On annonçait (ou on faisait semblant) l’attribution du Prix Nobel de littérature à Michel Houellebecq. Raté!!! C’est une obscure « écrivaine » immergée jusqu’au cou dans le politiquement correct (je ne me souviens même pas de son nom! ce n’est pas grave, il est probable qu’elle retombera très vite dans l’oubli si je me fie aux quelques pages que j’ai feuilletées par curiosité dans une grande surface culturelle) qui lui a été préférée. Marcello Veneziani explique pourquoi Houellebecq ne POUVAIT PAS être nobélisé. Et c’est tant mieux pour lui (c’est moi qui le dis…). Mais c’est une nouvelle preuve de l’emprise détestable que la gauche exerce dans le domaine de la culture en général, et de la littérature en particulier. Avec des conséquences graves dans le domaine de la transmission:

Quel désert laissera aux yeux de la postérité le buste correcteur, le masque hypocrite du politiquement correct ? Au fil des ans, combien de grands auteurs, mais peu connus, marginaux, évités, non traduits, seront effacés parce qu’il ne restera aucune trace d’eux dans aucun prix Nobel, dans aucune reconnaissance publique, dans aucun paradis des auteurs?

Que restera-t-il de la littérature, de l’art, de la philosophie, si les annales ne retiennent que les outres gonflées et les lauréats, détenteurs de charges publiques ou d’hommages institutionnels, pour autant qu’ils soient conformes et dévoués au politically correct ? Il en restera un terrain vague dans une société barbare à l’intelligence atrophiée.

Le désert occidental à coups d’Oscars et de Nobels

Quelle barbe, quel écœurement, de devoir encore parler du politically correct [sic!] et de ses effets qui s’abattent inexorablement sur la vie civile et culturelle de l’Occident. « On est fatigué de dire du mal de cette chose, mais cette chose n’est pas fatiguée d’exister » disait Michel Houellebecq : et en effet, en confirmation de ce qu’il disait, il a perdu le prix Nobel attribué à la place à l’auteur politically correct, Annie Ernaux, avec une motivation explicitement idéologique, comme d’ailleurs sa déclaration ultérieure.

Ponctuel comme la mort, le politically correct n’épargne pas l’art, le cinéma et la littérature, il est le juré suprême et décisif des festivals, des Oscars et des Nobels, qui est la plus grande usine de Faux Auteurs au monde, mais depuis des décennies.

Nous nous sommes amusés un jour à faire un recensement du XXe siècle littéraire : la plupart des grands du siècle n’ont pas reçu le prix Nobel, et la plupart des lauréats ont disparu dans l’oubli parce qu’ils étaient des météores mineurs, des représentants insignifiants de « causes » ethniques, de genre et idéologiques, sans poids spécifique. Mais je ne voudrais pas répéter des choses déjà écrites et réclamer vengeance pour les discriminés. Il y a quelque chose de plus grave et de plus décourageant à noter : quel désert laissera aux yeux de la postérité le buste correcteur, le masque hypocrite du politically correct ? Au fil des ans, combien de grands auteurs, mais peu connus, marginaux, évités, non traduits, seront effacés parce qu’il ne restera aucune trace d’eux dans aucun prix Nobel, dans aucune reconnaissance publique, dans aucun paradis des auteurs ? [ndt: le premier nom qui me vient à l’esprit est Jean Raspail, mais ce n’est qu’un parmi la multitude]. Qui redécouvrira leur grandeur avec piété, justice et sens critique ? Au vingtième siècle, à côté des histoires officielles écrites à coups de prix Nobel et autres récompenses institutionnelles, il y avait encore la possibilité de survivre au déni : bien que publiquement dépréciés, Céline et Pound, Junger et Mishima, D’Annunzio et bien d’autres auteurs sont restés, malgré l’ostracisme. Parce qu’ils étaient mêlés à une histoire controversée, parce qu’ils étaient reconnus comme grands par leurs contemporains, même par ceux qui leur étaient hostiles, parce qu’à une époque où les idéologies faisaient rage, leurs idées étaient attaquées, mais leur existence n’était pas niée.

Aujourd’hui, par contre, tout est aplati et vite oublié, on peut passer inaperçu, même Proust ou Kraus [Karl Kraus | 1874-1936] seraient oubliés, l’un pour racisme et l’autre pour misogynie. Que restera-t-il de la littérature, de l’art, de la philosophie, si les annales ne retiennent que les outres gonflées et les lauréats, détenteurs de charges publiques ou d’hommages institutionnels, pour autant qu’ils soient conformes et dévoués au politically correct ? Il en restera un terrain vague dans une société barbare à l’intelligence atrophiée. Bien sûr, quelqu’un parmi les lauréats sera peut-être digne d’être loué et lu, même si la motivation du prix est sa conformité idéologique ; et quelqu’un parmi les oubliés se rattrapera grâce au marché ou à un événement exceptionnel qui le mettra sous les feux de la rampe, malgré son effacement.

Mais ce code de conformisme écrase au rouleau compresseur toute hauteur non conforme, pire qu’un régime autoritaire ou même qu’un système totalitaire. Les dissidents russes, finalement, ont survécu à la damnation.

Les naïfs pensaient que cette fois-ci, Michel Houellebecq serait récompensé. Mais ceux qui n’ont fait que survoler ses œuvres, des « Particules élémentaires » à « Soumission » et « Plateforme », savaient que ce serait impossible. Pour comprendre comment pense l’auteur français hirsute, je vous invite à lire Interventions [recueil d’articles publié en 1998, mis à jour en 2020]. Où l’on trouve des aperçus de grande littérature mais surtout des écrits et des entretiens percutants sur notre époque. Qui aurait choisi le prix Nobel entre une féministe militante de MeToo et un écrivain qui traite les féministes d’ « aimables connes » aux résultats désolants, qui, comme Valerie Solanas, ont un « mépris infini, absolu et illimité de la nature » ? Peut-on récompenser un auteur qui qualifie l’islam de « religion la plus c.. », fondée sur la soumission, et qui considère que le fondamentalisme islamique est parfaitement conforme au Coran ? Peut-on accepter une analyse sociale qui considère que le malaise actuel est le résultat d’un mélange de consumérisme, de désirs débridés et d’influence de la culture de gauche, ou plutôt des méfaits de la « racaille gauchiste » ?

L’hégémonie de la gauche dans la culture dure depuis 45, souligne-t-il, et son engagement politique a produit une grave « barbarisation ».

Houellebecq critique le nihilisme occidental, dénonce la décrépitude des États sous couvert d’une énergie fiévreuse, méprise les Occidentaux qui ont peur de reconnaître la supériorité de leur civilisation. Enfin, il critique l’individualisme en notant que « l’ego occupe le terrain depuis cinq siècles ; le temps est venu de changer de direction ». Il se décrit comme un conservateur et estime que l’homme n’est « pas fait pour vivre dans un monde en constante évolution ».

Il n’épargne pas non plus le prix Nobel de la paix préventif attribué à Obama, alors qu’il fait l’éloge de Trump, « l’un des meilleurs présidents que l’Amérique ait eu », tout en estimant que « l’Europe n’existe pas, et ne représentera jamais un seul peuple ». Même à propos de l’Église, Houellebecq estime, comme Ratzinger, qu’elle doit rompre avec le relativisme, ne pas devenir une ONG, vaguement caritative, ne pas concurrencer le cinéma ou les concerts mais remplir sa mission, « annoncer Dieu et conduire les hommes à la vie éternelle ». Sur le sujet des migrants illégaux, il va même jusqu’à défendre Salvini comme ministre de l’intérieur….

À ceux qui lui ont fait remarquer la disparition de son nom des listes pour le prix Goncourt, pour des raisons idéologiques, Houllebecq a répondu :

Ce qui est terrible, c’est que nous sommes arrivés à un point où nous ne pouvons plus rien dire. Le politiquement correct « rend inacceptable la quasi-totalité de la philosophie occidentale ». De plus en plus de choses deviennent impossibles à penser. C’est effrayant.

Oui, effrayant, nous atrophions la liberté, la dignité et l’intelligence.

Mots Clés :
Share This