Recevant des représentants des Métis et autres autochtones canadiens (dont la soi-disant maltraitance dans des établissement gérés par des catholiques aurait fait des milliers de victimes, au début du siècle dernier), le Pape François a fait un nouveau mea culpa. Mais un historien canadien éminent a fait litière de ce énième scandale dont les médias ont fait leur miel pour traîner une fois de plus l’Eglise au banc des accusés (malheureusement, le mal est fait dans l’opinion, et c’est ce qui compte). Les explications de Giuseppe Nardi.

Le pape pleure avec les autochtones canadiens pour une tragédie qui n’a jamais eu lieu

VÉRITÉ HISTORIQUE, PAS « ATTITUDE WOKE« 

katholisches.info/2022/03/29/papst-trauert-mit-kanadischen-ureinwohnern-wegen-einer-tragoedie-die-nie-stattgefunden-hat/

Giuseppe Narci
29 mars 2022

Le pape François avec des représentants des Métis canadiens qu’il a reçus en audience hier, soutenant une légende noire plutôt que de la dissiper.

(Rome) Le pape François a reçu hier, lors de deux audiences successives, des représentants du Métis National Council et des membres du peuple inuit. Les deux groupes étaient venus du Canada.

Le Métis National Council a été créé après la modification de la Constitution canadienne de 1982 en tant qu’organisation faîtière [organisation-cadre, association de tutelle ou organisation parapluie, c’est une association d’institutions, qui travaillent ensemble pour coordonner leurs activités ou les représenter, wikipedia] pour la représentation des intérêts d’un groupe de population qui se considère comme une ethnie à part entière et qui est désormais reconnu comme tel. Il s’agit des descendants des unions que les Européens ont contractées avec des Amérindiennes entre le 17e et le 19e siècle. Le terme « métis » vient du français et désigne les métis [Mischlinge, en allemand]. Lors du recensement de 2016, 587000 Canadiens se sont déclarés métis, ce qui représente 1,7 % de la population.

Les Inuits, quant à eux, font partie des Esquimaux et sont les premiers habitants des régions arctiques du Canada. Leur nombre a été évalué à 65000 en 2016.

Outre les Indiens (appelés Premières Nations) et les Inuits, l’État canadien compte également les Métis parmi les « autochtones » du Canada.

Fosses communes et terribles conjectures

Lors de ces rencontres, le pape François a déploré une « tragédie » découverte en mai 2021, qui avait donné lieu à des reportages indignés, y compris dans les médias européens, et à des incendies criminels dans une douzaine d’églises au Canada. Déjà lors de l’Angélus du 6 juin 2021, François avait fait part au monde entier de sa consternation face à la nouvelle dramatique de la découverte, quelques semaines auparavant, d’une fosse commune contenant les restes de 200 enfants d’autochtones canadiens à la Kamloops Indian Residential School, une ancienne école avec internat, au Canada. Peu après, d’autres fosses communes ont été découvertes dans d’autres anciennes écoles indiennes. Les suppositions concernant les atrocités commises par des représentants de l’Église catholique sur des enfants indiens se sont multipliées. Elles affirmaient que des enfants autochtones avaient été tués lors de crimes brutaux et enterrés quelque part.

Cette découverte macabre avait été brandie comme un symbole du passé cruel du pays, où, des années 1880 à la seconde moitié du XXe siècle, des institutions financées par l’État et gérées pour la plupart par des organisations chrétiennes ont tenté d’éduquer, de convertir et d’assimiler les enfants autochtones à la société canadienne à travers des abus systématiques. La Kamloops Indian Residential School était le plus grand établissement de ce type.

La hiérarchie ecclésiastique a généralement réagi comme à son habitude : les affirmations du mainstream ont été acceptées comme allant de soi et des excuses ont été servilement prononcées pour des accusations qui n’étaient nullement prouvées. La conférence épiscopale canadienne a invité le pape François à se rendre au Canada afin d’aider à la « réconciliation » avec les autochtones. Le pape a promis cette visite l’automne dernier.

La Kamloops Indian Residential School , qui a fonctionné de 1893 à 1977 dans le cadre du système public d’écoles résidentielles indiennes canadiennes et qui a été gérée par un ordre catholique jusqu’en 1969.

Un récit de réconciliation et de pardon – avec un point sombre

Lorsque les représentants des Métis et des Inuits ont quitté le Palais apostolique hier, ils ont rencontré des représentants de la presse internationale devant la place Saint-Pierre. Cassidy Caron, des Métis, a lu une déclaration faisant état d’un « nombre incalculable de personnes » qui « nous ont quittés sans que leur vérité ne soit entendue ou leur douleur reconnue ». Celles-ci n’ont jamais bénéficié de l’humanité fondamentale et du soin qu’elles méritaient. « La reconnaissance, les excuses, étaient attendues depuis longtemps, mais il n’est jamais trop tard pour faire ce qui est juste », a déclaré Caron. François ne se rend alors pas encore au Canada, mais les audiences ont servi de substitut.

Une histoire émouvante de réconciliation et de pardon a été racontée aux journalistes, mais elle présente un point sombre. Le hic, en effet, c’est que la « découverte macabre », comme on l’a prétendu, n’a jamais eu lieu. Il n’y a pas de « fosse commune ». Ce qui a été « découvert », c’est le cimetière près de la Kamloops Indian Residential School, d’où est partie l’action de diffamation contre l’Eglise catholique. Les faits ont depuis été traités et publiés par l’historien Jacques Rouillard [historien canadien, professeur à l’université de Montréal].

En d’autres termes, c’est le traitement des autochtones voulu à l’époque par l’État qui est aujourd’hui critiqué. Dans les années 20 en particulier, le gouvernement a donné l’ordre aux écoles d’empêcher autant que possible les enfants d’avoir des contacts avec leur famille. Au cours des dernières décennies, il a été question d’un « génocide culturel » perpétré à l’époque par le réseau d’écoles indiennes mis en place par l’État. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. L’année dernière, on a affirmé qu’il s’agissait d’un véritable génocide. Mais tout est faux dans le récit d’un « passé cruel » avec tortures et meurtres. On peut certes lire cette histoire de prédateurs dans l’édition allemande de Wikipedia, où il est dit que les enfants ont été « enterrés » quelque part. Mais cela prouve seulement que l’édition allemande de Wikipedia ne semble pas toujours prendre la vérité très au sérieux lorsqu’il s’agit de montrer une « attitude » woke.

A l’époque, la campagne de diffamation a été reprise avec empressement par de nombreux médias et l’ineffable Premier ministre canadien Justin Trudeau a demandé au pape François de présenter des excuses aux autochtones du Canada.

Le récit s’appuyait sur des enquêtes menées à l’aide de « rayons radar » qui, comme on l’a appris plus tard, ont pris des pièces métalliques, des racines et des pierres pour des « morceaux de corps » et ont fait passer des cimetières ordinaires pour des « fosses communes ». De plus, à partir d’un cas mal interprété dans l’Ouest canadien, on a déduit et extrapolé à toutes les écoles de ce type existant à l’époque au Canada, si bien que l’on est arrivé en un tour de main à un nombre de victimes allant jusqu’à 4000.

Jacques Rouillard a examiné les archives disponibles sur la Kamloops Indian Residential School, comme on pouvait s’y attendre. Il a ainsi pu démontrer que 51 enfants étaient décédés entre 1915 et 1964. Pour 35 d’entre eux, il existe encore des documents prouvant qu’ils sont morts de maladies ou d’accidents. L’historien en conclut que « les histoires et les émotions imaginaires » avaient manifestement pris le dessus sur le désir de rechercher la vérité. Il en a résulté une histoire d’horreur.

On s’est beaucoup aventuré prématurément

Le Vatican et la Conférence épiscopale canadienne sont restés muets à ce sujet, car ils s’étaient finalement bien trop avancés. Prématurément, comme cela s’est avéré. Les recherches de Rouillard sont la raison pour laquelle le voyage du pape au Canada, qui avait été promis, a été annulé.
Il est d’autant plus regrettable que François ait exprimé hier une demande de pardon et des regrets pour un crime qui n’a jamais été commis. Pire encore : pour un prétendu crime qui a servi de prétexte pour étayer le récit de la « méchante » Eglise qui aurait fait cause commune avec des colons blancs assoiffés de sang. Toujours est-il qu’une douzaine d’églises ont été incendiées par des extrémistes.

Le pape François a tendance à vouloir gagner ses interlocuteurs respectifs à sa cause en signalant une complaisance particulière par des acquiescements. C’est peut-être d’une « politesse » de ce type que François a fait preuve hier. Mais cela peut faire de la casse, en renforçant des opinions et des positions erronées et en soutenant – comme hier – des légendes noires.

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