sang le témoignage de leur foi, les provocations n’ont pas manqué. Comme quand, après l’unification de l’Italie, il a été décidé d’ériger une statue au Campo de’ Fiori à Giordano Bruno, que la franc-maçonnerie avait élevé au rang de martyr, nettoyant ainsi l’image trouble du philosophe de Nola [ndt: curieusement, le Pape a évoqué l’épisode, porté bien entendu au débit des catholiques, lors de sa dernière conférence de presse en vol]. Cela a transformé un personnage obscur, banni de tous les pays européens où il vivait et où il était le protagoniste de comportements répréhensibles (dénonciations, plagiat, calomnie, diffamation) en un martyr de la libre pensée. Et si l’on considère que Bruno a pratiqué la magie noire de son vivant et qu’il a publié des essais à fort contenu ésotérique dans lesquels il prônait même la fin du christianisme et le retour à l’ancienne religion égyptienne, il va de soi qu’un monument à la mémoire d’un tel personnage (sans vouloir justifier son exécution) ne pouvait que revêtir un sens clairement satanique. Il était prévu que le philosophe soit représenté vêtu d’un habit dominicain (qu’il enlevait et remettait à sa guise) et le doigt pointé vers saint Pierre en signe de condamnation de l’Église. Mais cette provocation a été jugée trop offensante pour les catholiques et on a préféré le représenter dans une pose plus sobre.

Il est surprenant que l’exposition sur l’enfer se tienne au Quirinal [résidence du président de la république, actuellement Sergio Mattarella, ndt], qui plus est à un moment où un président catholique issu de la Démocratie chrétienne dirige l’État. Et que la somptueuse Porte de Rodin arrive de Paris, grâce à un président, Macron, qui est entré au palais de l’Élysée au son de l’Hymne à la joie maçonnique et qui est photographié lors de sa première apparition publique en tant que président avec la pyramide de Mitterrand, également maçonnique, derrière lui. Certains ont interprété cela comme un message lié à l’élection du prochain président de la République, une sorte de « baptême maçonnique » pour le « frère » Mario Draghi de la part du frère maçon Macron, qui entendait ainsi lui montrer la porte à franchir.

Et du Vatican ? Rien, un silence absolu. Il est loin le temps où, lors de l’inauguration du monument à Giordano Bruno à Rome, le pape Léon XIII jeûnait une journée entière en signe de réparation, agenouillé devant la statue de Saint Pierre. Aujourd’hui, l’ésotérisme est même entré dans les palais sacrés, comme en témoigne la procession obscène de la Pachamama dans la basilique Saint-Pierre organisée à l’occasion du synode sur l’Amazonie, accompagnée de chants et de rituels païens et par des cardinaux et des évêques manifestement gênés de devoir participer à un rite macabre, béni par Bergoglio au nom de la fraternité universelle.

Mgr Carlo Maria Viganò a raison de dire que Satan est partout, même au sein de l’Église, et qu’il règne en maître, puisque personne ne semble s’opposer à sa domination. Et voulons-nous parler de Naples où sont placardées des affiches pleines de blasphèmes « artistiques » ? Un véritable festival de blasphèmes sponsorisé par le conseil municipal. Et savez-vous ce que le conseil municipal a répondu lorsqu’on lui a fait remarquer que les gens étaient offensés par ces affiches ? Écoutez la réponse de la conseillère municipale chargée de la culture, Annamaria Palmieri : « J’ai immédiatement activé le service de marketing pour entamer les contrôles. Ces affiches seront enlevées par nos services après les contrôles appropriés, comme c’est toujours le cas pour toutes les affiches illégales. Je tiens à préciser que le festival est très sélectif : on ne peut le regarder que si l’on a une conscience religieuse, et on ne peut y entrer que si l’on est majeur ». Vous comprenez ? L’exposition est interdite aux mineurs, comme si cela changeait la gravité de la question. Comme s’il pouvait être considéré comme normal d’organiser une exposition sur le blasphème. Après cela, tous prient San Gennaro pour qu’il fasse un miracle.

En attendant, nous sommes attaqués par l’ennemi, le prince des ténèbres qui séduit le monde et qui a maintenant conformé la société à l’idéologie satanique du globalisme planétaire, des doctrines LGBT, des lois contre la vie humaine.

Et paradoxalement, alors que le diable est même célébré par des expositions et des festivals, il y en a qui, dans l’Église, nient son existence, comme l’a fait récemment le prévôt de la Compagnie de Jésus, Arturo Sosa Abascal, le réduisant à un symbolisme pur et simple. C’est vrai, les Jésuites, qui se sont retrouvés au centre d’enquêtes embarrassantes pour les riches donations reçues par l’Open Society de George Soros, sont les premiers à favoriser le récit contraire au danger de la damnation éternelle, n’exaltant pas ouvertement Satan (ce serait trop) mais se limitant à réduire son danger, encourageant les gens à ne pas avoir peur de quelque chose qui n’existe pas dans la réalité. Et si l’on n’a pas peur du diable et de l’enfer, il n’y a plus de règles comportementales et morales, tous les comportements sont permis, de l’avortement (instrument destiné par le nouvel ordre mondial à contrôler les naissances) à l’homosexualité, en passant par l’euthanasie (l’élimination physique des malades inutiles et improductifs qui risquent de peser sur le budget de l’État). Et peu importe que le pape François s’exprime de temps en temps contre l’avortement et l’euthanasie juste pour apaiser les catholiques traditionalistes, alors que son agenda est parfaitement superposable à celui des seigneurs du mondialisme (immigration, écologie intégrale, multiculturalisme, santé, vaccins).

Ce n’est peut-être qu’une coïncidence, mais comment ne pas entendre l’alarme de Mgr Viganò au moment même où le monde est désormais l’otage de politiques sataniques de plus en plus dirigées contre la personne humaine et la famille naturelle, et vers l’instauration complète d’un nouvel ordre mondial maçonnique qui vise à la domination absolue de la finance et du gouvernement universel par les grands lobbies mondialistes ? Et si ce dessein était auparavant caché, il se manifeste aujourd’hui clairement à travers l’ostentation d’un symbolisme satanique, visant à mettre en évidence qui est le véritable metteur en scène de tout cela et le sublime inspirateur des politiques mondialistes.

Americo Mascarucci

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