Le divorce acté entre les peuples européens et le « consortium » qui cherche à les contrôler depuis Bruxelles vient de recevoir en Italie une nouvelle éclatante confirmation de son échec. Et pourtant, ils ont tout essayé, y compris la menace, voir le commentaire glaçant de la von der Leyen dans un discours à Princeton, agitant le spectre d’ « outils » dont disposerait l’UE en cas de vote italien non-conforme. Le navire-UE tangue dangereusement et prend l’eau de partout.
Pour contrebalancer la ritournelle des médias (qu’on peut difficilement appeler « français » puisqu’ils sont la voix transnationale du consortium dénoncé ici) , voici un commentaire ITALIEN (et pas n’importe lequel, celui de Marcello Veneziani, particulièrement inspiré) écrit hier soir, juste avant l’annonce de la victoire de la droite emmenée par Giorgia Meloni, qualifiée unanimement d’ ULTRA-conservatrice – notez le préfixe stigmatisant – néo-fasciste – là, on touche l’abjection, horresco referens!!

L’échec du consortium européen

Nous ne savons pas quelle image de l’Italie sortira des urnes ce soir, ni s’il y aura vraiment une victoire de la droite et de ses alliés, et encore moins s’ils seront à la hauteur, mais une chose que nous pouvons déjà dire avec certitude : nous assistons à l’échec en Eurovision, des oligarchies européennes. Par oligarchies, j’entends non seulement ce que l’on appelle improprement les élites dirigeantes qui commandent l’Europe, mais aussi le dôme médiatico-institutionnel qui tourne autour d’elles et de leurs ramifications périphériques, fonctionnaires et garçons de courses. C’est une défaite inconvenante, une défaite sans honneur, d’une classe dirigeante qui n’a pas été capable au cours du processus électoral, et pas seulement en Italie, mais aussi en Suède, probablement en Espagne et un peu partout, d’exprimer une vision de l’Europe, une idée positive et un projet d’avenir minimal qui puisse impliquer les peuples d’Europe et pas seulement les appareils au-dessus d’eux.

Nous n’avons rien entendu de positif qu’on puisse partager, mais seulement des craintes, des menaces, des sanctions et des campagnes d’alarme et de dissuasion, sans un minimum de projet politique, culturel et civil. D’Ursula von der Leyen à Enrico Letta [président du PD, les « socialos » version italienne], en passant par toute l’eurocratie, ses satrapes, ses influenceurs, ses acrobates, sans oublier la presse et l’information télévisée, n’ont pu offrir aux citoyens européens qu’une série de spectres agités pour les effrayer et les contraindre à une sorte d’enfermement politique ; ils leur ont ordonné sur un ton mafieux de ne pas sortir du Palais, proclamant un couvre-feu idéologique et politique, avec des répercussions économiques. Les peuples d’Europe ont été traités comme s’ils étaient des mineurs, voire des handicapés mentaux, incapables de faire des choix pour eux-mêmes. Les noms des spectres agités sont désormais bien connus et répétés de manière obsessionnelle par la machine médiatique au service du consortium : Poutine, Orban, Mussolini.

Ils ont même inventé une nouvelle catégorie politique pour criminaliser même ceux qui gagnent des élections libres et démocratiques et qui n’ont jamais fait leurs preuves au gouvernement: les gouvernements indésirables, présents et futurs, ils les appellent autocraties électorales. Qui décide, et sur la base de quels paramètres, de la différence entre une démocratie « normale » et une autocratie électorale ? Excluant le consentement du peuple souverain, qui leur est indifférent, excluant le respect des lois et la liberté des citoyens que personne ne menace, sur quelle base peut-on condamner a priori certains mouvements et dirigeants avec l’accusation apriori d’instaurer un régime d’autocratie électorale ? Mais c’est cette même caste qui le décide contre quiconque n’est pas issu de ses rangs ou ne s’est pas conformé à ses diktats.

Y compris le diktat honteux et orwellien qui dénonce la violation des constitutions alors que les mêmes coteries s’apprêtent à les violer à nouveau : ceux qui exigent que la volonté souveraine du peuple soit respectée et que la souveraineté des Etats ne soit pas violée, se conforment fidèlement à la Constitution de leur pays. Au contraire, ceux qui violent la Constitution sont ceux qui foulent aux pieds la souveraineté des États et des peuples et qui donnent carte blanche aux eurocrates pour décider en dernier ressort de leur sort. La dernière manœuvre liberticide est de révoquer le droit de veto, dernière sauvegarde des souverainetés nationales; si le dôme eurocratique décide d’une ligne, les autres doivent s’y plier, même le droit des minorités et le respect des volontés populaires et nationales ne sont plus protégés. La Charte est réduite à des usages hygiéniques.

Les oligarchies européennes sont issues de différents partis mais sont désormais toutes regroupées au sein du consortium qui utilise des techniciens pour mettre sous tutelle les peuples et les États et qui utilise l’idéologie progressiste comme pourvoyeur de normes éthico-politiques appliquées même aux questions sensibles de la vie, de la mort, de la famille, des différences sexuelles, de l’histoire et de l’identité.

Mais le pire, c’est le silence de mort des oligarchies européennes pour motiver les peuples et les citoyens ; il n’y a pas de ligne de défense de la civilisation européenne et de sa tradition, encore moins une perspective d’avenir qui donne confiance et insuffle de l’énergie. On ne gouverne qu’avec la peur des monstres : « sans nous, c’est Poutine ou le fascisme qui viendront ». Au-delà du jugement que l’on peut porter sur le Royaume-Uni et la monarchie, nous avons assisté à un pays, à un peuple, qui se serre autour des traditions, des rituels et des symboles de son histoire. L’Europe, par contre, comme son drapeau d’étoiles, a un vide au milieu : elle n’a pas de traditions, de symboles, de rituels, de civilisations autour desquels rassembler ses peuples. Elle n’a que des spectres à fuir, des intérêts économiques à défendre, des sanctions à infliger à l’intérieur et à l’extérieur, des dépendances coloniales à servir et des sacrifices à imposer à ses citoyens ; des nations à détruire et à humilier comme la Grèce.

Un consortium anémique et asphyxié dirige l’Europe et ne se rend pas compte qu’il perd du terrain, du consensus et de la crédibilité et qu’il est en train de perdre toutes ses batailles, à commencer par celle de l’énergie: du Brexit aux référendums très vite bloqués parce qu’ils étaient contre l’UE, aux tendances sorties des urnes qui pour les deux tiers, en France comme en Italie et pas seulement en Pologne et en Hongrie, s’expriment en sens inverse des indications du consortium. Tantôt ils penchent vers la droite nationale, populaire, sociale et catholique ; tantôt vers la gauche sociale et radicale comme Melenchon, tantôt vers des mouvements populistes et paupéristes comme les 5 étoiles et les partis antisystème, mais il y a un divorce ostensible et désormais consolidé de la citoyenneté européenne avec les consortiums qui la dominent.

Au-delà du résultat électoral et de la manière dont les vainqueurs s’adapteront ensuite aux « directives » européennes, on peut déjà dire que chaque consultation du peuple se révèle être une déclaration de défiance et d’échec du consortium européen. Tout comme celui de ce soir.

Marcello Veneziani,
La Verità, 25 septembre 2022

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