Alors que chez nos voisins transalpins les médecins qui refusaient de se faire vacciner étaient traités plus bas que terre par leurs confrères, sanctionnés et même suspendus de l’exercice de la médecine, le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’accueillir des médecins ukrainiens (qui seraient bien plus utiles dans leur pays, mais c’est une autre question), en enfreignant toutes les règles communautaires pour leur faciliter l’intégration dans le corps médical italien. Le Dr Gulisano témoigne son écœurement.

Hôpital à Marioupol, 1er mars 2022

De sérieux avantages pour les médecins ukrainiens. Alors que les nôtres sont suspendus

Docteur Paolo Gulisano
24 mars 2022
https://lanuovabq.it/it/gravi-agevolazioni-per-i-medici-ucraini-mentre-i-nostri-sono-sospesi

De nombreux bons médecins qui ont travaillé dur pour soigner les malades ont été accusés de désertion pour ne pas avoir rejoint les rangs des vaccinés. Une blessure amère devenue ensuite motif de suspension. Mais maintenant, ils vont être remplacés par des médecins ukrainiens qui sont arrivés ces derniers jours et ont laissé leurs patients dans la guerre. Mais ce qui est plus grave, c’est qu’ils travailleront dans le service de santé italien en dérogation aux règles de l’UE régissant le recrutement. Et personne de l’Ordre n’a rien eu à dire à ce sujet jusqu’à présent.

Ces deux dernières années ont été marquées par une utilisation exceptionnelle du langage belliqueux dans le contexte de la communication concernant la pandémie. Nous avons entendu parler de la guerre au Covid, de médecins sur le front, dans les tranchées, et même de « tombés » au lieu de morts. Parmi les expressions guerrières les plus vulgaires et les plus offensantes utilisées par les médias dans leur travail de propagande, il y avait celle de « réfractaires » pour les personnes qui avaient décidé de ne pas se soumettre à la vaccination anti-Covid, et même de  » déserteurs  » si les sceptiques de l’inoculation étaient des médecins.

Et ces termes offensants étaient utilisés avant tout par les « collègues », c’est-à-dire les virologues de salon télévisuels, les Bassetti, Pregliasco et Cie. Le mot « déserteur » était destiné à frapper avec une malveillance sans précédent les collègues qui n’étaient pas alignés, à les désigner au mépris public. Car dans une guerre, qui est plus méprisable qu’un soldat qui fuit le champ de bataille ? En réalité, la totalité des médecins non vaccinés avaient été tout au long de l’urgence avec les patients, les malades, les examinant et les soignant. En fait, le problème de l’épidémie a été le phénomène, pour utiliser un autre terme militaire, des planqués, c’est-à-dire les professionnels qui étaient introuvables au téléphone, dans la clinique ou ailleurs. Mais ils obéissaient aux directives ministérielles.

Pour beaucoup de bons médecins, honnêtes et droits, qui ont fait de leur mieux pour soigner les malades, cette accusation de désertion, arrivée seulement pour ne pas avoir rejoint les rangs des vaccinés, pour ne pas être devenu un numéro de l’immunité de troupeau, a été une blessure amère, rendue encore plus douloureuse par le fait que l’absence d’inoculation est devenue ensuite un motif de suspension. Ils n’étaient plus en mesure de travailler, de soigner les malades. Il ne s’agit donc pas de déserteurs : ils ont été retirés du « champ de bataille » de manière irresponsable.

Mais aujourd’hui, ils vont être remplacés. Ils seront remplacés par des médecins ukrainiens qui sont arrivés dans notre pays ces derniers jours. Les soi-disant « déserteurs » sont remplacés par des médecins qui ont abandonné leur pays et leurs patients. Bien sûr, ce sont des choix personnels, à évaluer individuellement, mais ces centaines de médecins qui ont fui l’Ukraine n’auraient-ils pas pu être plus utiles dans leur propre pays, avec tant de blessés à soigner, des hôpitaux détruits et un système de santé en crise ? Qui s’occupera des personnes dans le besoin qu’ils ont laissées derrière eux pour venir en Italie, accueillis à bras ouverts par le ministre [de la santé] Speranza ?

À propos de Speranza : le ministre a annoncé que le personnel de santé ukrainien sera intégré dans le service de santé italien en dérogation à la réglementation européenne en matière de recrutement : formation obligatoire, certification des qualifications, durée légale des études, etc. Il s’agit d’une mesure extrêmement grave. Et jusqu’à présent, aucun responsable du service sanitaire italien n’a eu son mot à dire, au mépris des millions d’euros dépensés au fil des ans pour transposer les règles communautaires sur lesquelles reposent l’accréditation, la qualité et la gestion des risques, qui ont été jetées à la poubelle par un (énième) décret irresponsable dans le cadre d’un nouvel état d’urgence, au mépris des règles communautaires.

Les dirigeants n’ont pas soufflé mot, mais pas davantage les syndicats et les associations professionnelles qui, au cours des deux dernières années, ont assisté au massacre professionnel de tant de leurs membres méritants sans sourciller, collaborant même activement au « nettoyage ethnique » des non-alignés. Nous avons délibérément utilisé dans ces lignes le même langage belliqueux que les grands médias, qui s’est transformé aujourd’hui en un langage de paci-finti [ndt: association-contraction des mots pacifisti et finti – feints] qui cache à peine la même et identique méchanceté et intolérance manifestée ces deux dernières années.

Nous ne voulons pas nous ajouter à ce chœur bruyant, et nous voulons aussi essayer de comprendre pourquoi tant de médecins ukrainiens ont abandonné leurs patients à un triste sort. Cependant, si nous ne voulons pas, à juste titre, définir ces professionnels comme des déserteurs, il est urgent de procéder à une réhabilitation pleine et entière des collègues italiens qui ont dû subir un véritable lynchage moral. Si nous voulons employer des médecins ukrainiens, annulons dans le même temps les suspensions des médecins non vaccinés, qui étaient de véritables sanctions à l’encontre des patients ainsi que des professionnels eux-mêmes. Réhabilitons-les et donnons-leur l’honneur qu’ils méritent.

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