L’alerte monte en puissance, et elle a pris le relais des sinistres chiffres de contamination par le covid. Aujourd’hui, on parle de deux morts (sur 7,7 milliards d’habitants que compte la planète, d’une maladie qui touche une catégorie de population très ciblée mais à manier comme la nitroglycérine). Apparemment, nous dit le docteur Gulisano « il ne suffit plus de faire de la prévention: à l’ère de l’urgence sanitaire, il faut constamment mettre en œuvre la peur, créer un problème puis proposer un remède » .

Variole du singe, l’urgence de l’OMS ne convainc pas

Dr Paolo Gulisano, 30 juillet 2022
lanuovabq.it/it/vaiolo-delle-scimmie-lemergenza-oms-non-convince

L’OMS décide que l’épidémie de variole du singe constitue une urgence sanitaire de portée internationale. Mais c’est une décision qui laisse planer de nombreux doutes : pourquoi une maladie qui touche à 98 % les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes est-elle désormais étendue à une population mondiale de tous âges, qui ne correspond pas à ce profil de risque ?

Il ne suffit plus de faire de la prévention : à l’ère de l’urgence sanitaire, il faut constamment mettre en œuvre la peur, créer un problème puis proposer un remède. La variole du singe a commencé à faire parler d’elle au cours des deux derniers mois, en raison de l’apparition de quelques dizaines de cas en Europe et aux États-Unis. C’est maintenant une déclaration fracassante du directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui a convoqué une deuxième réunion du Comité d’urgence sanitaire.

La première réunion, il y a un mois, avait décidé à l’unanimité que l’épidémie ne représentait pas une urgence sanitaire publique de portée internationale. Cependant, la semaine dernière, une nouvelle réunion a déterminé que la variole du singe était une urgence sanitaire de portée internationale. Qu’est-ce qui a provoqué ce changement soudain ? Deux jours avant la conférence de presse de Ghebreyesus, le 20 juillet, Rosamund Lewis, responsable technique de l’OMS pour la variole du singe, avait déclaré :

Environ 98 % des cas concernent des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, et principalement ceux qui ont le plus de partenaires récents ou inconnus.

Les experts de l’OMS estiment donc que le risque de variole du singe est modéré dans le monde et dans toutes les régions, à l’exception de la région européenne où le risque est estimé élevé. Ghebreyesus a affirmé que « nous sommes confrontés à une épidémie qui s’est propagée rapidement dans le monde entier, grâce à de nouveaux modes de transmission, et dont nous ne savons pas grand-chose. (…) Pour toutes ces raisons, j’ai décidé que l’épidémie mondiale de variole du singe constitue une urgence sanitaire de portée internationale ».

Une décision qui laisse planer beaucoup de doutes : pourquoi une maladie qui survient à 98 % chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes est-elle désormais étendue à une population mondiale – hommes, femmes, enfants – de tous âges, qui ne correspond pas à ce profil de risque ? Certains parlent déjà – parmi les télévirologues de choc – de lancer une campagne de vaccination de masse pour l’ensemble de la population, car – coïncidence – un vaccin contre la variole du singe, jusqu’alors inutilisé, est disponible depuis 2019, notamment parce que la pandémie de coronavirus est arrivée quelques mois après son homologation.

Cependant, le Monkeypox n’est pas un virus respiratoire. Il est beaucoup plus facile de contrôler la propagation de la variole du singe que de contrôler la propagation du COVID-19. Pour contrôler la propagation de la variole du singe, il n’est pas nécessaire de porter des masques, de procéder à des fermetures massives et de mettre tout le monde en quarantaine. Il faut simplement éviter le contact direct avec les sécrétions corporelles d’une personne infectée.

L’OMS est allée plus loin en recommandant que tous les pays travaillent « en étroite collaboration avec les communautés d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, afin de concevoir et de fournir des informations et des services efficaces, et de prendre des mesures qui protègent la santé, les droits de l’homme et la dignité des communautés concernées. La stigmatisation et la discrimination peuvent être aussi dangereuses qu’un virus ». Une préoccupation essentiellement politique, plutôt que sanitaire. Une autre suggestion du directeur de l’OMS, comme nous l’avons mentionné, est de soutenir les campagnes de vaccination, et pas seulement pour les groupes à risque.

La résolution du directeur de l’OMS soulève une dernière préoccupation: si l’on ne sait pas encore très bien comment cette maladie des singes a pu toucher l’homme, devenant ainsi une zoonose, il existe une hypothèse de phénomène de « spillover » (litt. débordement), déjà évoquée pour le Covid, alors que l’on cherchait encore à comprendre son origine, avant que ce sujet pourtant crucial ne soit totalement mis de côté.

Le spillover est une sorte de saut d’espèce qu’un micro-organisme effectue en passant des animaux infectés aux humains. Répandre la peur d’éventuels spillovers ultérieurs représenterait une source presque inépuisable de menaces fantômes avec lesquelles maintenir l’humanité sous une chape de peur, et soutiendrait au fond l’hypothèse néo-darwiniste selon laquelle l’homme n’est qu’un animal comme les autres et peut attraper les mêmes maladies. Une perspective inquiétante.

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