Marcello Veneziani nous apprend qu’après Parme, à Crémone, en Italie, un petit tâcheron du spectacle (qui se croit peut-être artiste), confiant que dans notre monde de dingues, la transgression et l’obscénité pouvaient compenser l’absence de talent, a mis en scène une Traviata version LGBTQ+++ mixée de partouze. Question de moi: y aura-t-il des spectateurs? Si oui, c’est inquiétant. A moins qu’ils ne viennent que pour siffler.

Verdi trans et arc-en-ciel

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C’est reparti avec Giuseppe Verdi dans une version LGBTQ et arc-en-ciel. Après Parme, une Traviata trans est mise en scène aussi à Crémone, où Violetta vit dans le tourment de son identité de genre, répudiant son propre sexe. Elle est encadrée par tout un cirque de personnages habillés et maquillés en drag queens. Et ensuite, soirées avec fouets, bondage et mix homo-transsexuel. Voilà que se répète ce qui s’était déjà passé à Parme où nous avions [assisté] à la dénaturation de Verdi et de son opéra selon une clé trans et arc-en-ciel.

Il y a deux façons de violer la culture, l’histoire, l’art, les grands du passé : l’une consiste à détruire les œuvres, les traces et les souvenirs, à les supprimer conformément au délire jacobin [pas au sens français, qui est purement et simplement une escroquerie, ndt] de la cancel culture qui sévit contre les statues, les monuments et les pages d’histoire. L’autre est de les adapter à notre temps, de les forcer dans notre actualité, de les contraindre à revêtir les habits de notre conformisme et de ses modes, jusqu’à les rendre ridicules. Le nouveau conformisme LBGTQ+, le nouveau catéchisme de l’idiotie de notre temps, a servi à raviver l’habituelle rengaine obsessionnelle sur les identités et le genre. Qu’un artiste désireux d’être remarqué, de faire parler de lui, puisse utiliser cet expédient fait partie de la routine mesquine de notre époque. En général, l’absence de talent est compensée par une tentative de « provoquer », d’attirer l’attention par des actes obscènes, blasphématoires ou simplement stupides dans leur extravagance.

Sous couvert de modernité, la figure de Verdi est violée, réduite au mètre petit-petit et au fétichisme frou-frou de notre époque, et pliée à la nouvelle bigoterie idéologique habillée de frivolité et de transgression feinte. C’est précisément parce que Verdi était anticonformiste que nous ne pouvons pas le forcer à suivre le conformisme de notre époque et le soumettre au pétulant catéchisme homotransgenre proposé à toutes les sauces et dans tous les contextes.

On sait combien la culture classique a subi de ravages ces dernières années avec des œuvres et des personnages antiques réduits aux canons mesquins de la contemporanéité et de ses modes les plus banales. Croire alors que ces expédients, ces affèteries banales déguisées en créativité et en transgression servent à rapprocher les jeunes de Verdi et de l’opéra, c’est avoir une bien piètre opinion de la musique et des musiciens, des jeunes et de leur sensibilité. Mais pensez-vous vraiment qu’un Verdi trans puisse susciter chez les jeunes des attentions et même une admiration qui, autrement, seraient refusées à sa musique, en raison de son appartenance à son époque et à ses coutumes ? Alors, si telle est la méthode, pour aborder l’histoire, devons-nous aussi déguiser Jules César et Jésus-Christ, Homère et Dante, et tous les grands du passé en trans? Et qu’en est-il des philosophes, transformerons-nous Platon en Platinette, et les artistes, les enverrons-nous tous à la gay pride pour les rendre plus actuels et plus intéressants ? Pour éveiller l’intérêt pour leur pensée, leur art, leurs réalisations, les habillerons-nous tous en Queer ?

N’est-ce pas franchement une imbécillité que de réduire tout ce qui est haut, grand, lointain, à la mesquinité de garde, à son environnement, à ses jours et à ses modes ? On peut détruire les grands du passé en effaçant leurs œuvres et leurs souvenirs ou en les ridiculisant, pour les réduire à la tabula rasa du présent. Deux façons de les profaner.

Autrefois, on disait sagement que nous sommes des nains sur les épaules de géants. Aujourd’hui, les nains sont descendus des épaules des géants, et ils prétendent même naniser les géants, pour niveler tout le monde à leur taille.

Ainsi finissent les civilisations et d’elles subsiste seulement la caricature.

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