Alerte à la guerre bactériologique ou instrument de peur?

En septembre 2019, trois mois avant l’arrivée du Covid-19, la FDA, l’agence américaine des produits alimentaires et pharmaceutiques qui autorise les médicaments, a approuvé un vaccin contre la variole et le monkeypox. Pourquoi, en 2019, quarante ans après la disparition de la maladie, l’industrie pharmaceutique a-t-elle ressenti le besoin impérieux de développer une telle préparation, au lieu de consacrer ses efforts à des maladies moins virtuelles?

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Dr Paolo Gulisano

La variole du singe, l’étrange alarmisme des médias

Dr Paolo Gulisano
https://lanuovabq.it/it/vaiolo-delle-scimmie-lo-strano-allarmismo-dei-media
23 mai 2022

Une maladie extrêmement rare, la variole du singe, fait la une des quotidiens. La variole a été éradiquée depuis 1980. Un nouveau vaccin, en cas de propagation délibérée (lire : guerre bactériologique), a été annoncé en 2019. La variole du singe est une des nombreuses zoonoses et les cas sont peu nombreux. Pourquoi cette alarme ?

La 75e Assemblée mondiale de l’Organisation mondiale de la santé s’est ouverte à Genève. Jusqu’au 28 mai, les représentants des 194 États membres de l’OMS et plusieurs chefs d’État se réuniront pour finaliser l’agenda des deux prochaines années. L’organisation indique que « dans un monde menacé par les conflits, les inégalités, la crise climatique et les pandémies, la 75e session de l’Assemblée mondiale de la santé soulignera l’importance de construire une planète saine et pacifique en exploitant la science, les données, la technologie et l’innovation ».

La session de cette année de l’Assemblée de la santé sera axée sur le thème « La santé pour la paix, la paix pour la santé » et sera également marquée par la nomination du prochain directeur général qui, sauf surprise lors du scrutin secret, devrait voir l’actuel directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, désigné comme candidat par plusieurs États membres et seul candidat proposé, confirmé pour cinq nouvelles années. En effet, le Conseil exécutif de l’OMS, lors de sa dernière session en janvier, l’a déjà nommé au poste de directeur général, qu’il occuperait donc pour la deuxième et dernière fois, selon les statuts actuels. Ce sera donc le politicien controversé qui dictera les orientations de la santé mondiale, que l’on voudrait de plus en plus centralisée, et déterminante dans les choix sanitaires de chaque Etat.

Mais cette assemblée se déroule également dans le climat surréaliste actuel d’inquiétude concernant la variole du singe (monkeyposs), une maladie extrêmement rare qui est passée au premier plan de l’attention des médias ces derniers jours. L’épidémiologie, les manifestations cliniques et le séquençage du virus sont encore à l’étude. La variole humaine a été complètement éradiquée il y a plus de quarante ans. Il s’agissait d’une maladie infectieuse hautement contagieuse et souvent mortelle. Une personne infectée par la variole développe généralement une éruption cutanée caractérisée par des piqûres en relief sur le visage et le corps. Le virus de la variole se transmettait par la salive et les gouttelettes des voies respiratoires ou par contact avec des lésions cutanées. Le virus peut également être transmis par d’autres fluides corporels.

La variole a été officiellement déclarée éteinte par l’OMS en 1980, et le mérite en revient à la vaccination. En fait, c’est la seule maladie complètement éradiquée par le vaccin. Ces derniers jours, une véritable bulle médiatique a éclaté au sujet de la variole du singe. Une des centaines de zoonoses existantes. De façon incroyable, cela devient une nouvelle urgence sanitaire. Incroyable, car il existe des maladies infectieuses beaucoup plus graves et répandues. L’hépatite C et la tuberculose causent chacune un million et demi de décès dans le monde chaque année. Et ce sont des maladies pour lesquelles il n’existe pas de vaccin. La variole du singe est une maladie très rare. Si elle touche l’homme, elle provoque de la fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires et une faiblesse. Des symptômes très similaires à une grippe ou aux derniers variants du Covid. Pourtant, on en parle comme d’une urgence, comme d’une menace imminente, comme de la prochaine pandémie.

Mais cette fois, nous n’aurons pas à attendre longtemps la solution du problème, la délivrance du mal. En effet, en septembre 2019, trois mois avant l’arrivée du Covid-19, la FDA, l’agence américaine des produits alimentaires et pharmaceutiques qui autorise les médicaments, a approuvé un vaccin contre la variole et le monkeypox. Pourquoi, en 2019, quarante ans après la disparition de cette maladie, l’industrie pharmaceutique a-t-elle ressenti le besoin impérieux de développer une telle préparation, au lieu de consacrer ses efforts à des maladies moins virtuelles comme l’hépatite C, la tuberculose, le paludisme ou d’autres ? La justification de la FDA était la suivante : « Grâce au programme mondial d’éradication de la variole, l’Organisation mondiale de la santé a certifié l’éradication de la maladie naturelle qu’est la variole en 1980. La vaccination systématique de la population américaine a été interrompue en 1972 après l’éradication de la maladie aux États-Unis et, par conséquent, un pourcentage important de la population américaine, ainsi que de la population mondiale, n’est pas immunisé », a déclaré Peter Marks, directeur du Centre d’évaluation et de recherche sur les produits biologiques de la FDA. « Par conséquent, bien que la variole naturelle ne constitue plus une menace mondiale, la propagation intentionnelle de ce virus hautement contagieux pourrait avoir un effet dévastateur. L’approbation d’aujourd’hui reflète l’engagement du gouvernement américain en faveur de l’état de préparation en soutenant le développement de vaccins sûrs et efficaces, de thérapies, et autres contremesures médicales.

A trois années de distance, après le Covid, ces déclarations sont pour le moins troublantes: on développe un vaccin pour une maladie éteinte, qui ne sert théoriquement à rien, si ce n’est à défendre la population en cas de « propagation intentionnelle », c’est-à-dire de guerre biologique. Mais si le virus est éteint, comment peut-il être propagé ? En fait, du virus de la variole, qui a disparu de la planète, il reste deux souches, stockées dans deux laboratoires de sécurité maximale, l’un à Moscou, l’autre à Washington. Si la variole humaine revient, nous saurons avec certitude d’où elle vient. Mais en attendant, la variole du singe peut aussi être utile à la stratégie de la terreur. Et si cela était un problème, ou plutôt si on en faisait un problème, il existe déjà une solution, depuis le 24 septembre 2019. D’un autre côté, il y en a qui le répètent depuis longtemps, comme Mario Draghi : nous sommes entrés dans l’ère des pandémies. Une après l’autre.

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