J’ai été voir le film « Reste un peu ». Pas pour l’acteur et son « cheminement spirituel » (c’est très à la mode) qui m’inspirent modérément, mais parce que je voulais me faire ma propre idée sur le « goodbuzz » dont l’annonce du film – pas le film lui-même -, a bénéficié dans la cathosphère. Disons que je me méfiais, tout en espérant un déclic…
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Malheureusement, le film m’a semblé être plus l’exercice de nombrilisme (un peu poussif, car le scénario tient sur un timbre poste, mais émaillé de quelques bons mots – amuseur oblige – et quelques bons arguments, comme quand Gad Elmaleh reproche aux cathos d’être si frileux dans l’annonce de leur foi, seraient-ils complexés?) d’un homme de spectacle, et d’un homme qui reste très profondément juif, qu’un témoignage sur la foi chrétienne.

Disons que tout son intérêt se résume en la réponse à cette question: Gad Elmaleh est-il sincère?
Eh bien, on n’en sait rien; seul Dieu sonde les reins et les cœurs, dit-on, mais par moments (si on a un peu mauvais esprit…), on soupçonne une opération de marketing et même une forme de dérision. D’ailleurs lui-même s’amuse à brouiller les pistes: mais à la fin du film, il renonce bel et bien au baptême.
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Un détail en passant. Si l’on inversait les rôles, et si l’on mettait dans la bouche de parents cathos les mots que prononcent les parents de Gad Elmaleh, juifs séfarades pratiquants, contre la religion catholique (à un certain moment, le père témoigne de sa révulsion face à la statue de la Sainte Vierge en criant à sa femme « touche pas avec les doigts »… c’est peut-être de l’humour, mais ça ne me fait pas rire), on n’ose imaginer le tollé!
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J’ai aussi noté, comme je l’ai dit plus haut, un certain enthousiasme naïf de la part des catholiques (cette naïveté est bien synthétisée dans la figure de la brave religieuse qui accompagne le chemin de conversion de Gad Elmaleh), comme en témoigne cet article lu aujourd’hui sur la Bussola. Je crois juste de verser au dossier une réponse, sous la forme d’un article (bien documenté) d’un journal people français (voir annexe).

« Ça m’amuse beaucoup de ne pas vous dire ce qui est vrai et ce qui n’est pas vrai. Parce que je mens un peu. C’est ce qui s’appelle l’ambiguïté volontaire ! »

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Gad Elmaleh, BFM TV

De juif à catholique, l’acteur Gad Elmaleh raconte sa conversion dans un film

lanuovabq.it/it/da-ebreo-a-cattolico-in-un-film-lattore-gad-elmaleh-racconta-la-sua-conversione

La récente nouvelle selon laquelle le célèbre acteur et artiste de cabaret juif franco-marocain Gad Elmaleh a décidé de devenir catholique a fait grand bruit. Tout comme l’annonce que son nouveau film relate son parcours spirituel en tant que juif converti se préparant au baptême chrétien. Reste un peu, sorti en France le 16 novembre, est un film autobiographique dans lequel Elmaleh, 51 ans, et ses parents jouent leurs rôles dans « un mélange de fiction et de réalité », comme il l’a expliqué. L’acteur populaire espère que son « coming out religieux » incitera son public à réfléchir aux questions fondamentales de la foi, des racines et de la communication intergénérationnelle. Mais au vu des premières réactions à sa tentative de défendre la cause de la tolérance religieuse, la route semble être tout sauf descendante.

Avant même la sortie de son film, la polémique sur la conversion de Gad Elmaleh avait divisé l’opinion publique française entre partisans et opposants, notamment dans le monde juif pour lequel il était un modèle. Il y a un noyau dur qui ne veut pas perdre l’image de l’amuseur talentueux autrefois appelé « l’homme le plus drôle de France », l’homme qui a quitté le Maroc pour trouver la gloire et la fortune, et qui, surtout, est entré dans la famille royale de Monaco grâce à sa relation avec Charlotte Casiraghi, fille de la princesse Caroline, dont il a eu un fils, Rafael. Dans le même temps, la personne qui, selon Elmaleh, l’a amené à la foi chrétienne reste mystérieuse pour ses détracteurs : la Vierge Marie. « Elle est la raison pour laquelle j’aime le catholicisme », dit-il, « elle est mon plus bel amour maintenant », la véritable « star du film ».

Dans une interview accordée au quotidien français Le Figaro, Gad Elmaleh, né juif berbère, raconte avec enthousiasme sa première rencontre avec la mère du Christ : « J’ai découvert la Sainte Vierge par hasard, quand j’étais enfant, à Notre-Dame de Lourdes à Casablanca. Allant à l’encontre des instructions de mes parents, car leur foi l’interdit [d’entrer dans une église chrétienne], j’ai poussé la porte de l’église et me suis retrouvé face à une gigantesque statue de la Sainte Vierge qui me regardait droit dans les yeux. Ce n’était pas une vision, juste une simple statue, mais j’étais pétrifié. Fondant en larmes d’émotion, je me suis cachée par peur d’être découverte par ma famille, par peur des malédictions et des superstitions. Il est resté mon secret pendant toute mon enfance. Depuis lors, après avoir reçu une médaille miraculeuse de Marie, je suis convaincu que je suis depuis longtemps sous la protection de la Vierge, je la porte comme protection ».

Puis, en juillet 2020, il a été « profondément ému » par une pauvre paysanne qui a eu des apparitions mariales et a été déclarée sainte en 1933. Elmaleh a en effet été invité à coproduire la comédie musicale « Bernadette de Lourdes ». Il déclare : « Je suis juste un comédien et même si je suis de confession juive, j’essaie de comprendre toutes les croyances. L’histoire de Bernadette m’a ému. Elle m’a parlé. Ce n’est pas seulement une histoire, c’est un témoignage moderne sur la Parole révélée, sur la foi, sur la vérité qui ne peut laisser personne indifférent, quelle que soit sa religion ». En outre, « j’ai découvert des personnes, des familles, qui consacrent chaque année leur temps et leur cœur aux malades. J’ai vu la génération de mon fils tendre la main aux personnes fragiles. Des jeunes ouverts sur le monde, dans un lieu rempli de personnes en difficulté. Je veux insister sur ce point. Dans un monde où nous sommes fermés, où les réseaux sociaux rongent nos journées, ces jeunes impliqués dans le contact avec les autres témoignent de valeurs universelles. Cela me touche énormément et m’émeut », répète-t-il.

Mais d’autres personnes ont inspiré Elmaleh « en cours de route ». D’abord, les écrits de Jean-Marie Lustiger (1926-2007), cardinal et ancien archevêque de Paris qui, comme lui, a vécu le même tiraillement entre la foi juive de son héritage familial et son attirance pour la religion catholique. Le cardinal est né Aron Lustiger dans une famille juive ashkénaze qui a émigré de Pologne en France. Il s’est converti à la foi catholique à l’âge de 14 ans. Lors de ses funérailles, le « Kaddish », la prière juive pour les personnes en deuil, a été récité. C’est en son honneur qu’Elmaleh a choisi son nom de baptême [qu’il n’utilisera pas, et pour cause…]: Jean-Marie.

Une autre figure importante qu’il mentionne est le cardinal Robert Sarah, ancien préfet au Vatican de la Congrégation pour le culte divin. Ils se sont rencontrés au sanctuaire de Paray-le-Monial, près de l’abbaye de Sénanque, où Elmaleh se rend de temps en temps. « Je ne suis pas étranger à la spiritualité, à la foi, au voyage personnel, à la recherche intime. Mais il y a des moments, confie-t-il, où j’ai besoin d’être avec des gens qui vivent quelque chose de pur, une vérité sans artifice. Cela me permet de me rétablir par rapport à ce que je vis, à la notoriété, au monde dans lequel nous nous trouvons ».

Mais lorsqu’on lui a demandé dans une interview au Pèlerin si Reste un peu a aussi un message pour les catholiques, Elmaleh a fait remarquer à quel point les catholiques sont timides par rapport aux musulmans et aux juifs. « Je leur dis que c’est leur responsabilité de transmettre le message de la Bonne Nouvelle et celle de personne d’autre. Les valeurs chrétiennes sont formidables ! Il suffit de lire les Évangiles. Je me demande souvent pourquoi les catholiques sont si discrets – parfois pleins de complexes – ou autocensurent leur foi », a-t-il répondu.

Manifestement, de nombreux catholiques ont perdu la connaissance qu’Elmaleh a au contraire découverte : la promesse de la vie éternelle. En effet, une phrase de l’Évangile résonne dans le film : « Et quiconque a laissé, à cause de mon nom, des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants ou une terre, recevra le centuple et héritera de la vie éternelle » (Mt 19, 29) [oui, mais lui-même ne le fait pas, comme on le voit à la fin du film].

Et Elmaleh dit : « J’aime tellement cette phrase ! C’est la sagesse ».


Annexe: a vérité est quelque part sur « VOICI »

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Gad Elmaleh s’est-il réellement converti au catholicisme ? C’était sans compter sur le tempérament narquois de l’humoriste qui laisse planer le doute : « Je suis tourné vers Marie. Je le dis dans le film : c’est mon chemin. Je n’ai pas encore saisi le mystère de la Trinité dans toute sa complexité, je suis encore coincé dans quelque chose de trop cohérent, de trop logique, mais Marie me tient et je la porte en moi, sur moi, autour du cou. Je lui demande de m’aider, surtout avant les shows » a-t-il expliqué [dans le Figaro].

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Au micro de BFM TV, Gad Elmaleh n’a pas été plus explicite, bien au contraire : « Ça m’amuse beaucoup de ne pas vous dire ce qui est vrai et ce qui n’est pas vrai. Parce que je mens un peu. C’est ce qui s’appelle l’ambiguïté volontaire ! » a-t-il commenté.

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Il semblerait que l’acteur n’ait en réalité pas complètement renié ses origines. Il a finalement mis fin au suspense dans une interview accordée à Jewbuzz [un site communautaire, cf. https://www.youtube.com]: « Je peux pas tout dire parce que sinon je vais raconter le film. Mais je vais répondre comme a répondu ma mère à cette femme qui l’a arrêtée dans le 16e arrondissement de Paris et qui lui a dit ‘Madame Elmaleh, c’est quoi ça, votre fils il s’est converti ?’ Ma mère elle a dit ‘Vous avez vu Chouchou ?’ Elle a dit oui. Et ma mère lui a dit : ‘Il est resté un homme' ».

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Une réponse à son image avec un trait d’humour !

Dans son film, il a d’ailleurs tenu à rendre un vibrant hommage à la communauté juive et notamment à Delphine Horvilleur, femme rabbin.

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https://www.voici.fr/news-people/gad-elmaleh-sest-il-reellement-converti-au-catholicisme-il-revele-enfin-la-verite-742741
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